mardi 22 février 2011

Les oeufs de Pâques pillons ! - Savoir regarder la nature - partie 2

Probablement, une ponte de pentatomidae (famille de punaises).
Je me souviens quand j'étais collégien... Snif, nostalgie ! Les boutons sur le pif nouvellement démesuré, les premières lunettes pour l'affaisser, les premières incompréhensions mathématiques, les drames sentimentaux totalement insurmontables... C'était vachement bien ! La mode de la cueillette des trèfles à quatre feuilles avait émergé comme un beau rosé des près dans les pelouses du collège. Ah oui, ça c'était vraiment bien, tout n'était pas bétonné.

Pas de difficulté technique pour les détecter, juste de la patience et de la minutie dans la recherche. On n'avait pas bac +38,5 mais on en trouvait des tas. Personnellement, j'en avais ramassé 16 en 2 ou 3 semaines ! Mais il y avait de meilleurs scores même si la ressource avait quelque peu fini par se tarir.
Je n'avais pas trouvé mieux qu'une bible pour écraser et sécher, entre deux feuilles de buvard jaune d'or, mes trèfles à 4 feuilles païens.
Mystérieusement, la révélation ne vint pas du Saint Livre mais du fait même de constater leur existence et surtout en si grand nombre.

Il avait seulement fallu dépasser l'idée reçue selon laquelle ces feuilles de fortune ne poussaient que dans les prairies enchantées. Qui cherche trouve...

Dans quelle autre quête tout aussi incongrue pourrions-nous nous engager, à quatre pattes dans l'herbe ? Eh bien, nous aurions pu chercher des œufs d'insectes, par exemple. Compte tenu de la hauteur des herbes autorisée par les lames au collège, nous aurions surement fait chou blanc le plus souvent...

Mais dans une zone où l'on fauche tardivement (en fin d'été ou en automne), sur une haie champêtre composée d'essences locales, le taux de réussite peut augmenter rapidement. On sait que les papillons, en particulier, pondent souvent leurs œufs sur la plante sauvage hôte spécifiquement prisée par leurs chenilles.

Il faut aussi reconnaître que d'autres s'avèrent aussi de voraces généralistes en herbes (ci-contre les plausibles œufs d'un Bombyx de la Ronce, Macrothylacia rubi).

  

Et maintenant, séance de travaux pratiques : pour le dimanche de Pâques, je vous propose donc de créer les conditions suscitées pour trouver ces œufs. Proposez ensuite à vos enfants ou à ceux de vos amis de venir les chercher...

Il va falloir apprendre à regarder ! Mais ne les pillez pas pour de vrai, hein?


PS : j'ai conservé mes trèfles mais je n'ai pas encore gagné au loto (OK ! OK ! Je n'ai pas joué !).
PPS : merci à M. LEQUET pour ses précieuses déterminations concernant les œufs d'insectes (visitez son site).
PPPS : vous pouvez nous aider à identifier les pontes  ci-dessous si vous êtes motivés. Il s'agit pour l'instant d'un mystère même si les recherches sont à orienter du côté d'un papilllon nocturne selon M. LEQUET.


samedi 12 février 2011

Des fleurs sauvages après la mort ?


Sauges sauvages (Salvia pratensis) poussant spontanément à l'entrée d'un cimetière de Seine-et-Marne, étrangement et heureusement épargnées par les tondeuses.

Bon. Ça y est. Je suis mort. Et si.
Je sais, c'est une lourde perte pour l'humanité. Séchez vos larmes ! Il est probable qu'elle s'en remettra...
Pourtant, en voilà bien assez pour clamer les pires outrages : "Le monde est enfin débarrassé de ses discours d'écolo extrémiste. Empêcheur de tondre en rond ! On va enfin pouvoir refourguer tranquilles nos thuyas OGM à fluorescence intégrée. Via le branchement sur secteur, le thuya clignote tout seul dès que le premier jour de l'avent est entamé. Le monde en avait besoin, nous l'avons fait !"

Mais le supplice post-mortem ne fait que commencer !!
Laissez-moi vous narrer les faits et les choix qui m'ont conduit à subir une atroce torture, certes désormais plus psychologique que physique.
En effet, après mure réflexion, j'ai choisi de ne pas être incinéré. Après toute l'énergie que j'ai dépensée de mon vivant, tout le CO2 que j'avais émis, c'était bien la moindre des choses d'arrêter les frais dans l'au-delà.
Après avoir plutôt offert mon corps aux progrès scientifiques et médicaux, il restait encore quelques morceaux de bidoche à faire disparaître. Étant constitué de matière organique issue de l'écosystème terrestre, j'aurais bien voulu les lui rendre en les laissant aux bons soins de divers charognards, vautours ou décomposeurs sauvages. Mais bon, là, "faut pas pousser" qu'on m'a répondu !
Dommage !
Ne restait alors que la possibilité d'enterrer le tout dans le lieu idoine : le cimetière.
"Bon ben, puisque j'ai le choix, allons-y pour l'enfouissement", me résolus-je, faussement résigné.
En effet, me croyant malin comme un singe, j'avais en secret échafaudé le doux rêve suivant : après avoir choisi une tombe sans pierre, seulement recouverte de terre, je me décomposerais en douceur dans le sol et me transformerais en humus. Ensuite, j'offrirais ma nouvelle composition fertile à la croissance de plantes qui nourriraient elles-mêmes des insectes, puis des oiseaux et ainsi de suite.

Tu parles !! Que dalle, oui ! Car depuis que je repose en terre, on paye (vous payez!) quelqu'un pour m'éclabousser de produits chimiques qui éradiquent toute vie sur ma tombe, qui m'interdisent de donner un sens à ma mort en permettant à d'autres êtres vivants d'en tirer profit.
Il n'y a même plus de pissenlits, moi qui les aimais tant ! Par pitié ! Laissez-moi les manger par la racine !!

Et vous, ça vous dirait de recevoir tous ces poisons sur les os? Parce que dites-vous bien que le contraire est possible. Ils sont rares mais certains cimetières sont entretenus sans produits chimiques.
On peut ré-enherber (le cas de Fontainebleau) mais parfois, même, on y tolère, au moins durant la belle saison, des plantes sauvages qui poussent spontanément car on se souvient de leurs multiples propriétés médicinales, alimentaires, tinctoriales, etc.
Dans un village exemplaire, Montmachoux en Seine-et-Marne, j'ai trouvé le superbe bouillon blanc, le salsifis sauvage, le thym serpolet parmi nombre d'autres plantes. Il y avait même des orchidées sauvages au pied de l'église !
Allez vérifier !

Maintenant, vous savez.

Guillaume.

lundi 7 février 2011

Croquis'toire - Mésange huppée.



Parenthèse. Aujourd'hui, ni discours moralisateur ni apologie du patrimoine naturel local.
Simplement l'historiette de l'aquarelle (illustrant un précédent article) née à partir d'une photographie de Jean Paul Nouret. Les deux sont présentées ci-dessus grâce au judicieux montage de Jean Paul.

Il ne faut pas les rater ces précieuses images stimulantes, de celles qui accrochent l'œil du dessinateur et le sortent de son apathie créatrice.
En effet, il faut savoir que l'inspiration disparait souvent dans des profondeurs abyssales provoquant l'émission de maints gémissements geignards insupportables pour l'entourage, d'odieuses phases d'apitoiement piteux et de déprime plombant l'ambiance.
Non, il ne faut pas les rater...

Parce qu'un jour arrive une image qui vous file une irrépressible envie de crayonner... 
Finies les jérémiades sur le manque de temps chronique. Franchement, qui en a trop ? C'est pour tout le monde pareil...  On se dépêche de manger, on met le fiston au dodo fissa et on passe à l'action jusqu'à tard dans la soirée sans pouvoir s'arrêter ! Quitte à être un peu zombie le lendemain.
Terminées aussi les lamentations sur le manque de place ! On débarrasse la table du repas au pas de charge et on installe tout le matériel en une fraction de seconde. On s'était plaint la veille qu'il était éparpillé partout dans les placards des diverses pièces et qu'il était difficile de remettre la main dessus ! Non mais on croit rêver en entendant un argument aussi nul ! Un peu plus et il nous faudrait un atelier grand comme un hangar d'aéroport !

Le nœud du problème est délié quand l'inspiration est revenue. Et puis c'est tout.

Ensuite, les aspects de technique sont dérisoires même si on n'arrive pas toujours au niveau escompté. Mais peu importe, en voici quelques-uns :
Le but était pour cette fois-ci de réaliser plusieurs croquis de mésange huppée à partir d'images diverses afin de "se la mettre dans la main" et pouvoir la réinventer dans une posture choisie.

(1) Croquis rapide.


J'ai commencé par la belle photographie de Jean Paul même si j'avais rassemblé d'autres images du même oiseau. J'ai d'abord dessiné très vite de petits croquis afin d'identifier et d'assimiler les composantes essentielles de la mésange. Il s'agissait de simplifier tout en visant le naturel. Je suis arrivé à une image d'environ 4x4 cm qui me semblait convenir (1).

(2) Croquis pour aquarelle.







Cette base m'a ensuite donné envie de réaliser un croquis plus détaillé. Échaudé, j'ai pris soin de ne pas dessiner sur du papier de mauvaise qualité. On ne sait jamais, des fois que j'aurais envie de passer quelques lavis d'aquarelle (2).



(3) Le croquis précédent... colorisé.
Et justement, c'est ce qui s'est passé. Voyant que le crayonné était correct, je me suis dit : "un tiens vaut mieux que deux tu l'auras". Et j'ai finalement colorisé ma mésange jusqu'au bout (3). Après coup, je me dit que j'ai bien fait car je n'ai pas retrouvé l'occasion de dessiner d'autres mésanges...

Oublié le but original ! C'est l'inspiration qui décide.

Bonne semaine à tous.