dimanche 23 décembre 2012

Du rab' de Roitelet triple-bandeau pour vous inciter à explorer le blog.



Décidément, nous ne voulons pas en finir avec le lierre et le Roitelet triple-bandeau.
Ce mini-croquis sera l'occasion de rappeler que vous pouvez utiliser des mots clés (les libellés) afin de retrouver des articles aux caractéristiques ou thèmes communs.

Par exemple, si vous souhaitez ne regarder que les aquarelles ou croquis, vous pouvez cliquer sur l'un de ces mots dans la partie droite de la page, sous les archives.

Cette longue liste de libellés serait un joyeux bazar s'ils n'étaient pas classés par ordre alphabétique. Pas d'excuses donc. D'autant que si vous avez besoin de rechercher de façon plus thématique, vous pouvez utiliser les différentes pages de notre blog. Chacune correspond à un thème général dans lequel viennent s'ordonner des sous-thèmes puis enfin nos articles.


Bons coups d’œil et lecture.
Ah, oui ! Et bonnes fêtes !

Guillaume





vendredi 21 décembre 2012

Fantaisies anatomiques - 3

Détendons nous un peu à l'aide du jeu suivant.
Observez attentivement les dessins ci-dessous et sans utiliser un guide de terrain sur les amphibiens, donnez les noms de ces quelques espèces récemment découvertes dans la région de Bretagne...
Proposez dans les commentaires (faites-en profiter tout le monde, qu'on rigole tous ensemble !) ou via la boîte aux lettres (en privé, quoi)  des noms bien farfelus avec juste ce qu'il faut d'un semblant de logique pseudo-scientifique pour les créatures ci-après!
1 point par proposition rigolote et 1 point bonus pour la qualité, le style et l'imagination. Nous tenons les comptes et établissons un palmarès.
Une certaine tolérance s'appliquera quant à la formulation des noms vernaculaires...
A voir aussi :
 Fantaisies anatomiques - 1
 Fantaisies anatomiques - 2.

mercredi 19 décembre 2012

Pas possible de ne pas profiter de l'occasion fournie par la saison pour vous proposer à nouveau la lecture de cet article qui tombe à pic. Quoique le rappel est un peu tardif...
A lire ou relire au plus vite, donc, l'arbre de Noël anti-cancer.

mercredi 12 décembre 2012

Croqui'histoire - 3

A mon tour, je vous présente un autre dessin qui aurait pu, lui aussi, illustrer l'article sur le Lierre mélomane. En vedette, toujours le Roitelet triple bandeau, avec un look particulièrement adapté aux circonstances : notez la calotte teinte en rose et les mitaines dignes des héros du heavy metal décrits par Guillaume !
Je ne sais pas pour vous, mais moi, cette calotte fuchsia, elle me fait penser à celle d'un autre héros du blog : j'ai nommé Robin des champs !

vendredi 30 novembre 2012

Croqui'histoire - 2

Du dessin bonus sans la tragi-comédie en 12 actes habituelle, ça ne se refuse pas, n'est-ce pas ?
J'en étais sûr.

Voici donc des dessins qui n'ont pas été retenus pour l'article sur le lierre mélomane.



Le premier, un croquis rapide et minuscule qui a servi à préparer le second. Le petit avait pour vocation de mettre dans la main l'oiseau afin de pouvoir le dessiner un peu plus spontanément, par la suite.
En gros, pour éviter l'effet de "sur-application" et la rigidité maladroite qui peut en découler. Bon, ben, j'espère que ce n'est pas trop raté. A vous de le dire.




Si vous voulez voir la genèse d'un dessin plus en détail, il y a aussi le premier article de la "série" Croqui'histoire.

Guillaume

jeudi 22 novembre 2012

Lierre mélomane...



Le groupe Kiss lui doit tout !!

Je l'entends toujours...

Durant les années 80, le heavy-métal,  nuance très (trop ?) subtile du hard-rock, va se vautrer dans une grotesque orgie de mauvais goût et presque jeter le discrédit sur un courant musical qui avait pourtant engendré des groupes de légende : Led Zeppelin, AC/DC, Deep Purple, Black Sabbath, Blue Oyster Cult, etc.

A l'image du son tout à la fois super-pompier, boursoufflé, artificiel et archi-toc, les guitar-héros moulés dans des combinaisons de strip-teaseuses aux couleurs criardes, affublés de gigantesques tignasses permanentées gaspillent une technique guitaristique affolante dans des compositions en dessous de tout.
Tout n'est qu’esbroufe et spectacle grand-guignolesque, les poses lascives et provocantes tenant lieu de chorégraphie. Le tout baigné dans une débauche technique et une escalade aux décibels absurde.

Cette agression esthétique couplée à l'utilisation généralisée du baladeur (et surtout du casque) au cours de mon enfance aurait bien pu venir à bout de mes tympans.

Je remercie mes oreilles de fonctionner encore correctement. Grâce à elles, je profite toujours des prodiges d'un petit artiste, lui aussi adepte de la virtuosité technique. Le Roitelet triple-bandeau, Regulus ignicapilla, émet un chant vraiment typique avec son crescendo véloce dans le sur-aigu. Je concède qu'il n'est pas fanatique des variations et digressions de certaines cousines (Alouette des champs, Fauvettes, Rousseroles, etc.). Lui, son truc, c'est le solo roquette : droit au but, pas de gras, efficacité totale, tout à fond live.
Et au niveau de la gestuelle, quelle énergie !! Le suivre aux jumelles est exténuant. C'est bien simple, il ne tient pas en place. Surexcité, les doigts (des pattes) fichés en permanence dans la prise.
Le tout pour moins de 10 grammes et une trogne adorable de micropunk à crête fluo à faire craquer la plus glaciale des marâtres. Chapeau bas...

Les guitar-héros et leurs tifs-choucroutes peuvent aller se rhabiller.

Les chants et cris des Roitelets (il y a aussi le huppé) font d'ailleurs office de test auditif. Leurs tonalités si aigües ne sont plus perçues en cas de baisse des facultés auditives, avec l'âge notamment...

Ouf, donc, car je l'entends toujours...

Bien. Mais je voulais en venir à un autre point. Ne dois-je remercier que mes oreilles ? Non.

Il est temps de poursuivre mon entreprise de réhabilitation de la star de ce blog, par ailleurs souvent malaimée hors ces pages. J'ai nommé Hedera helix alias Mister Lierre (1).

Oui, cette plante qui ne tue ni ne parasite les arbres, crée autour des troncs un manchon feuillu protecteur pour de nombreuses espèces animales. Le feuillage persistant assure une régulation thermique roborative aussi bien en été qu'en hiver. Des arthropodes aux oiseaux en passant par les mammifères, ça grouille de vie, là-dedans. Quant à notre Roitelet triple-bandeau, qui y trouve le gîte et le couvert, le lierre est même une condition essentielle de sa survie en hiver.

Concernant les oiseaux qui bénéficient de l'hospitalité du lierre, il serait d'ailleurs vain de vouloir en établir une liste exhaustive tant elle serait longue. Mais comme je suis très prétentieux, je vais tout de même la démarrer (à vous de la compléter dans les commentaires. Mais non, vous n'êtes pas prétentieux !) : les merles et les grives musicienne, litorne, draine, mauvis, qui se nourrissent en hiver des baies comme les pigeons ramier et colombin, la fauvette à tête noire, l'aigle botté qui adore les arbres à lierre pour nicher. Les grimpereaux et la sittelle qui chassent à proximité, les moineaux qui s'y cachent, etc.

Et encore un dernier, réponse à l'énigme du deuxième article sur le lierre : le Troglodyte mignon (Troglodytes troglodytes). Dans le genre guitar-héro surexcité, record battu ! Là encore, pour moins de 10 grammes, nous tenons là une série de rafales, que dis-je, une explosion de notes enchaînées avec des ruptures mélodiques aussi brutales qu'acrobatiques. Et vas-y que je trépigne et que je maltraite mes cordes vocales (euh, ma syrinx en fait). Un solo balancé avec une puissance sonore phénoménale et les pattes traversant l'accélérateur.

Bon, après, si vous préférez l'analogie avec Niccolò Paganini, elle marche aussi...


Le Lierre est donc un mélomane qui favorise l'avifaune chantante en général.
Si vous ne l'épargnez pas pour la Nature, faites le pour la musique !


Guillaume

(1) Les articles concernant le Lierre sont les plus lus du blog, à notre grande surprise, Olivier et moi. Apparemment, la plante occupe l'esprit des hommes.

Les articles sur le Lierre
1- Le Lierre est une plante très utile.
2- Le Lierre n'est pas une plante parasite et s'avère encore plus utile que prévu.
3- Les autres lianes et le romantisme du Lierre.
4- Le Lierre riche en nectar... en novembre !

PS : Merci et bravo à Messieurs A. Audevard et J. Fouarge dont les photos trouvées sur le Net m'ont inspiré pour réaliser ces desssins.

lundi 12 novembre 2012

Rappel de saison : feuilles mortes.

Pour les nouveaux-venus. L'article tombe à pic... On ne va pas l'écrire deux fois tout de même !
Cliquez-donc ici pour lire l'article.

jeudi 25 octobre 2012

Aujourd'hui, on réinvente l'eau chaude.

Vieil arbre, Étang de la Mer Rouge, Brenne, 2011.


Il existe des mécaniciens de la nature. Ils essayent de restaurer ce que d'autres ont détruit ou ils détournent à leur profit certaines propriétés des écosystèmes. Les plus sages d'entre eux se contentent souvent de laisser la nature agir ou se réparer toute seule. Parfois, ils se servent d'elle pour des tâches que la technologie tente imparfaitement d'accomplir (épurer l'eau, par exemple). Leur discipline, c’est le génie écologique.
On peut mettre à leur crédit un certain nombre de réussites.

A condition de ne faucher qu'une fois l'an et de ramasser les fauches, on peut, au bout de quelques années (oui, tout de même), récupérer une prairie relativement diversifiée (Y compris dans les jardins. OUI ! MÊME LE VÔTRE !) là où les tontes hebdomadaires avaient régné durant trop longtemps.

On peut replanter des haies (AVEC DES VÉGÉTAUX SAUVAGES LOCAUX ! Y compris dans les jardins. OUI ! MÊME LE VÔTRE !) Même si une haie poussera toute seule sur une bande jamais entretenue...

Grâce au pâturage mais aussi avec de puissants engins mécaniques, on restaure des zones humides que les végétaux en développement avaient asséchées. On peut encore re-profiler les berges, re-creuser des mares comblées, etc. Y compris dans les jardins. Mais pas forcément tous... On réhabilite même des carrières !!

Bref, on peut restaurer des tas d'écosystèmes variés favorables à une riche biodiversité... Le résultat n'est pas toujours à la hauteur de la situation antérieure aux dégradations mais ne broyons pas du noir, c'est plutôt encourageant. Si on le lui permet, la Nature revient très vite. Il suffit de constater la vitesse de colonisation d'une terre nue par les végétaux sauvages...

Seulement parfois, ça coince. Il est désormais temps d'enfoncer une porte ouverte. Quand on abat un vieil arbre, les ingénieurs ont beau tourner le problème dans tous les sens, il n'y a pas de solution de remplacement.

Le chêne d'à peine 100 à 200 ans (car il y a bien plus vieux), celui qui présente à la fois un gros volume de bois sain et un gros volume de bois mort avec pour chaque catégorie un cortège de faune spécifique (probablement plus de 1000 espèces d'arthropodes sur les essences de chênes européens), celui-ci est irremplaçable.

On ne sait pas planter de vieux arbres. C'est ridicule à dire mais j'ose prétendre qu'il faut le rappeler.

Guillaume.

PS: une dernière porte ouverte enfoncée pour la route : le plus simple serait de ne pas détruire !
Dans la salle et derrière les écrans, des  "Oh !"  et des "Ah!" admiratifs. "Lumineux ! Oh, la belle bleue ! Époustouflant ! Quelle sagesse !"
Le rédacteur : "Merci, stop, n'en jetez plus !"

vendredi 28 septembre 2012

Rose : la couleur de la révolte ! - épisode 6 (témoin 3 : le Taon blanc)

Episode 1
Episode 2
Episode 3
Episode 4
Episode 5
   
26 juin 2013

Roulements de tambours et pompeuses trompettes tonitruantes : trombe routinière du générique du journal de 20 heures. Laurence Lamborghini Quadriturbo annonce la une du jour :
" Le procès qui fait la une de tous les journaux, c'est donc celui de Robin des champs, le chef rebelle des chardons qui osent pousser librement malgré l'arrêté préfectoral qui impose leur éradication (Cirsium arvense seulement - NDLR). Partout dans le pays, des mouvements spontanés, autoproclamés de citoyens, se revendiquent de ce porte-étendard et réclament le droit des espèces sauvages à pousser librement ! Notre jeune envoyé spécial Philistin De Jolibourg a interviewé quelques-uns de ces énergumènes dans l'impayable bourgade de Vazy-les-Beaux-Près au coeur de la France rurale, profonde voire abyssale. A vous Philistin !"

L'apprenti journaliste, en costume cintré Georges Armanni et chaussures en cuir étincelant, tout frais émoulu de l'école de journalisme privée de Papa prend la parole la voix tremblotante et un rictus crispé aux lèvres :
"Chère Laurence, en effet, me voici arrivé aux confins du monde civilisé. Je ne suis qu'à moitié en sécurité ici mais mon devoir de reporter doit surpasser cette angoisse légitime. Je me trouve dans une sorte de no man's land anarchique : il s'agit d'un pré que le propriétaire, heureusement recherché par les autorités, a refusé d'entretenir malgré la présence de quelques chardons actuellement en fleurs. Il s'agit d'un soi-disant agriculteur bio (c'est la mode !), éleveur très extensif et apiculteur par dessus le marché !
Il y a aussi une effrayante variété de fleurs toutes plus sauvages les unes que les autres. Une vraie zone de non-droit, pas un passage de tondeuse depuis le début de l'année et j'ai bien peur que cela continue, au minimum jusqu'à l'automne ! Aucun contrôle, aucune maîtrise d'une quelconque société civilisée n'est visible.
Avant de m'enjoindre à m'éclipser, et je vous épargne les brutalités de son langage, la fourche menaçante, sa femme pittoresque a vociféré quelques récriminations suspectes contre la technologie de l'agriculture intensive moderne et tous les progrès qu'elle a prodigué depuis des dizaines d'années : produits chimiques, remembrement d'ampleur et suppression des haies gênantes, labour profond, engrais de synthèse, etc. Je vous épargne la liste complète de ce ramassis de clichés, sans originalité !!

Une foule d'insectes gravite autour des fleurs. Mon Dieu que c'est stressant ! Je vais tout de même tenter d'interviewer une étrange mouche albinos que j'aperçois là-bas, probablement dégénérée par force consanguinité.
Euh, bonjour, euh... Monsieur, Madame ?"

Atylotus fulvus
 
Atylotus, le taon du coin vient sans entrain :
"Salut le bleu ! Je t'entends déblatérer le lot quotidien des bêtises qui me hérissent le poil. Je vais d'abord corriger ton ignorance. Je suis un taon de l'espèce Atylotus. Si tu ne connais même pas mon nom, comment espérer que tu saches quoi que ce soit sur ma vie, mon rôle dans l'écosystème ? Pas d'espoir d'un quelconque respect voire seulement d'un arrêt des persécutions..."

Philistin De Jolibourg, reculant d'effroi :
"Oh, mais j'en sais désormais juste assez ! Vous êtes un taon ! Les créatures de votre espèce sont assoifées de sang. Ne m'approchez pas, vil vampire !"

Atylotus, sec :
"Oh ! Ferme-la donc ! Jeune imbécile ! Mes yeux joints prouvent que je suis un mâle. Et comme tous les mâles de taon, je suis un butineur ! Je me nourris exclusivement de nectar. Je pourrais prétendre rejoindre le CIGAL, très select  "club des insectes gentils et acceptables légalement" surreprésenté par les abeilles à miel, même si je n'ai aucune rancœur à leur encontre.
Et ne me cherche pas car je ne suis pas des plus recommandables. Je suis moi aussi recherché par la police car j'ai été contrôlé positif au nectar de chardon lors d'une descente de la police municipale la semaine dernière dans un terrain vague du gros bourg voisin."

Philistin De Jolibourg, retrouvant le ton de la réprobation :
"Hum ! Enfin, j'espère que vous n'en êtes pas trop fier, Monsieur !"

Atylotus, bravache :
"Oh que si ! Ma femme me méprise car je n'ai pas osé voler comme elle du sang pour assurer l'avenir de nos larves et les incultes comme vous nous confondent tantôt avec des mouches coprophages ou des bestioles agressives qui n'existent que dans leurs pires cauchemars. Là, du coup, j'assume complètement le rôle du butineur inconnu. Je visite toutes sortes de fleur mais je tiens à soutenir les chardons de toutes espèces pour leur franche générosité dans ce domaine. J'ai retrouvé ma dignité via leur combat juridique."
 
Philistin De Jolibourg, gêné aux entournures :
"Certes, bon, j'avoue que j'étais mal renseigné à votre sujet mais enfin reconnaissez que trop d'insectes nuisibles pullulent dans cette prairie non fauchée ! Tout cela n'est pas compatible avec la société humaine !"

Atylotus, rageur:
"Ah ! Mais décidément, vous ne comprenez rien ! Regardez, là-bas, des syrphes : ces butineuses sont des diptères (des mouches pour les ignorants de votre genre) tellement inoffensives qu'elles sont obligées de se déguiser en guêpes pour avoir la paix. En plus, leurs larves sont de voraces prédateurs de pucerons ! C'est pas utile ça ? Hein ?"

Syrphe.


Philistin De Jolibourg, tout couillon :
"Euh, si mais..."

Atylotus, exaspéré:
"Et là une tachinaire : l'adulte butine et la larve régule les populations de chenilles en les dévorant de l'intérieur. Nuisible ?"

Philistin De Jolibourg, quasi-coi :
"Euh, ben non..."

Atylotus, lassé :
"Bon allez, j'en peux plus. Allez donc l'interroger si voulez faire correctement votre métier. Vous allez faire un scoop car elle va prochainement témoigner au procès surmédiatisé du chardon rebelle."

Philistin De Jolibourg, souriant niaisement :
"Oh oui ! Merci, Monsieur ! Et désolé, hein ?"

Atylotus, l'air de rien:
"Oui bon et j'allais oublier : pour éviter de vous faire remballer, n'allez pas trop la titiller à propos de son physique. Elle risquerait de se vexer... A bon entendeur, salut !"

Philistin De Jolibourg, en chemin, parlant pour lui-même :
"Finalement, le Taon blanc, c'est excellent !"

Guillaume.

Suite au prochain épisode, consacré à la grande Tachinaire.

dimanche 16 septembre 2012

Balade en zone humide


C'est vrai, nous le reconnaissons, nous avons peu posté cet été. Ce n'est pas l'envie qui nous en manquait, mais plutôt le temps... Oui, même si c'est pour nous un véritable plaisir de déballer nos loufoqueries sur ce blog, ça prend quand même un peu de temps. Notamment pour les dessins... Mais cet été, on m'a offert un carnet de croquis que j'emmène désormais toujours avec moi. Et quand l'occasion se présente, hop ! Un crobard de gagné !
Celui-ci a été réalisé à l'occasion d'une soirée entre amis sur un marais qui constitue ni plus ni moins qu'un "hot-spot" régional de biodiversité. Pendant qu'ils zieutaient dans leurs jumelles et leurs longues-vues, j'ai sorti mon carnet et mon crayon et j'ai commencé à croquer la scène que j'avais sous les yeux. Je l'ai coloriée tranquillement à la maison, à l'aide de ma tablette graphique.

Les "zones humides" comme ce marais revêtent une importance considérable pour la biodiversité et pourtant, elles figurent parmi les milieux naturels les plus menacés de disparition dans le monde. Ce n'est pas pour rien qu'elles sont protégées par une convention internationale signée en 1971 à Ramsar (Iran).
En France, un rapport signé par le sénateur Paul Bernard en 1994 a montré que la surface des zones humides (marais, mares et étangs, tourbières, zones d'expansion de crues des cours d'eau, etc.) avait diminué de moitié entre 1940 et 1990, sous l'effet des politiques publiques. 50 % ! Alors qu'elles sont reconnues par tous les naturalistes comme les milieux les plus riches en matière de patrimoine naturel. A titre d'exemple, ces écosystèmes abriteraient 30 % des espèces végétales remarquables et/ou menacées, et auraient un rôle important dans la biologie de 50 % des espèces d'oiseaux.
S'il ne s'agissait que de petites fleurs et de petits zoziaux, ce ne serait pas vraiment perçu comme un problème par tous (malheureusement !) mais il faut aussi souligner que l'intérêt des zones humides va bien au delà du simple plaisir des yeux et des oreilles pour une poignée d'amateurs de nature : ces milieux fournissent avant tout d'importants services à l'ensemble de la population humaine. Jugez plutôt :
- épuration de l'eau par les hélophytes (comme les roseaux et les massettes ; on estime que cette propriété épuratrice permettrait une économie de traitement de l'eau potable à hauteur de 2000 euros/ha/an),
- écrétage des crues. Les zones humides fonctionnent exactement comme des éponges : elles absorbent l'eau quand il y en a trop, et elles la relarguent en période de sécheresse... Bye-bye les inondations !
- absorption de CO2, puits de chaleur,
- lieux de promenade, d'observation de la nature, de bien-être, d'activités récréatives comme la pêche...
... et ce, sur 5,5 % du territoire métropolitain !

Et malgré ça, ces milieux continuent de se réduire comme peau de chagrin sous l'effet des activités humaines : pollutions agricoles ou utilisation comme décharges publiques, remblaiement, drainage et mise en culture, urbanisation en zone inondable, plantation de peupleraies (les peupliers sont des arbres qui consomment beaucoup d'eau et qui sont donc utilisés pour assécher les zones humides), atterrissement et comblement naturel, prélèvements abusifs (industrie, eau potable, agriculture), j'en passe et des meilleures. Bref, il est urgent de faire changer les mentalités avant que ces écosystèmes et leurs fonctions ne soient irrémédiablement perdues.Si ce blog peut contribuer ne serait-ce qu'un peu à la sensibilisation de tous les acteurs du territoire, nous n'aurons pas tout perdu !

Cette morale vaut bien un dessin, sans doute.

Olivier

mardi 4 septembre 2012

Nouvelle boite aux lettres



Le blog évolue et vous offre aujourd'hui la possibilité de nous laisser des messages personnels qui ne seront lus que par nous ! Pour ce faire, il vous suffira de cliquer sur la petite boite aux lettres qui est apparue dans le bandeau de droite.

Si vous pensez que vos suggestions/remarques/pensées philosophiques sont susceptibles d'intéresser tous les lecteurs du blog, surtout ne changez rien à vos habitudes et continuez de laisser vos commentaires à la fin de chaque article !

A très bientôt !

mardi 3 juillet 2012

Araignées voraces...

Votre blog favori n'a pas la réputation de faire bref. La faute à ses rédacteurs volubiles qui entravent le flux des informations par d'incessantes digressions burlesques dans le but avoué de distraire le lecteur.

Objectif atteint ? Derrière nos écrans, le doute nous assaille. Et si nous nous vautrions régulièrement ? Et si une poussée de lourditudite aigüe nous empêchait de voir la réalité en face ?
Du genre : "mmmh, mouais, moins drôle que la dernière fois." Ou alors : "bon, ils l'ont caché où, le crobard, cette-fois... Avant ou après le 4° tome ?" Ou pire : "pfff, du sous-La Hulotte indigeste !"

Bref, on doute et aujourd'hui, c'est bien pratique à la vue de notre production plus que clairsemée.

Voici donc le thème du jour qui s’avère être la synthèse d'un remarquable documentaire (1) sur les araignées que j'ai récemment vu et revu car dûment enregistré. Attention, pour une fois, cela va être concis.

1. Une prairie naturelle en bon état écologique abrite jusqu'à 200 araignées au mètre carré.
2. Les araignées mangent environ 400 millions d'insectes par hectare et par an.
3. Elles sont des régulateurs parmi les plus efficaces et d'une utilité absolue.

Si tout va bien le texte ne déborde pas du bas de votre ordinateur. Vous n'avez pas mérité votre dessin mais généreux comme nous sommes, on vous l'offre tout de même.

Guillaume.

PS : ne vous méprenez pas. Ce n'était qu'un répit. On vous imposera encore d'illisibles pavés bourrés de circonvolutions littéraires pseudo-amusantes.
PPS : pour quelques araignées de plus...

(1) "Le règne des araignées" sur Arte, avec Christine Rollard du Muséum national d'Histoire naturelle.

mardi 5 juin 2012

Venez nous rencontrer les 9 et 10 juin.


Hé, salut à tous !!

Nous ne sommes pas morts ! Et dans le cadre du festival Couleur Jardin, nous proposons même de vous rencontrer !

En effet, nous tiendrons, le samedi 9 juin (et peut-être le dimanche 10 juin sauf s'il pleut), un mini stand, l'après-midi pour l'occasion dans la Cité Menier (cité ouvrière de la chocolaterie de Noisiel), au 185 rue claire Ménier.

Nos emplois du temps de ministres ne nous ont pas permis de beaucoup dessiner ces derniers temps, alors nous avons pensé nous y remettre devant vous, en direct live, sur notre stand.
Nous nous fixons pour objectif de dessiner les illustrations des futurs articles.

Nous aurons aussi plaisir à discuter avec vous de hautes herbes, de bestioles, à rire, à partager, et à apprendre les uns des autres.

Oliv et Giom.


lundi 23 avril 2012

Il n'est pas encore trop tard pour chercher des œufs. Peut-être pas ceux que vous imaginez. Disons, surement moins comestibles.
Mais les créatures qui en sortent sont sources d'émerveillement.
Un article de saison à relire, donc.


Les oeufs de Pâques pillons !

lundi 2 avril 2012

Amertume...

Chers amis et courageux lecteurs qui vous usez les yeux sur nos articles bavards et assurément trop longs pour ce média dont la règle est la concision anorexique...

Coup de massue et abattement. Des notes qui devaient servir de base aux sept ou huit prochains articles ont été définitivement dissoutes dans le néant numérique, le cimetière des bits inconnus...
Bref, un bug informatique qui ne va pas nous aider à produire sur un rythme stakhanoviste. Compte-tenu de la masse des informations accumulées puis perdues, cela fait mal au crâne et au moral.
Mais bon, on ne va pas abandonner... On va tout réécrire, extraire toutes ces notes, ces réflexions de nos cerveaux en surchauffe !
Pour patienter, une planche de dessins réalisés en Brenne, cette région idyllique pour les amoureux de nature. Une sorte de carnet de voyage miniature.
Pour ce qui est de la mise en page de la planche, je sais, c'est nul. Vous pouvez découper les dessins si vous voulez...



Et cette fois-ci, on vous épargne le baratin naturalistico-gnangnan-moralisateur !
Dans les travées :  "Wouais ! Cool !"
Hep ! Là ! J'ai les noms des meneurs... !

Guillaume.

jeudi 15 mars 2012

mercredi 14 mars 2012

Pollinisation expliquée à mon fiston

L'histoire du soir constitue un rite indétrônable pour le fiston sous peine de voir la considération parentale s'effondrer comme la statue de Saddam, il y a quelques années.
Je ne sais pas pour vous mais bien souvent, le fait de lire à voix haute à cette heure me provoque une
déferlante de bâillements à me démonter la mâchoire. Vous conviendrez que l'intonation élastique et caoutchouteuse qui en résulte nuit gravement à la crédibilité de l'histoire.

Je me permets alors une incartade en territoire adjacent sur la carte des mondes culturels de début de soirée autorisés par mon fiston.
Il s'agit de raconter quelque chose en dessinant. Moi qui me plains de ne pas gribouiller assez, voici donc la fourberie idoine à même d'assouvir ce besoin pathologique. Il faut crayonner vite afin de ne pas lasser l'auditoire vite intolérant.
Comprenez-le, pas si dupe, il réalise sans tarder qu'on lui a refourgué un plan foireux en remplacement des vrais fantastiques dessinateurs. Et je l'avoue, il faut un certain culot pour oser ce substituer à, au hasard, M. Yukuo Murakami à l’œuvre dans "Le renard".
Un bon exercice de croquis rapide, donc. Et en indécrottable naturaliste que je suis, je ne peux pas m'empêcher de formater et lobotomiser mon rejeton avec des sujets verts de chez verts...
Il y a eu l'histoire du coq et du loup. Je vous l'épargne, le fils s'est chargé des commentaires sans concessions. Le renard (oui, encore ! Le fiston a une peluche préférée qui s'avère être vous savez quoi...) sans queue. Limite, limite...

Bizarrement, cette séquence technique sur la pollinisation par Betty l'abeille est mieux passée...




Le conseil de lecture du jour, pour les grands et les petits !
"Le renard" par Leith Douglas Morton (auteur) et Yukuo Murakami (dessinateur), aux éditions circonflexe.
Les planches, au pastel gras subliment les couleurs des saisons tout à la fois tendres et chatoyantes. On crève d'envie de s'immerger dans ces paysages rêvés.
Les textes poétiques égrainés avec parcimonie magnifient le mystère propre à la vie de l'animal sauvage tout en laissant l'enfant respirer et développer son imaginaire.

Bons dessins ou bonnes lectures.

Guillaume

PS : si vous cliquez sur l'image, cliquez ensuite droit pour pouvoir l'afficher et la voir en plus gros.

lundi 27 février 2012

Gros pif amphibie.

Croquis...
La bête est méconnue. Elle est assez peu fréquente, souvent localisée même si un manque de prospection conduit peut-être à une sous-estimation de ses effectifs.
En tous cas, c'est une bestiole dont les populations méritent une attention particulière.

Ses milieux de vie sont assez variés mais elle préfère tout de même ceux qui sont ouverts.
Elle est globalement plus fréquente dans le sud de la France même si on en trouve aussi au-dessus de la Loire, comme par exemple en Ile-de-France.

Ce qui est certain, c'est que le Pélodyte ponctué (Pelodytes punctatus) est une charmante petite créature.
La première fois que je l'ai vue, sa tronche impayable à gros pif, digne de Gaston Lagaffe ou d'Achille Talon m'a amusé et attendri. Sa pupille présente une larme, à l'envers, comme si elle ne coulait pas. Ce doit être un message d'espoir, non?
L'envie d'en faire le portrait voire de le caricaturer m'a tout de suite saisi. Je ne suis pas vraiment satisfait du résultat mais enfin mon collègue spécialiste en herpétologie a reconnu de suite le Pélodyte sur chacun de ces croquis.
En plus, la saison des amphibiens débute. Alors, vous y avez droit...

Guillaume

Caricature 1





Caricature 2
 

dimanche 19 février 2012

Rose : la couleur de la révolte ! - épisode 5 (témoin 2 : le Morosphinx)

Est-ce vraiment un colibri? Un Chardon ?
Episode 1
Episode 2
Episode 3
Episode 4

Bonjour à tous chers auditeurs !
Ici Sarah Plick pour Verte Inter. En direct et de retour au cœur du procès passionnant de Robin des champs et de ses compères et assimilés. L'ampleur médiatique du procès provoque un afflux intarissable de demandes de témoignages. Tous les insectes souhaitent donner leur version, leurs raisons de protéger leur héros à crinière rose. Il suscite une ferveur émouvante voire même déchirante ! Les animaux font  littéralement la queue pour témoigner.
Très attendue,  l'intervention poignante des abeilles s'est achevée à l'instant en tirant des larmes à l'assistance. Maya, la représentante de leur syndicat, encore puissant et respecté malgré les hécatombes actuelles, a complété en insistant sur l'importance remarquable des fleurs de chardons en raison de leur richesse en nectar. "Qui n'a pas constaté le foisonnement des abeilles autour des pieds de ces plantes en pleine floraison, n'a pas bien regardé !", a-t-elle lancé, avec un aplomb certain, ses centaines d'ommatidies vissées dans les yeux du procureur du COSAC ! Celui-ci n'a pu qu'afficher un visage blême. Entre nous, il serait à deux doigt de la dépression, murmure-t-on, dans les milieux autorisés !
Le syndicat a aussi ailleurs formulé une proposition constructive : sous réserve de trouver un apiculteur volontaire, il propose la production d'un miel de chardon que pourrait ainsi goûter le grand public. A bon entendeur !
Le juge, impatient :
"Bon sang ! Encore tous ces témoins en faveur de M. Robin des champs ! Il faut nous hâter ! Bon ! J’appelle maintenant le..."

FFFFZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZ !

Le juge, enrhumé par un bref courant d'air :
"Hein ? Mais qu'est ce que... ? Quoi ? Un colibri ?"

Robert Parcker, le Morosphinx, surexcité :
"Mais non ! Chuis pas un oiseau ! Enfin, passons, pas le temps ! J'ai pris 5 minutes pour venir témoigner malgré mon emploi du temps ministériel."

Le juge, interloqué :
"Que...? Mais enfin ! Vous n'êtes pas sur la liste !"

Robert Parcker, avec un aplomb de ministre :
"Écoutez M. le juge ! Pas le temps pour ces enfantillages. J'ai visité aujourd'hui 3738 corolles et il m'en reste encore 4025 ! Je me présente Robert PARCKER, je suis un Morosphinx ou Sphinx-colibri. Mais je préfère la dénomination scientifique Macroglossum stellatarum, soyons précis. Je suis l'auteur du fameux Bestseller "Le guide Parcker des meilleurs nectars du monde" réédité chaque année. Vous avez donc devant vous un butineur professionnel, également parmi les plus rapides d'Europe. Un chercheur, M. Heinig m'a observé alors que je butinais un parterre de violettes ; verdict : je fais du 1600 à l'heure."

Le juge, ébahi :
"Comment ? 1600 km/h ? Ne vous fichez pas de la cour ou je vous vous mets en examen pour excès de vitesse caractérisé. -12 points et radiation à vie garantis !"

Robert Parcker, l'exaspération feinte:
"Mais non, voyons ! Je butine 108 violettes à la minute soit 1600 à l'heure. Référence à trouver facilement page 17 dans le numéro 86 de la Hulotte qui m'est entièrement consacré. Hum ! Quel honneur, entre nous, n'est-ce pas ?
Bref ! Tout ça pour dire que le nectar, ça me connaît, je suis un expert. Des corolles, des fleurs, j'en ai visité plus que vous tous réunis ! J'en ai gouté des crus et des crus de nectar ! Donc, ouvrez grand vos oreilles !
Le verdict est implacable. Voyez les notes, sur 100, qui j'ai attribuées au nectar de Cirsium arvense par exemple : en 2008, 94, en 2009, 97, en 2010, 95, en 2011, 95. Pas de doute, il s'agit d'un nectar classé premier grand cru. Vous n'allez pas me le coller en prison, tout de même ! Quel affreux manque de goût cela révèlerait !"

Robin des champs, sourire niais aux lèvres :
" Hé ! Merci l'ami !"
 
Robert Parcker, l'exaspération feinte:
"Attention, je ne suis l'ami d'aucune fleur. Je tiens à garder mon indépendance critique. Ma crédibilité est en jeu. D'ailleurs, avant de partir, je tiens à défendre d'autres crus de nectar dont les fleurs sont également détruites en raison de leur ressemblance avec celles des chardons. Je pense notamment aux Bardanes et Centaurées, cousines des Cirses mais aussi à la grande Cardère. Ces méprises sont tout bonnement intolérables.
Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs, au revoir."

Le Morosphinx, tel un météore, file vers la sortie. Silence dans la salle. A vous les studios.


Guillaume.

A suivre...

PS : Le Morosphinx butine une Centaurée (qui n'est pas un chardon) sur la photo ci-dessus.

mercredi 8 février 2012

Le soutien psychologique de Jean Henri Fabre.

Comme le disait le percutant maître thaïlandais du 8° siècle Kim Khi Kogn, "la puissance dévastatrice du "qu'en dira-t-on ?" peut annihiler tout projet non conforme aux règles du troupeau".

Même si ce projet est frappé au coin du bon sens.

Bon, vous avez tout lu Freud et un Retour aux sources. Et vous avez appliqué les consignes à la lettre. Je m'entends, celles du blog, hein?

Vous n'êtes pas peu fier de votre jardin qui concentre dans un espace contraint un panel exhaustif de techniques favorables à la biodiversité. Vous vous êtes émerveillés des mauves sylvestres, des vipérines, des coquelicots et des compagnons blancs, toutes fleurs sauvages, qui ont poussé librement. Certes, un peu seul pour l'instant car vous n'avez pas encore convaincu vos voisins. Certes aussi, vous vous êtes un peu vexé quand cet ingrat de Demi-deuil, dont la chenille s'était développée sur VOS graminées sauvages et spontanées, s'en est allé butiner les asters horticoles du voisin qui rase sa pelouse avec l’assiduité du coiffeur d'un monastère de moines bouddhistes.
Re-certes, alors que vous aviez respectueusement préservé de la fauche une parcelle (1) refuge d'herbes sèches pour l'hiver, vous n'avez pas apprécié la remarque désobligeante de ce même voisin quant à l'esthétique douteuse de votre "bout de friche", selon sa propre expression.

Ahhrrrg !! Et puis re-re-certes, vous avez tenté de le contredire mais avant d'articuler 2 mots, vos lèvres se sont figées à la vue de ce spectacle déconcertant. "Ce qu'elles peuvent être sèches ces plantes ! Et grisâtres ou marronnasses avec ça ! Comment y voir une quelconque beauté ?", avez vous ruminé intérieurement.

Ah ! Malheureux ! Votre foi vacille. La pression sournoise du "qu'en dira-t-on ?" menace les fondements de votre engagement en faveur de la nature.

Il vous faut une assistance psychologique de toute urgence. Sinon, vous risquez de mettre un terme à toutes vos initiatives de gestion innovantes, pleines de sagesse pour suivre les règles absurdes du troupeau.
Alors, écoutez ! J'ai cinq minutes, là. Si vous voulez, je vous prends en consultation exceptionnelle. Bon, d'accord, allongez-vous sur le divan.

Je vous propose une attaque rhétorique coordonnée selon les trois mouvements du désormais illustre et fulgurant maître laotien du 9° siècle Kim Ki K'ogn :

Esquive.
On ne peut pas contrer une attaque sur l'esthétique frontalement. C'est bien connu, les goûts et les couleurs ne se discutent pas. Ceci dit, si esthétique et biodiversité sont deux notions différentes, elles ne sont pas antagonistes non plus !  Du coup, vous allez changer le niveau de votre regard. Changez d'échelle. Accroupissez-vous. Et regardez de plus près.

De taille.
Au début, vous ne verrez rien de spécial mais si vous attendez quelques secondes vous découvrirez dans votre parcelle refuge une diversité de formes largement supérieure à celle du billard vert et désertique de votre cher voisin. S'il n'y a plus ni les fleurs ni les arthropodes bariolés de la belle saison, il reste surement une belle diversité de graines, de feuilles, d'ombelles, de fruits.
Votre voisin ne goûte pas le charme d'une sommité sèche de carotte sauvage ou de tanaisie, pourtant germes d'une prochaine floraison aussi belle et naturelle que gratuite ? Et bien, ce n'est pas grave ! Car les petites bestioles ne sont pas en reste. Elles ont laissé pour vous derrière elles des traces riches d'historiettes parfois bouleversantes. Cherchez bien et découvrez alors des cocons, des chrysalides, des urnes, des amphores, des toiles dans lesquelles la vie palpite encore.

D'estoc.
Votre voisin n'est pas impressionné par ces boîtes sèches. Bon, c'est sûr, il s'en tient une sacrée couche ! Mais comme le proférait le sagace et vénéré maître birman du 7° siècle Kimki Khogn : "qu'importe de convaincre les convaincus !"
Persévérez-donc : votre dernière attaque vise au cœur. Prenez-le par les sentiments. Émerveillez-le avec un récit plus fort que son imagination ne peut en concevoir. Révélez-lui les secrets et l'intimité d'une amphore d'Eumenes sp. en une trilogie d'apothéose. Des mouvements de Tai-chi-chuan sont les bienvenus pour accompagner votre démonstration et la doter d'un impact supérieur.

Acte 1 - une technique ébouriffante :
Décrivez le génie bâtisseur de cette femelle d'hyménoptère qui élabore une petite capsule parfois appelée amphore ou urne incroyablement résistante, à l'aide d'un mortier composée de terre poudreuse, de grains de quartz ou d'autres matériaux aux reflets scintillants. Précisez que la pauvre bête amalgame le tout à l'aide de sa seule salive. Laissez observer la belle régularité de la capsule souvent munie d'un superbe goulot.

Acte 2 - chasse implacable et amour maternel :
Vantez le mérite de cette femelle bâtisseuse, mère courage,  qui va ensuite capturer et paralyser une quinzaine de petites chenilles qu'elle placera sans les tuer dans l'amphore. Elle y pondra un œuf dont la
larve sortira plus tard.

Acte 3 - psychodrame horrifique (censuré aux moins de 16 ans) :
La petite larve avec son minois angélique et son air innocent va tout bonnement dévorer toutes crues les chenilles agitées de spasmes sous l'effet des morsures. Suspendue au sommet du dôme intérieur via une sorte de gaine de soie télescopique, elle fond sur ses pauvres victimes comme un couteau de cuisine sur un excellent boudin. Sans grand courage, elle s'en dégage dès que la véhémence de leurs réactions s'amplifie.
En temps voulu, l'année suivante, elle reproduira les mêmes supplices auprès d'autres malheureuses.

Mais bon, faut savoir ce que l'on veut ! Ces petites chenilles auraient tout aussi bien pu grignoter vos salades. Alors autant avaler les miennes car la nature est décidément bien faite. Cela vous évitera une aspersion de produits biocides...

Si votre retors voisin bouge encore à ce stade de votre récit, c'est que vous ne l'avez pas assez frappé. Dans le cas où vous auriez fait montre d'un sang-froid en tous points extraordinaire, en lui épargnant vos uppercuts, vous pouvez encore légitimement tenter de lui faire lire de force le récit détaillé suivant.

En effet, je n'aurais pas osé risquer de platement et vainement paraphraser cette figure tutélaire de l’éthologie et de l'entomologie, Jean Henri Fabre ; je me suis contenté d'esquisser rapidement le cycle de vie de la bestiole sus-citée.

Si votre voisin ne cède pas après cette lecture, s'il n'est pas contraint de poser le genou à terre en signe de soumission face au génie de la nature, changez de voisin !

Mais vous, vous n'allez pas céder ! Vous allez continuer !
La nature vous remercie !

C'est dans la boîte.

mardi 7 février 2012

Rappel de saison !

Je reconnais bien volontiers que réhabiliter les vieux articles soulage le rédacteur du blog.

En même temps, il faut avouer que cette série d'articles tombe à pic par ces temps de grand froid. On s'était donné du mal pour les concevoir même si le ton est plus docte qu'à l'accoutumée.

Bref. Faut-il nourrir les animaux en hiver ? Eh bien, ce n'est pas si simple. La réponse ne coule pas de source et la question n'est peut-être même pas la bonne...


De quels animaux parle-t-on ?

Si on nourrit, comment fait-on ?

Vos commentaires sont les bienvenus. Bonnes lectures.

Guillaume.

dimanche 8 janvier 2012

Qu'il est difficile de se perdre en forêt...


Sauf à prendre un peu d'altitude, il devient difficile de se perdre dans la nature, même en forêt, dans nos contrées soi-disant civilisées.

Comme je l'ai déjà évoqué dans un article antérieur, l'acquisition d'une paire de jumelles, alors que j'étais adolescent, a changé ma vie. Cet objet formidable rend visible des mondes inaccessibles à nos sens habituels. Il nous offre des yeux de rapace pour discerner des sujets hors de portée. Utilisé à l'envers, c'est encore une loupe efficace qui porte à notre connaissance l'exotique monde miniature. Un outil capable de vous doper à l'émerveillement induit par la découverte de la diversité et la beauté de la nature. 20 ans plus tard, j'y suis toujours accro !

Accessoirement, les jumelles ont aussi contribué à me pousser hors les murs pour explorer les recoins les plus secrets de la campagne environnante. Seul et sans téléphone portable (encore une réalité à cette époque !). Risque inouï, pure imprudence ? Ou mise en danger hypothétique et fantasmée par un adolescent timoré ?

Oh ! Rien de bien extraordinaire. Peut-être un compromis de tout cela...  J'ai conscience de ce qu'a pu signifier un jour le terme "explorateur". Celui qualifiant des têtes brûlées en progression sur des terres vierges à la faune réellement dangereuse, au climat particulièrement hostile. Un goût du risque certain, quoi. Rien à voir avec les escapades solitaires d'un adolescent lambda.

Mais bon, je me rappelle tout de même avoir senti mon cœur battre plus fort.
Certaines fois où j'avais atteint une zone inconnue d'une parcelle de forêt au cadastre flou, distant de plusieurs centaines de mètres (au mieux d'un demi-kilomètre !) de toute habitation... Perdu le temps d'un quart d'heure.
D'autres, alors que je me retrouvais au fond d'un vallon très encaissé, franchement assombri par une  végétation étrangement luxuriante, sous un enchevêtrement de troncs malades et obliques, fragiles et instables, à devoir traverser un ru rempli de dépôts de sables quasi mouvants, à la profondeur incertaine.
Dans le silence des hommes, juste assez caché pour qu'on puisse me trouver trop tard en cas d'incident.

Certes, j'aurais pu contourner, longer, rebrousser chemin. Mais au bout du compte, c'est cette pointe d'angoisse, cette pulsation aux tempes, cette sensation de danger improbable que j'étais venu chercher là. Il fallait dépasser tout cela pour se sentir plus vivant que jamais. Ma version du saut en parachute, je suppose.
Même si je ne suis pas sûr qu'on trouverait raisonnable, de nos jours, de partir seul en forêt sans téléphone, d'aucuns riront de la petitesse des aventures. Ma foi, c'est peut-être justifié. M'en fallait-il peu, à l'aune d'une témérité réduite ?

Peu importe car ce qui me laisse perplexe aujourd'hui, alors que l'âge, et je l'espère un peu de raison, m'ont rendu moins craintif, c'est la rareté du phénomène. Je ne cherche plus le sentiment de danger en lui-même, si mince soit-il, mais plutôt l'idée qu'il puisse exister à courte portée. Surtout sans avoir besoin de prendre un avion voire même à moins de 10 km de chez moi.
On ne sait même plus ce que veut dire le terme "perdu". On pourrait croire l'être parfois en forêt mais marcher tout droit ou longer une rivière durant plus de 20 minutes convainc généralement du contraire.
Quant à la faune, nulle créature ne représente un véritable danger : ni les sangliers, ni les araignées, ni même les serpents (quelques précisions ici).

En revanche, rien de plus simple que de se perdre au milieu des innombrables bretelles autoroutières d'une quelconque conurbation. Bon, j'avoue, je n'ai pas de GPS mais on a tous en tête des récits de certains de leurs conseils étriqués...
Et le seul animal réellement dangereux croisé en forêt, c'est l'homme qui y commet même des crimes.

C'est la réflexion qui tournait en boucle dans mon crâne l'autre jour en forêt, alors que, seul à nouveau, je croquais ces champignons, des Armillaires couleur de miel (Armillaria mellea), dans une forêt de plaine vaste et bien connue. Je la ressentais tellement hospitalière et inoffensive que cela en devenait étrange et troublant.

Guillaume.

PS : au fait, bonne année à tous !