lundi 18 novembre 2013

Fantaisies anatomiques - 4

Guillaume : "Dessiner un truc ressemblant procure un certain plaisir mais demande aussi une concentration susceptible de fatiguer un peu. Ah, quelle vie difficile que la nôtre, dessinateurs du dimanche !
Bref, se laisser aller à dessiner tout simplement ce qui vient, ça détend. Dans mon cas, ce qui sort instinctivement et naturellement de mon crayon n'est que rarement de ce monde.
Du coup, impossible de pratiquer mon activité favorite : mettre un nom sur des êtres vivants. Les clés d'identification habituelles ne fonctionnent pas... Déjà que parfois, c'est pas facile avec les clés ! Et encore faut-il qu'elles existent... D'ailleurs, j'en profite pour interpeller (Hé ! Ho ! On peut rêver, non ?) les vénérés hommes politiques qui dirigent notre pays depuis des décennies avec une infinie sagesse bienveillante et un désintérêt personnel exemplaire : "c'est quand vous voulez pour investir dans la mise à disposition d'outils de détermination naturaliste. Il existe une Fédération Française des Sociétés de Sciences Naturelles qui se charge d'éditer des ouvrages sur la faune de France. Pourquoi ne pas lui donner un gros coup de pouce ? Il y a des tonnes de tomes qui attendent d'être réactualisés, des hordes (peut-être pas, tout de même...) de spécialistes qu'on pourrait aider à terminer leurs recherches, leurs ouvrages. On pourrait aussi faire en sorte de rendre les prix des tomes publiés plus accessibles.
On parle là de toutes les bestioles ignorées, méprisées, confondues : punaises, syrphes, coléoptères xylophages, hyménoptères solitaires, etc. Et je vous passe les noms des sous-ordres, familles, tribus...
Mais le gros avantage, c'est qu'ensuite, de nombreux passionnés feraient le travail gratuitement ainsi équipés d'outils idoines !"

Olivier : "Hé, Guillaume, tu t'es endormi sur ton clavier d'ordinateur ! T'as la trace sur la joue. Je savais pas que tu parlais en dormant ! En tous cas, t'as bien déliré ! Waouw, t'es allé imaginer de ces trucs, carrément invraisemblables !"

Guillaume : "Ah, bon ? Mince. Il est trop tard, je vais encore être décalqué demain matin ! Je voulais juste mettre en ligne quelques vieux dessins pour le blog. Tu sais, la série "Fantaisies anatomiques" pour laquelle on demande aux lecteurs de nommer des bêtes imaginaires. Là, j'ai de quoi illustrer un thème aquatique."

Olivier : "Va-z-y ! Balance, ça tombe bien. Je suis un peu à la bourre sur les croquis des prochains articles. Comme toi d'ailleurs !"


Guillaume : "OK, chers lecteurs, à vous de jouer, donc ! De 1 à 3 points par réponse, selon la note scientifico-artistico-poétique que nous attribuerons en toute impartialité.
Vous pouvez répondre dans les commentaires ou par mail (cliquez sur la boite au lettres de notre page d’accueil)."


Ici, j'ai tenté le coup mais c'est p't-être pas très convaincant.





Plus de créatures et encore plus de points à gagner, ici :
Fantaisies anatomiques - 1
Fantaisies anatomiques - 2
Fantaisies anatomiques - 3


vendredi 1 novembre 2013

Buissonnons - 2 - Une vraie friche dans le jardin.

Huppe fasciée. Vous voulez l'accueillir ? Lâchez un peu vos outils de jardinage !

Aujourd'hui, je vous propose de jouer à un petit jeu qui risque de vous occuper durant des années. Un bien foutraque.
Le but est de développer une friche dans votre jardin. Balcons avec jardinières s’abstenir ! Je sais, c'est cruel mais c'est mon cas en ce moment alors je n'hésite pas à remuer le couteau dans la plaie...

Une vraie friche, c'est en gros un milieu contenant des petits buissons par-ci, par-là. Pas juste de l'herbe haute, donc. Par conséquent, il faut bien attendre deux ou trois ans sans la moindre coupe avant de les voir se développer dans une pelouse.
Par la suite, l'idée est de couper un tiers de votre jardin à un intervalle de temps régulier en fin d'année, lorsque toutes les plantes et animaux qui en dépendent ont terminé leur cycle de vie. Les deux autres tiers qui continuent à se développer assurent une zone refuge idéale pour tous ceux qui ont choisi de passer l'hiver accrochés dans les branches ou sur les tiges. Et il faut préciser que la friche attire des animaux spécifiques qui ne se plaisent ni dans les prés ni dans la forêt.
Libre à chacun de choisir son pas de temps préféré. Pour de la friche basse à tendance herbacée : tous les deux ans. Pour les procrastinateurs, on peut pousser jusqu'à 3 voire 5 ans. Il est à parier que dans le dernier cas, le troisième tiers fournira du bois de chauffage ! Il faudra sortir la hache...

Oui, c'est un fait oublié tant l'homme marque au fer rouge de son empreinte dominatrice la nature (1) mais rappelons que la forêt pousse toute seule. N'en déplaise à son orgueil hypertrophié.
Une variante amusante consiste d'ailleurs à choisir comme pas de temps une éternité. A n'en pas douter, vous (ou vos enfants) verrez grandir une forêt dans votre jardin fût-il au départ, engazonné et rasé de près.

Mmmhh... Je vous sens enthousiaste.

Allez, je suis bon prince, divisez plutôt le tout en 4 et entretenez l'un des quarts un peu plus souvent, histoire de pouvoir pique-niquer face à l'Hypolaïs polyglotte, la Pie-grièche écorcheur, au Tarier pâtre, la Fauvette grisette, la Huppe fasciée, au Flambé, aux Théclas, l'Azuré des Nerpruns, au Citron, au Gazé, etc.

Guillaume.

(1) Enfin, c'est ce qu'il se plaît à croire. Mais plus il tire sur l'élastique, plus il se le prend violemment dans la gueule...



A lire aussi : Buissonnons - 1 - Le jardin rêvé...

jeudi 10 octobre 2013

Déjà 3 ans et demi !

- Olivier : en lisant le dernier article de Guillaume, vous avez découvert le nouveau bandeau du blog. Il me semble que celui-ci mérite que l'on s'y intéresse quelques instants.
A mon sens, il est parfaitement représentatif du contenu de ce site à deux mains puisque c'est un dessin de Guillaume que j'ai colorisé.
C'est donc un petit cadeau que nous vous offrons pour fêter - avec quelques mois de retard - le troisième anniversaire du Retour aux Sources !

Et pour ne pas oublier les autres bandeaux qui ont accompagné nos textes foutraques et instructifs, les voici rassemblés ici, rien que pour vous !


Nous remercions les primo-visiteurs ainsi que les fidèles de la première heure, ceux qui ont eu le courage de lire - en entier ! - les 93 articles qui précèdent celui-ci !

- Guillaume : Bon sang ! 93 articles !
Oui, s'il y en a qui les ont tous lus, je leur tire mon chapeau et je leur témoigne ma reconnaissance émue. Surtout qu'en ce qui me concerne, j'ai une fâcheuse tendance à m'épandre en digressions achiletalonesques. Mais bon, c'est un défouloir. Écrit sur un ton ministériel, le blog ne serait pas lu, non ? J'avoue que le ton rageur-énervé me tente aussi mais je me contiens pour l'instant...
Et puis, c'est vrai, il y a les photos mais surtout les dessins pour égayer le tout. A ce propos, Olivier a raison de souligner le travail à quatre mains. Il y a très souvent une complémentarité entre le texte de l'un et le dessin de l'autre. Et Olivier est capable de tout dessiner sur commande. C'est ce que j'apprécie (et qui m'impressionne) quand je suis (souvent) à cours d'illustration. Il suffit de lui demander tel truc et hop ! Il le fait. De toutes façons, il sait tout faire !

- Olivier : on dit souvent que pour qu'un duo perdure, il faut que les deux partenaires s'estiment et s'apprennent mutuellement des choses. Je pense que c'est le cas pour notre duo. J'admire bigrement l'art de manier les mots dont fait preuve l'ami Guillaume. Je n'hésite d'ailleurs pas à le ranger parmi les poètes des temps modernes. Oui oui, carrément !
Et puis, il faut bien avouer que pour ce qui est des dessins, il n'est pas à la traîne ! Ceux qui ont eu la chance de contempler le panneau "zone refuge" qu'il a illustré sauront de quoi je parle. Et puis je vous montrerai aussi, un jour, si vous êtes sages, le dessin qu'il a réalisé pour mon dernier anniversaire ! Je vous assure qu'il vaut son pesant de noisettes !

- Guillaume : houlà, merci mais tu y vas fort, cher Olivier ! Pour une fois, je ne sais plus quoi dire ! Que d'émotions ! "Autant en emporte le vent" et "Sur la route de Madison" peuvent aller se rhabiller. Quant à nous, il est temps de mordre à nouveau dans les feuilles, blanches et vertes.

- Olivier : ce sera le mot de la fin !
A bientôt pour un nouvel article-fleuve !


mardi 1 octobre 2013

Les choses vraies - épisode 7

Lien vers l'épisode précédent

Enfin ! Nous y voilà :
La Sierra de la Culebra, autrement dit le "massif de la Couleuvre". Bien sûr, ce n'est pas la couleuvre que nous sommes venus traquer (voir les épisodes précédents). Le site est connu pour abriter une bonne population de loups. Ce n'est pas vraiment la période idéale pour les observer, mais nous sommes malgré tout emplis d'espoir.

Nous nous sommes installés en début de soirée. Nous formons une belle ligne sur un versant de colline et nous avons sorti longues-vues et jumelles pour scruter la plaine qui s'étire devant nous sur des kilomètres.


C'est parti. Une dizaine de paires d'yeux balaient le site en simultané. Chaque mouvement nous fait tressauter, espérer... Ici, un renard tout absorbé par les petits mouvements de l'herbe. Là, un oiseau qui rentre se coucher après une dure journée. Là encore, un chevreuil qui hume le vent d'un air inquiet. Tout au fond, un chat en maraude.

Quand tout à coup... Il est là : un long hurlement se fait entendre. Un autre suit, puis des jappements ! Le concert dure quelques secondes pendant lesquelles nous restons pétrifiés, extatiques. Le son s'arrête. Il est près de 21h30. Nous nous regardons tous, les yeux brillants, un sourire béat sur le visage.
On ne le voit pas mais il est là, sous nos yeux, dans cette plaine, caché dans un bosquet d'arbres, dans des fourrés. Il est là, à seulement quelques kilomètres !

La nuit tombe doucement. Nous restons encore quelques minutes, jusqu'à ce que nos yeux n'y voient plus goutte, le temps d'observer une famille de sangliers en pique-nique.


Il est désormais temps de lever le camp. Nous rangeons notre matériel optique et nous nous promettons de revenir le lendemain à l'aube...



Les dessins originaux, tirés du carnet de croquis


mercredi 31 juillet 2013

Les choses vraies - épisode 6

Dans le dernier article de la série "les choses vraies", qui relate mon voyage naturaliste en Espagne, j'évoquais le sublime et discret faucon kobez.
J'ai découvert la bête au plumage gris bleuté et aux yeux de braise à cette occasion et je ne pouvais pas en parler sans lui dédier un croquis...
Faucon kobez (Falco vespertinus). Photo : Ivan L.

A présent, procédons à un zoom arrière pour embrasser une vue d'ensemble des lagunes de Villafàfila. Régalons-nous de cet espace peu anthropisé (seuls quelques moutons et leur berger y poussent par-ci par-là) abritant toutes les ressources nécessaires au gîte et au couvert d'innombrables espèces d'oiseaux d'eau tels qu'avocettes, échasses, courlis, chevaliers, sternes, canards divers et variés... Ils se pavanent, se dandinent, ondulent, dérivent tels des badauds faisant leur marché, rien que pour le plaisir de nos yeux émerveillés. Nous y passerons plusieurs jours avant de gagner le site de la Sierra de la Culebra où nous attend le loup !


Le dessin original issu du carnet de croquis.

Mais pour l'heure, je crois que je vais m'arrêter sur ces images afin de ménager encore un peu le suspense !

dimanche 14 juillet 2013

Buissonnons - 1 - Le jardin rêvé...

Nouveau bandeau, renouvellement thématique.
Proposition pour de futurs travaux pratiques.
Ne plus chercher la solution en commissions.
Passer à l'action : notre but, notre mission.

Nous aimons nous lancer dans de nouvelles aventures. Nous peinons un peu à les terminer (si l'on peut considérer que des aventures se terminent un jour...). Mais je tiens à préciser que nous ne lâchons pas le morceau !
C'est comme le dessin. Le plus jouissif, c'est l'esquisse, les premiers jets, les débuts prometteurs.
Après tout, nous sommes dans l'esprit. Ce blog a été conçu pour une bonne part comme un prétexte pour dessiner...

Donc, nouvelle série d'articles pour ouvrir la porte des rêves. Les plus fous et surtout les plus foutraques.
Le blog foutraque et instructif sur la biodiversité, c'est bien ici.
Faisons l'école buissonnière, donc, mais dans le sens le plus littéral possible.

Buissonnons ensemble, voulez-vous?


Est-ce seulement possible ? Pourrait-on en voir, ne serait-ce qu'un seul ?

Un jardin qui ne consisterait qu'en un agencement subtil de ce que la nature proposerait spontanément aux alentours immédiats voire même de ce qui pousserait dans le terrain si l'on arrêtait l'entretien.

Un jardin dont le principe ne serait que de sculpter les écosystèmes locaux émis sans volonté expresse humaine.
Sculpter le terroir. Se reconnecter avec la logique du territoire. Savoir recevoir l'authenticité de la terre. Avoir l'humilité de s'accorder à son essence, à ses essences.

Une haie arborée gratuite dans 35 ans si vous résistez à la taille des bordures de votre limite de terrain.
Un bout de haie ? Bien. Abandonner une bande de terrain. N'y rien faire. Rien. Pendant des années.
Si. Tout de même, j'oubliais, c'est un jardin. C'est la règle du jeu. Le compromis avec la nature est recherché. Couper seulement ce qui dépasse du volume défini. Regarder pousser les ronces et puis couic ! Moins de 1,5 m, avez-vous dit ? Soit, va pour 1,5 m. C'est déjà inouï, inespéré, un long pavé de ronces
de 150 cm de côté.
Bien d'autres essences tenteront leur chance. Ici, les frênes prendront le meilleur départ. Là, les prunelliers domineront. Là bas, les cornouillers sanguins déborderont.
A chaque fois, la complexité, la richesse du patrimoine vivant local se reconstitueront devant vos yeux. Vous aurez à transmettre à vos descendants un espace plein de sens, en harmonie avec la terre, qu'ils verront eux-mêmes évoluer, dont la richesse continuera à se dévoiler.

Que recherchent ceux qui fuient le béton et l'agencement artificiel des espaces verts urbains où l'illusion de domination ostentatoire écrase du talon toute idée de nature ?
S'ils viennent pour en retrouver l’authenticité pourquoi s'empressent-ils d'y éradiquer tout ce qui en faisait la typicité pour n'y mettre que de l'artificiel, de l'exotique, de l'hybride fluorescent ou du transgénique à bandes spiralées et pompons rouges à crochets du Caucase oriental ?

Mmmh... Je ne comprendrai jamais... Je dois être un extrémiste.

La Pie-grièche écorcheur, ce passereau trapu ambitionnant la glorieuse condition de rapace de poche est typiquement l'oiseau lié aux haies champêtres autrefois si banales. Tout comme les prairies extensives qu'elles ceinturaient.
Cette toile de fond du paysage campagnard a pratiquement disparu aujourd'hui de certaines régions et partout elle est malmenée, remplacée par de la monoculture intensive à perte de vue, de la zone industrielle déprimante mais aussi du lotissement aseptisé et ses jardins artificiels clonés à l'infini (1).
Du coup, les effectifs de la pauvre bête se sont effondrés. C'est encore pire pour ses cousines (Pie-grièche grise et Pie-grièche à tête rousse) qui sont globalement devenues rarissimes en France.

Voici un croquis d'après nature d'un individu migrateur en halte près de chez moi (l'illustration ne fera pas date mais c'était une occasion rare de la dessiner. Je n'ai pas eu le temps de tergiverser ni de recommencer).

Pie-grièche grise (Lanius excubitor)

Pour finir sur une note positive, les solutions ne manquent pas. Chaque paysage décrit ci-avant (1) prendrait une autre allure et un autre intérêt pour la biodiversité si on ne faisait pas l'effort d'y gommer toutes les espèces autochtones. Une petite poignée de principes suffirait à rendre ces zones attractives pour la vie sauvage.
Est-ce que 150 m de haie champêtre autour d'un jardin de banlieue suffisent au retour de la Pie-grièche écorcheur ? Probablement pas, il faut un peu d'espace à la belle. Mais il faut bien commencer un jour et une foule de bestioles tout aussi fascinantes profiteront de l'aubaine. Et pour  n'avoir plus conscience du foisonnement de la vie dans des paysages tels que le bocage, nous peinons à imaginer ce que des initiatives positives de la sorte, cumulées, pourraient avoir comme résultat. Et je vous fais grâce ici, du discours sur la fauche tardive, souvent évoquée dans ce blog.

Dans le Morvan, alors que j'étais en vacances dans un gîte, j'ai vu depuis la cuisine, une Pie-grièche écorcheur se poster sur la haie (champêtre, forcément) qui bordait le jardin. Vous voyez, on ne sait jamais.

Faut y croire et se dépêcher d'agir.

Guillaume.

Une sorte de suite : Buissonnons - 2 - Une vraie friche dans le jardin.
 

lundi 8 juillet 2013

Les choses vraies - épisode 5

Suite à la lecture des épisodes 1 à 4 des "choses vraies", vous voici tout haletants et avides de savoir si j'ai pu apercevoir le loup lors de mon voyage de printemps en Espagne.

Eh bien, sachez que ce n'est pas encore aujourd'hui que je vais dévoiler ce secret. Après tout, nous avons tout notre temps. Rappelez-vous que nous nous sommes momentanément affranchis de notre monde de fous pour ouvrir les yeux - et les oreilles - sur les choses vraies qui nous entourent.

La scène qui nous intéresse aujourd'hui est donc d'une banalité délirante : nous sommes sur un chemin de terre, à proximité de zones humides accueillant une communauté d'oiseaux limicoles d'une grande diversité : les lagunes de Villafàfila.
Pourtant, nous avons laissé de coté jumelles et longues-vues pour nous régaler d'un pique-nique entre amis. Le soleil est au rendez-vous, même si les nombreux nuages et une petite flaque d'eau en forme de cœur nous rappellent les intempéries des derniers jours. Une brise légère caresse nos visages et nos bras dénudés. Nous dégustons de délicieux sandwiches-maison, accompagnés d'un gobelet de vin. Nos oreilles sont remplies du chant des oiseaux mêlé aux voix graves et mélancoliques d'un troupeau de montons.
Comment ne pas sortir carnet et crayon dans de telles conditions !

Pause pique-nique, sous les ailes des milans et crécerellettes.
Le croquis original, en noir et blanc.

Évidemment nous sommes là pour observer les oiseaux et on ne s'en prive pas ! Mais cela ne nous empêche pas de faire une pause touristico-culturelle dans les ruines du petit village de La Tabla, situé à proximité. Village dans lequel nous aurons la chance d'observer le rare Faucon kobez...

Escale touristique.
Croquis original en noir et blanc.
Qui avait remarqué le nid de cigogne accroché au toit de l'église ?

Fichtre, encore un nouvel article-pavé ! Je m'arrête donc là pour aujourd'hui et je vous retrouve dans quelques jours, avec des dessins tout frais...

samedi 29 juin 2013

Les choses vraies - épisode 4

Souvenez vous : nous sommes en Espagne, c'est le printemps et nous sommes sur la piste de nos plus grands carnivores européens : l'ours et le loup.
Après une traque humide et froide, mais ô combien récompensée, nous venons d'apercevoir le premier.
Les yeux emplis d'étoiles et le cœur léger, nous reprenons notre route afin de nous diriger sur le "spot" à loups espagnol : la Sierra de la Culebra.
Cependant, je suis accompagné d'insatiables ornithologues et notre chemin est ponctué de haltes au cours desquelles on déballe jumelles, longues-vues, et copieux casse-croûtes à base de jambon et de saucisson espagnol.

Première pause : nous avons quitté la montagne, et pour la première fois depuis notre arrivée, il fait beau. Voici enfin une occasion de sortir carnet et crayon du fond de mon sac pour un crobard en direct live !

Passage au dessus du Rio Esla, en direction de Villafàfila

La version en couleur

Quelques minutes plus tard, nous remontons en voiture et nous prenons la direction des Lagunes de Villafàfila, haut-lieu ornithologique où nous espérons croiser de splendides volatiles.
Serons-nous récompensés ? Vous le saurez sans doute, si vous repassez sur ce blog d'ici quelques jours.

dimanche 16 juin 2013

Croqui'histoire - 4

Aujourd'hui, je fais une petite pause dans la série des choses vraies pour vous raconter l'histoire du dessin des ours.
Comme vous le savez désormais, les conditions météo du début de notre semaine en Espagne ne m'ont pas permis d'ouvrir mon carnet de croquis.
Le dessin de l'article précédent a donc été fait tranquillement, bien au chaud à la maison.

Ce qui est original, c'est que c'est mon premier crobard entièrement réalisé à la tablette graphique, du crayonné jusqu'à la mise en couleur.
Voici ce que l'on peut voir lorsque l'on rend invisibles les différents calques de couleur.
J'ai utilisé pour cela le programme Gimp dont vous noterez au passage le réalisme de la brosse "crayon".
















dimanche 9 juin 2013

Les choses vraies - épisode 3

Dans l'épisode précédent, je vous racontais ma rencontre avec l'Espagne et son étonnant climat.
Une fois la surprise passée, nous avons rayonné durant quatre jours autour de notre camp de base situé à Pola de Somiedo - dans les Asturies - à la recherche des ours bruns, dont la population locale est beaucoup plus importante que celle de nos ours pyrénéens.
Notre temps s'écoulait entre :
- séances patientes, silencieuses et attentives d'observation - aux jumelles et à la longue-vue - d'un paysage cotonneux, percé ici et là d'une pointe de verdure cherchant désespérément à exprimer sa vigueur printanière.
Orchidée ayant réussi sa sortie. Photo : Bruno H.
 - échanges d'information enthousiastes avec des autochtones très ouverts et très désireux de nous faire découvrir leurs plantigrades favoris.
- casse-croûtes réconfortants et chaleureux, à base de saucisson, chorizo et jambon du pays.

Je n'ai pas eu beaucoup d'occasions d'ouvrir mon carnet à dessins durant ces quatre jours, en raison d'une météo capricieuse oscillant entre neige, grêle ou encore pluie (et même, parfois, un peu des trois en même temps). Le dessin qui suit est donc une reconstitution d'après les photos que nous avons prises.
"OURS !" (SMS et photos : Bruno H.)
Eh oui ! On l'a vu ! Ou plutôt on les a vus. Un gros mâle et une femelle qui se faisaient la cour, et que nous avons observés six heures durant (Antoine vous dira plutôt 5h30, parce qu'il est beaucoup plus rigoureux qu'Ivan et moi). Le mâle suivait la femelle, à quelques mètres de distance, et la paire s'arrêtait de temps en temps pour grignoter ou faire une petite sieste. Quel régal, juste avant de lever le camp pour la Sierra de la Culebra, "spot à loups" espagnol renommé !

Mais évidemment, ceci est une autre histoire...

samedi 1 juin 2013

Les choses vraies - épisode 2 (l'arrivée)

Chose promise, chose due : voici le deuxième épisode de mon voyage à la rencontre de la faune sauvage, la vraie. Celle qui possède des crocs tranchants et des griffes acérées.
Ce voyage, comme je le disais dans le message précédent, m'a conduit à découvrir l'Espagne, un pays que je ne connaissais pas, mais à propos duquel j'avais des préjugés en matière de climat. Préjugés qui - comme tout préjugé qui se respecte - se sont révélés inexacts.
On m'avait dit qu'il faisait beau et chaud en Espagne, parce que c'est le sud. J'avoue avoir été un peu surpris en découvrant cette vue au mois de Mai... J'ai même douté un moment, m'imaginant que nous avions fait 1200 km dans la mauvaise direction...

L’Espagne au mois de Mai - cliquez pour agrandir














Vous allez me dire que j'exagère. Que l'on peut faire dire n'importe quoi à un dessin. Vous voulez une preuve, c'est ça ?

Les aventures d'Olivier en Espagne (cliché : Bruno H.)














Mais qu'à cela ne tienne ! Maintenant que nous étions là, plus rien ne pouvait nous arrêter ! Ours et loups n'avaient plus qu'à bien se tenir !

La suite au prochain épisode, bien sûr !

mardi 21 mai 2013

Les choses vraies


Le dessin d'aujourd'hui possède une longue histoire, et celle-ci s'est déroulée en plusieurs étapes.
La vue que vous avez devant les yeux date d'environ un an. A ce moment, j'ai rejoint un vieil ami (je veux dire un ami de longue date, et non pas un ami âgé ;) dans les Pyrénées où nous avons passé trois jours à pister les ours bruns français.
Même si l'on n'a vu que des indices de présence, je garde un souvenir émerveillé de ces trois jours durant lesquels j'ai éprouvé un sentiment de totale liberté, chose qui ne m'était pas arrivée depuis des années. Imaginez-vous : un espace infiniment grand, cerné de montagnes grandioses. Aucune contrainte horaire autre que celle de manger quand vient la faim, de dormir lorsque la nuit tombe. Et surtout, l'impression d'avoir du temps à ne plus savoir qu'en faire. Le sentiment de renouer avec l'essentiel, avec ce qu'ont pu vivre nos aïeux. Pas de superflu, pas d'électricité, pas d'eau courante en dehors de celle de la source qui coule derrière la minuscule cabane de berger que vous apercevez au milieu de l'image, pas de réseau téléphonique, pas de messagerie électronique ! Juste des activités vraies, vitales : manger, dormir, marcher, rêver, partager, et l'impression d'un temps bien utilisé, le sentiment d'appartenir à un univers aux rouages millénaires bien huilés.

A ce stade de mon récit, vous souriez peut-être de me voir vanter avec nostalgie la simplicité de la vie tout en rédigeant un article pour un blog sur internet ! Mais c'est là qu'intervient la deuxième étape de cette histoire. En septembre dernier, j'ai assisté à une conférence de Pierre Rabhi, un agriculteur-penseur reconnu pour ses positions en faveur d'une agriculture humaniste et plus respectueuse de l'environnement. Cette conférence abordait la notion de "sobriété heureuse", de dénuement, de simplicité, ce qui a évidemment fait résonner en moi les souvenirs de mon voyage pyrénéen. A cet instant, j'avoue que j'ai un peu culpabilisé d'être aussi dépendant d'internet dans ma vie de tous les jours... jusqu'au moment où Pierre Rabhi nous a raconté qu'il ne lui semblait pas pertinent de dénoncer en bloc le progrès et les écrans, parce que ceux-ci pouvaient être mobilisés pour se rebeller contre un système trop inégalitaire, ou encore pour faire découvrir au plus grand nombre la beauté de notre monde. Et je crois qu'en effet, c'est bien ce que Guillaume et moi essayons de faire avec ce blog.

Me voilà donc réconcilié avec internet et je peux donc vous conter la dernière étape de mon histoire, celle qui a abouti au dessin d'aujourd'hui. Je reviens d'une semaine de vacances en Espagne avec une bande de potes, semaine au cours de laquelle :
- nous avons pu voir des ours en vrai,
- nous avons entendu une meute de loups pour de vrai,
- j'ai à nouveau pris le temps d'apprécier des choses devant lesquelles je passe le plus souvent à toute vitesse : des paysages simples ou sublimes, des instants de partage, des bons repas... Bref, des choses vraies. Et cette fois-ci, j'ai aussi pris le temps de les dessiner.

Le dessin qui illustre cet article est donc le premier d'une petite série, qui je l'espère, me permettra de vous transmettre une partie de la magie que je ressens lorsque je quitte notre monde de fous pour retourner dans le vrai monde !

A très bientôt !

vendredi 5 avril 2013

Un zizi pour patienter...

Merci à tous d'être si nombreux (selon nos modestes échelles, certes : 800 consultations par mois en moyenne) à consulter ce blog régulièrement malgré le manque récent d'assiduité des rédacteurs.
Une période un peu chargée a ralenti notre production habituelle mais n'allez pas penser que l'affaire est close.
Que nenni, il en reste encore dans la besace...
Le thème des friches et des haies nous taraude, en ce moment.
Pour patienter, voici un croquis d'après nature d'un adepte de ces milieux, le Bruant zizi, Emberiza cirlus.



Vous l'aurez remarqué, notamment pour ceux qui connaissent ce joli piaf, le résultat n'est pas fameux. Le bec, en particulier, pourtant typique chez les bruants, est raté.
Dans ma lunette ornithologique, je l'ai vu très long. Trop visiblement...
L'attitude est raide et manque de naturel.
Bref, c'est là toute la difficulté qui consiste à dessiner sur le terrain. Mais les erreurs sont salutaires et je recommencerai...

Bizarrement, je préfère, malgré des tas de petites erreurs, ces croquis que j'ai faits de tête quelques jours plus tard. Peut-être que l'observation a payé, finalement ?









Guillaume.

jeudi 14 février 2013

Et pour quelques gros-becs de plus...

Esquisses de préparation - Grosbecs casse-noyaux
On se demande toujours si l'esquisse n'est pas plus intéressante que la peinture soi-disant finie. Je me demande aussi...
En tous cas, voilà de quoi admirer encore un peu le gros bec de ce superbe oiseau, briseur de graines devant l'éternel (enfin, je me comprends !). Bec dans lequel il ne doit pas faire bon glisser un doigt.

Guillaume.

mercredi 2 janvier 2013

Rose : la couleur de la révolte ! - épisode 7 (témoin 4 : la Tachinaire)

Épisodes précédents :
1- Le Chardon est-il aussi abominable qu'on voudrait nous le faire croire ?
2- Quelles forces permettent au Chardon de subsister malgré les conditions hostiles que nous instaurons à son encontre ?
3- A qui profite le Chardon ? Les butineurs pour commencer !
4- A qui profite le Chardon ? Aux papillons !
5- Le témoignage du Morosphinx en faveur du Chardon et des fleurs qui lui ressemblent.
6- Le taon blanc



Chère Maman, cher Papa,

Voilà maintenant plusieurs semaines que vous n'aviez plus de nouvelles de ma part. Depuis le 28 septembre 2012 pour être exact, date de mon premier et dernier reportage au sujet du chardon pour la télévision.
Mes chers parents, excusez-moi et ne m'en veuillez pas ! Il se peut que vous ayez du mal à l'accepter mais je vis une histoire incroyable ! L'amour ! L'amour était dans le pré !
Oui, mes chers aïeux, je suis tombé amoureux ! Le mieux pour vous en convaincre, c'est encore de vous présenter la belle. Je suis sûr que vous me pardonnerez en constatant sa beauté sans pareilles :

Tachinaire sur chardon.


Son nom sonne comme une douce mélodie : Tachinaire...
Coup de foudre dès la première rencontre. Sous son air bougon et ses soies grossières, se cache une inoffensive petite bête presque pacifique : mon aimée ne se nourrit que de nectar. Certes, sa progéniture qui s'accroche à la première larve de passage, la dévore vivante, de l'intérieur. Mais elle a abandonné depuis déjà plusieurs semaines ces pratiques un tantinet cruelles mais si utiles au maintien des équilibres naturels (1). Ses lèvres proéminentes (en réalité, son péristome !) sont garanties sans botox ajouté ! Et lorsqu'elle me lance un regard amoureux, ce ne sont pas deux mais bien des centaines d'yeux (ommatidies) qui m'admirent passionnément.


Je n'ai pu risquer de vous la présenter avant son témoignage en faveur du Chardon rebelle, Robin des champs, de peur de compromettre sa présence au procès. C'est l'un de ses amis qui a généreusement pourvu à son alimentation, un indispensable à sa survie.
Mais surtout, oui, je dois l'avouer, j'ai peur des préjugés que notre relation pourrait provoquer. Si notre amour ne peut que se vivre, pour d'évidentes raisons d'incompatibilité physiologique, selon un mode platonique, je ne compte pas pour autant revenir en arrière au risque de vous déplaire. Elle m'a ouvert les yeux sur un nouveau mode de vie. Pour moi, il n'y a plus de mauvaises herbes (et pas plus d'insectes inutiles) mais des plantes hôtes pour les arthropodes. Et le Chardon en fait partie.

Papa, je te suis reconnaissant d'avoir fait ton possible, à ta façon, en me pistonnant à la télévision mais si tu veux vraiment aider ton fiston, utilise tes relations afin d'offrir une meilleure image des espèces sauvages qui tentent de vivre au plus près des hommes.

Et puis tu sais, si tu veux investir dans une communication rentable, sache que ma dulcinée est une vraie vedette ! Une double page lui a même été consacrée dans l'extraordinaire numéro 84 "Frissons d'ombelle" de la célèbre revue La Hulotte, la plus lue dans les terriers.

Je quitte mon poste de reporter et m'apprête à changer de vie. Je vais me consacrer à protéger cette vie sauvage que je découvre émerveillé. SNIF ! Je me sens déjà mieux de vous avoir dit tout cela et j'espère que vous l'accepterez...

Bises,

Philistin de Jolibourg.

(1) rôle d'auxiliaire du jardinier