samedi 27 novembre 2010

Les feuilles mortes se ramassent à la pelle...

... mais c'est quand même bien plus simple au râteau...



Question : que faites-vous de vos feuilles mortes, lorsque l'hiver approchant les descelle de leur support pour les répandre en une couche épaisse sur votre belle pelouse fraîchement fauchée ? Laissez-moi deviner : vous vous saisissez de votre meilleur râteau, vous faites des gros tas bien égaux, vous allez chercher un grand sac poubelle d'au moins 150 litres dans lequel vous tassez ces vieux confettis décolorés et obsolètes, puis vous abandonnez le tout sur le trottoir, pour que les agents communaux les emmènent hors de votre vue. J'ai bon ?

Eh ben c'est pas bien ! Allez hop, au coin !
Nous, les français, sommes les champions du monde du sac poubelle : nous passons tout notre temps libre à couper et à jeter ce que la Nature met tant d'énergie à faire pousser. Et dès que brindilles et rameaux touchent le sol à nos pieds, ils se transforment immédiatement en quelque chose de peu ragoûtant qu'il faut vite évacuer : on appelle cela des déchets verts (vous avez vu, je n'invente rien) !

Pourtant, s'il y a bien une phrase à retenir de tous les articles de ce blog, c'est que Dame Nature fait très bien les choses, et qu'il n'est nul besoin de jeter ou de brûler ce qu'elle produit. Elle s'occupe de tout elle-même ! En effet, c'est Dame Nature qui est à l'origine de la maxime "rien ne se crée, rien ne se perd, tout se transforme". Et en ce qui concerne les déchets verts, vous allez voir comme elle est super forte !

Si nous rétrécissions pour atteindre la taille d'une fourmi et que nous allions nous balader dans un jardin ou sous une haie, nous rencontrerions tout un tas de petites bestioles que l'on appelle les "détritivores" (bon, on les voit aussi si on se baisse au raz du sol et que l'on regarde attentivement, mais c'est moins poétique dit comme ça). Ces détritivores, vous en connaissez certains : vers de terre (lombrics, pour faire plus chic), cloportes, collemboles (non, pas Collargol !), acariens, mille-pattes, coléoptères... Toutes ces petites bêtes sont les agents d'entretien de la nature. Ils grignotent débris végétaux et animaux et les transforment en tout petits morceaux qui seront ensuite décomposés par les bactéries. Après leur passage le long de tous ces tubes digestifs, il ne restera de ces déchets qu'un tas de terreau de la plus belle qualité. Vous voyez où je veux en venir ?

Point de déchets verts dans nos jardins, non ! D'aucuns ont d'ailleurs parfaitement compris le truc et parlent même désormais d'or vert ! Vous vous fatiguiez à jeter chaque année les feuilles mortes qui recouvraient votre pelouse en automne ? Que diriez-vous de les stocker au pied de votre haie ? Vous feriez ainsi d'une pierre quatre coups, oui messieurs-dames ! (1) Vous offririez le gîte et le couvert pour l'armée des mini agents d'entretien de votre terrain tout au long de l'hiver, (2) vous offririez à votre haie un engrais 100 % naturel, (3) vous protégeriez les pieds de vos arbustes en cas de grand froid, et (4) vous feriez un geste pour la planète en économisant la dépense de carburant jusqu'à la déchetterie.

Et alors, ce qui est chouette, c'est que tout ceci fonctionne pour les feuilles, mais aussi les résidus de tonte et de taille, pour peu que l'on s'entoure de quelques précautions.
- pour les résidus de tonte : laissez sécher sur place l'herbe coupée en la retournant de temps pendant deux ou trois jours ;
- pour les résidus de taille : broyez les petites branches à l'aide de votre tondeuse à gazon.
Et ensuite, hop ! au pied de votre haie, de vos arbustes, et de vos massifs fleuris ! Miam ! C'est les détritivores qui vont être contents !

Allez, ne me dites pas que vous n'avez jamais entendu parler de ces techniques. Au moins, vous en connaissez le nom, non ? Si, si, rappelez vous : on appelle ça le compostage. Mais oui ! Vous connaissez ! Alors arrêtez d'acheter votre terreau en magasin et portez un regard neuf sur ces feuilles multicolores qui tapissent votre terrain !

Qu'est-ce qu'on dit ? Merci Dame Nature !

dimanche 21 novembre 2010

Idées reçues sur le lierre - 2ème partie.

Vous trouvez l'équation étrange? Pour la légende de l'illustration rusée d'Olivier, faut lire la suite !


Travaux pratiques de Tonton Olivier.
Pour les empereurs de la fainéantise, Olivier nous propose même une application exploitant divers avantages du lierre (voir épisode précédent) : feuillage persistant, bouturage, biodiversité associée. On pourrait ainsi énoncer la légende de son équation/illustration ci-dessus lumineusement pédagogique :

" Moche thuya tout malade voire même mort"
(remercions au passage l'avisé Bupreste,
coléoptère de son état,
pour sa judicieuse attaque)
+
"Boutures de lierre à 2 francs 25 la tonne"
=
"Totem de biodiversité à peu de frais pour fainéants notoires"


Idées reçues.
Le lierre n'est pas une plante parasite!
Non, non et re-non : elle ne suce pas, ne pique pas, ne vole pas, ne détourne pas la sève, ne serre pas, n'étouffe pas les branches et troncs ! Ceux que l'on nomme à tort suçoirs sont en réalité de simples ventouses.

L'apparition du lierre sur un tronc est même plutôt utile au forestier de par son rôle d'avertisseur. On peut la considérer comme un symptôme de faiblesse de l'arbre. Mais pas une cause de ses difficultés.
En effet, un arbre en bonne santé sait se défendre tout seul contre les parasites (arthropodes, bactéries, champignons, etc.) ou les plantes concurrentes en fabriquant et diffusant un arsenal de substances chimiques toxiques dans son écorce, son bois ou dans son environnement proche. Les raisons pouvant affaiblir les arbres sont nombreuses : sécheresse ou humidité excessive, tassement ou chamboulement du sol, tailles drastiques, pollutions diverses, etc.
Bref, lorsque l'arbre est faible ou malade, l'opacité et la vigueur de son feuillage déclinent. C'est lorsque l'accès à la lumière est facilité et que la concurrence chimique est réduite que le lierre peut croître plus vigoureusement sur les troncs et branches. Sa croissance est donc une conséquence de la faiblesse de son support mais n'en est pas la cause.

Au pire, il peut avoir pour effet d'accélérer la mort d'un arbre déjà bien dépouillé de ses feuilles en faisant un peu d'ombre aux dernières branches peu fournies. Mais le sort en était jeté à relativement court terme.

A suivre...

PS: toute notre reconnaissance émue et respectueuse à ceux qui donneront, dans les commentaires, le nom du piaf chantant dans la belle aquarelle d'Olivier.

Idées reçues sur le lierre - 1ère partie.

Le lierre (Hedera helix L.).
Voici bien l'une des plantes les plus malfamées !

Avec un pareil titre et sur un pareil blog, vous devez me voir arriver à des kilomètres avec mes gros sabots de plomb. Ben oui, j'arrive. Plutôt trois fois qu'une et même au pas de charge, lance à la main, la besace pleine d'arguments minutieusement affûtés et collectés, prêt à pourfendre le cliché avec autant d'ardeur que les fromages pasteurisés (et c'est peu dire que j'adore le lait cru).
Bref, il est temps de défendre l'infortuné végétal :

Intérêts du lierre.
1 - Ses fleurs sont extrêmement riches en nectar en fin d'été et début d'automne lorsque la pénurie de ce liquide est notable.
Si vous n'avez jamais vu la cohue invraisemblable de la foule des abeilles et autres butineurs sur ses fleurs, sachez que c'est un spectacle très impressionnant.
Qui se plaindra d'une plante si favorable à ces insectes sociaux ? Qui est prêt à clamer qu'il ne souhaite pas aider les abeilles m'enverra une déclaration sur l'honneur mentionnant qu'il refuse désormais de manger du miel ou tout autre produit en contenant !

2 - Ses fruits sont consommés par les oiseaux en hiver.
Les ennemis des oiseaux frigorifiés et affamés en hiver peuvent directement copier 100 fois : "j'avais bien conscience que la mortalité des passereaux était comprise entre 50 et 75 % durant l'hiver mais j'ai persisté à les priver davantage d'une nourriture saine et sans pesticides (comme c'est souvent le cas des graines achetées dans le commerce) parce que cela me procurait un grand plaisir. J'ai honte. Suis un vilain. Le ferai plus. Promis."

3 - Le feuillage du lierre forme un manchon de protection hébergeant un écosystème complexe, biologiquement très riche.
Toute l'année, insectes, araignées, mammifères, oiseaux, y trouvent refuge ou s'y chassent les uns les autres. Le lierre gardant ses feuilles en hiver, il protège d'autant mieux tout ce petit monde.
Pour enfoncer le clou, l'ONF classe même les sujets à lierre dans la catégorie des "arbres à haute valeur biologique". Et accrochez-vous bien à vos fauteuils : il est désormais obligatoire de maintenir à l'hectare un nombre minimum de ces arbres dans les forêts publiques. L'objectif étant de protéger la biodiversité. Allez-vous toujours sectionner le lierre au bas du tronc? Si oui, allez hop! Trois fois le tour du pâté de maison à cloche pied en marchant sur les mains.

4 - Ce manchon constitue un site de nidification idéal au printemps et/ou de protection contre le froid en hiver pour les oiseaux et même les chaleurs excessives en été.
Un grand nombre d'espèces doit commencer à construire le nid alors que les feuilles des arbres ne sont pas encore sorties. C'est pourquoi elles privilégient souvent les arbres couverts de lierre. C'est particulièrement vrai pour certains rapaces : l'aigle botté par exemple, peu fréquent et donc à soutenir.
Je sais, je sais, certains aiment l'idée de les voir patienter par -15°C sur les fils électriques avec un vent à décorner les bœufs. Mais bon, là, je ne peux plus rien pour eux, c'est sans espoir !

5 - Ses feuilles persistantes permettent au lierre de créer un masque visuel même en hiver dans une haie.
Il s'agit d'une opportunité avantageuse pour remplacer les thuyas qui abritent autant d'animaux que des arbustes en plastique, acidifient le sol et y stérilisent la vie. Le lierre s'avère robuste et sans exigence particulière d'entretien. Voilà comment concilier biodiversité et praticité. Si vous êtes fainéant, cette fois-ci, allez-y, manifestez-vous, cet argument, vous pouvez l'accepter sans honte !

6 - On peut l'utiliser comme plante couvre-sol.
En tant que plante autochtone un peu partout en France (et au-delà), elle est parfaitement adaptée à nos climats et sols. Elle se stabilisera donc aisément pour peu que vous n'apparteniez pas à cette catégorie de maniaques du rotofil qui ratiboisent l'herbe jusqu'à entamer les premières couches de terre. En relevant un peu la hauteur de coupe, non seulement vous épargnerez votre matériel mais en plus, le lierre vous aidera à lutter contre l'érosion, en particulier sur un talus. Si c'est pas merveilleux...

7 - Et enfin, cerise sur le gâteau, argument massue herculéenne, summum himalayen, le lierre est une plante que l'on peut bouturer aisément !!
Partagez-vous mon enthousiasme ? Non ? Hum ! Je ressens les ondes brouillées de cerveaux plongés dans quelque abîme de perplexité...
En gros, cela signifie que primo : même les pires jardiniers de balcon ont toutes leurs chances de le faire repousser (la preuve, j'y suis arrivé !) en pot ou en pleine terre. Secundo : la ressource est gratuite et ultra commune. Et je vous promets que personne ne vous dénoncera si vous prélevez seulement quelques-uns des plus jeunes rameaux !

A suivre...



dimanche 14 novembre 2010

Pourquoi protéger la biodiversité ?




Voilà une question que l'on entend souvent, particulièrement cette année, puisque 2010 a été proclamée Année internationale de la biodiversité.
C'est vrai qu'aujourd'hui, tout le monde ou presque est convaincu qu'elle est menacée et qu'il est nécessaire de la protéger. Mais pourquoi, en fait ? A quoi elle sert, la biodiversité ?

Eh bien chers lecteurs, sachez qu'une ribambelle de savants se sont posés cette même question. Et chose improbable, pour une fois, les chercheurs ont trouvé ! En effet, on a découvert que la biodiversité fournit tout un tas de services à la planète en général, et à l'Homme en particulier. Ces services ont été appelés "services écosystémiques", ou "services écologiques". Oui, ce sont des noms un peu compliqués, mais ce n'est pas surprenant, de la part des savants... Alors il faut s'y faire, c'est comme ça...

Plus sérieusement, la notion de services écosystémiques a été popularisée par les études réalisées au cours de l’Evaluation des écosystèmes pour le millénaire (Millenium Ecosystem Assessment), commandée en 2000 par le Secrétaire Général de l'Organisation des Nations Unies (ONU), Kofi Annan. Il s’agit d’un travail qui a réuni pendant quatre ans plus de 1360 experts scientifiques issus de près de 50 pays pour évaluer l’ampleur et les conséquences des activités humaines sur les écosystèmes dont dépendent directement la survie et le bien-être humain.

Alors j'entends déjà mes amis écolos protester : "Non mais ho, dis-donc ! La biodiversité n'est pas là que pour le bien-être humain ! C'est incroyable, cette façon de penser ! D'abord, elle était là bien avant nous ! L'espèce humaine est toute jeunette par rapport aux insectes, aux végétaux... sans parler des bactéries et autres organismes unicellulaires !"
C'est tout à fait vrai. Mais ce qui est intéressant avec cette approche très anthropocentrique (« la biodiversité au service de l’être humain »), c'est qu'elle se révèle un levier particulièrement puissant pour communiquer sur la nécessité de prendre en compte la biodiversité dans les décisions politiques (au sens le plus large) concernant l’aménagement ou la gestion d’un territoire, quelle que soit l'échelle où on se place : du monde entier jusqu’à... la jardinière de son balcon.

Les services écosystémiques ont été regroupés en quatre grandes familles :
- les services de support sont les services qui concourent aux grands processus de fonctionnement des écosystèmes : le cycle de l'eau, de l'azote, de l'oxygène (photosynthèse), la formation des sols, etc.
- les services d'approvisionnement sont impliqués dans la production de nourriture (agriculture, pêcheries), de fibres (tissus), de bois (chauffage, papier, mobilier), d'énergie (pétrole), etc.
- les services de régulation assurent le contrôle des maladies, des épidémies, des inondations, ou encore la purification de notre eau et la pollinisation de nos plantes et de nos légumes.
- Enfin, les services culturels sont ceux qui nous permettent de nous promener à pieds, en vélo ou à cheval, de pêcher ou de chasser, d'escalader les sommets ou d'explorer les fonds marins, d'observer la nature, etc. Ce sont ces services culturels qui nous offrent les douces sensations que nous ressentons devant dans une belle forêt, devant une chatoyante prairie fleurie ou près d'un facétieux torrent de montagne.
Par ailleurs, c'est sur ces services culturels que s'appuient en grande partie les articles de ce blog...

Ci-contre, une abeille en train d'effectuer son laborieux mais délicat travail de pollinisation (vous reconnaitrez aisément la patte de Guillaume pour le dessin).
Dans certaines provinces de l'Himalaya, les pollinisateurs sauvages ont fortement décliné en raison d'une utilisation massive de pesticides. Résultat : la pollinisation des pommiers est réalisée à la main, par hommes, femmes et enfants (source : biodiversité 2010)...

On ne s'en rend pas bien compte lorsque l'on fait ses courses au supermarché, mais sur les quelques 100 espèces culturales (fruits ou légumes) qui assurent 90 % des apports alimentaires de 146 pays, 71 sont pollinisées par les abeilles (essentiellement les abeilles sauvages), et plusieurs autres par les thrips, guêpes, mouches, coléoptères, phalènes et autres insectes (source, FAO). Honnêtement, vous vous rendiez compte de l'importance de ces petites bestioles toutes rikiki pour la pérennité de notre grande espèce humaine ?

Vous ne saviez pas trop pourquoi il faut protéger la biodiversité ? Maintenant, vous savez...

mercredi 3 novembre 2010

Des herbes hautes ? C'est du propre !

"Laisser pousser l'herbe dans mon jardin, dans les espaces verts publics ou sur les bords de route ? Quelle drôle d'idée ! Mais pour quoi faire ?
Bon, c'est vrai que c'est joli au cinéma ou à la télé. D'ailleurs, j'aime beaucoup les paysages des films qui parlent de grands espaces sauvages, comme "Danse avec les loups" ou "l'Homme qui murmurait à l'oreille des chevaux", mais je ne sais pas trop pourquoi, près de chez moi (ou pire, chez moi), c'est pas pareil... Les herbes hautes, je trouve que ça fait sale..."

Voilà un discours que l'on entend fréquemment lorsque l'on aborde le sujet épineux de la Nature en ville et de la fauche tardive en particulier. Je me suis souvent posé la question : pourquoi cette méfiance vis à vis des hautes herbes ? Comme mon camarade Guillaume, je suis convaincu qu'il y a là-dessous quelque chose de hautement culturel (voir son billet du 26 mai 2010), quelque chose qui remonte à fort longtemps, peut-être même à la nuit des temps.

En effet, il faut se rappeler que notre précieuse Espèce humaine n'a pas toujours eu cette place de choix en haut de la chaine alimentaire : oui, mesdames et messieurs, nous autres, humains, avons un jour été les proies de terrifiantes créatures telles que Lions, Panthères, ou encore Tigres à dent de sabre (voir la photo ci-dessous, retrouvée dans les fouilles archéologiques d'un campement préhistorique ; cliquez pour agrandir).

Ces épouvantables prédateurs n'hésitaient pas, on l'imagine, à se tapir dans les hautes herbes de la savane africaine (d'où nos ancêtres sont originaires) pour nous sauter dessus sans le moindre avertissement ! Et que dire de ces serpents venimeux, de ces scorpions, de ces araignées qui devaient également profiter de cette cachette providentielle pour mordre ou piquer le pauvre quidam imprudent ? Pas besoin de beaucoup de créativité pour se douter qu'à cette sombre époque, une balade dans les hautes herbes devait quelquefois se terminer au fin fond d'un estomac antipathique et étouffant. Sans compter ces plantes qui piquent, ces herbes qui coupent, qui brûlent, ou qui font tousser (ne les qualifie-t-on pas de "mauvaises herbes" comme si elles n'avaient qu'une envie : nous faire du mal ?)
Bref : nous avons donc appris, pendant des milliers d'années, à nous méfier des herbes hautes...

Alors quelle euphorie lorsque sont apparus faux, cisailles, sécateurs, tondeuses, coupe-bordure et autres engins de torture. Enfin il nous devenait possible de dompter cette hostile nature que nous redoutions tant ! Enfin nous pouvions la façonner selon notre bon vouloir, lui donner les formes que nous voulions, des formes rassurantes, des ronds, des carrés, et puis surtout : nous pouvions, ô joie ! ratiboiser l'herbe de manière à nous assurer qu'elle ne puisse pas dissimuler quelque maléfique prédateur ! Et c'est ainsi que sont apparus nos fameux jardins à la française, avec une Nature bien domptée, bien docile, bien géométrique, en un mot : bien propre, avec la raie au milieu, et pas un brin d'herbe qui dépasse.

Voilà donc, pour moi, la raison de notre amour pour ces gazons bien tenus, bien homogènes et bien rassurants. Bien sûr, nous continuons d'être attirés par ces grandes étendues sauvages que nous apprécions sur nos écrans, ou en vacances à la campagne. Sans doute parce qu'elles nous rappellent les moments où nous étions une espèce encore libre et sans contraintes. Mais nous avons néanmoins plus de mal à accepter cette sauvagerie trop près de chez nous... Peut-être avons-nous encore en nous, caché dans un de nos gènes, le lointain souvenir d'une gueule béante jaillissant d'une touffe d'herbes hautes.

Olivier


Complément de Guillaume: "De nos jours, les circonstances dans lesquelles nous éprouvons le contact avec la nature ont radicalement changé : la technologie (équipement, vêtements et protections corporelles), la médecine, le découpage de l'espace naturel, GPS (etc.) nous protègent dans presque toutes les configurations. Il faut donc profondément relativiser le danger représenté par la nature de nos jours. Même dans des régions tropicales plus risquées, les chercheurs n'hésitent plus à prospecter. Seules les personnes socialement défavorisées de ces contrées ou bien celles aux comportements notoirement imprudents des régions tempérées courent un risque. Or, notre volonté de contrôle sur la nature a atteint de tels extrêmes qu'elle n'a désormais quasiment plus aucun sens. Voire risque même de nous compliquer la vie à force de vouloir la détruire autour de nous. Et dans ces nouvelles conditions, ce n'est pas le retour des hautes herbes ici ou là qui ramènera cette menace. Alors, détendons-nous un peu et savourons en toute tranquillité les richesses qu'elles nous réservent."

lundi 1 novembre 2010

Fantaisies anatomiques - 2

Nouveau quiz foutraque pour les amoureux de la fantaisie littéraire et des bestiaires approximatifs. Proposez dans les commentaires des noms farfelus avec juste ce qu'il faut d'un semblant de logique pseudo-scientifique pour les créatures ci-après!
1 point par proposition rigolote et 1 point bonus pour la qualité, le style et l'imagination. Nous tenons les comptes et établissons un palmarès.
Et pensez aussi à consulter les autres planches sur d'hypothétiques amphibiens : Fantaisies anatomiques - 1.
Fantaisies anatomiques - 3.
Ou si vous n'êtes pas inspirés