dimanche 18 décembre 2011

Rappel de saison !

Après tout, si on écrit des trucs sur un blog, c'est pour qu'ils soient lus.
Donc là, on a un beau marronnier tout prêt, comme disent les journalistes,  à lire ou à relire. L'article de saison idéal.
L'arbre de Noël anti-cancer et autres joyeusetés et astuces de décoration écologique.

samedi 17 décembre 2011

Rose : la couleur de la révolte ! - épisode 4 (témoin 1 : le papillon)

 
Épisode 1


Chers auditeurs! Bonjour ! Ici, Sarah Plicq pour Verte Inter, la radio française pour la biodiversité. En direct du grand auditorium de Paris-Bercy ! Tous les médias sont dans la place pour couvrir l'événement de la semaine. L'opinion publique est en train de se forger une nouvelle icône. La cause que défend Robin des champs dépasse largement celle des seuls chardons ou de quelque autre fleur. Il s'agit du droit à la naturalité des espaces anthropiques ! Rien de moins ! Une façon radicalement différente d'envisager, d'aborder ces espaces, qui consisterait à cesser de regarder de travers toute plante sauvage qui aurait décidé de pousser sans notre permission.
Mais on peut douter de l'imminence d'une telle sagesse à la vue de cette scène, chers auditeurs : voici Robin des champs, le chef des chardons rebelles (1), menotté et encadré de près par les forces de l'ordre qui s'engouffre dans l'arène surchauffée de l'auditorium. Le tribunal initial était décidément devenu trop exigu pour contenir la foule des citoyens désireux d'assister à ce moment qu'on espère historique. Les nombreux membres des SAPIC (soutiens assemblés pour la protection internationale des chardons) témoignent d'ailleurs leur réprobation vis à vis d'un tel traitement ; la tension monte d'un cran et les voici brandissant une représentation volontairement enragée de leur héraut, scandant son nom en une transe percutante. "Robin ! Robin ! "

Alors que le juge peine à ramener le silence, j'aperçois le procureur que l'on dit affecté par les précédentes séances. En effet, sa stratégie superficiellement élaborée, par excès de confiance, est en cours de démembrement par la défense, certes un peu roublarde et railleuse, de Robin des champs ! On accuse aussi le procureur de conflit d'intérêt puisqu'il préside, comme vous le savez, l'organe de censure bien connu sous le nom de COSAC (Comité Officiel des Scientifiques Annihilateurs de Controverses)...

Mais attention, le procès va reprendre ; je vous laisse écouter les débats !

Le juge, pour la forme :
Monsieur le procureur, avez-vous une quelconque raison de vous opposer à l'écoute des témoins sollicités par la défense ? "

Le procureur, las, affalé dans son fauteuil, l'air absent, montrant la barre d'une main renversée :
" Allez, qu'on en finisse ! "

Le juge, surpris du manque de morgue :
"Bien. Droit au but ! M. Robin, vous avez la parole ! "

Robin des champs, mine ravie :
" J'appelle à la barre M. Gérard Blanchart. Pieris rapae pour l'état civil."

Gérard Blanchart, volète un temps de droite et de gauche puis se pose, hésitant, sur la barre :
"B... Bon... Bonjour, Gé... Gérard Blanchart, avec un "t", rep... représentant syndical de l'AILE : Ass... Association inter-espèces des lépidoptères européens. Je... Je suis un peu impressionné, excusez-moi. Grande inspiration.
Malgré mon grand âge, c'est la première fois que j'ai l'occasion de parler au nom de mes congénères. La première fois qu'on nous en donne l'occasion, d'ailleurs. En effet, je suis né le 16 mars 2011 à Choisy-les-près ! Oooh ! Ma mère n'a pas vraiment choisi cette bourgade pour son charme bucolique.
Le paysage dans lequel elle évolua à peu près toute sa vie ne fut constitué que d'une petite poignée de cultures différentes. Parmi celles-ci, une seule plante à fleur : le colza. A perte de vue, une seule culture nourricière pour ma butineuse de mère !"

Le procureur, sursautant, pensant tenir un filon inespéré :
" Alors, quoi ! D'aucuns se plaignent ici de ne pas avoir assez de fleurs à butiner. Et voilà que vous venez geindre alors qu'on vous en offre des hectares entiers. Qu'est ce, si ce n'est de l'ingratitude? "

Gérard Blanchart, humble :
"Monsieur le procureur, avec tout le respect que je vous dois, c'est un cadeau empoisonné. Au premier sens du terme comme au second. Je n'insisterai pas sur la teneur des produits habituellement vaporisés. Mais pour répondre précisément à votre allusion : de quoi imaginez-vous que nous nous sustentions en dehors de la période de floraison ? D'air pur ? D'eau fraîche. D'amour peut-être ? En certaines régions, il n'y a alors sur ces parcelles, plus une seule fleur sur des kilomètres à la ronde !"

Le procureur, vexé :
" Ah ! Qu'en sais-je, moi ? Vous êtes bien en vie aujourd'hui pour témoigner, non ? Et puis si ! Je sais ! Vous faites partie d'une infâme famille de papillons, les piérides, dont les chenilles croquent volontiers certaines de nos plantes cultivées parmi les crucifères : choux, colza, moutarde, etc."

Gérard Blanchart, la voix claire et assurée :
"Certes mais cela ne concerne que nos larves qui sont en général tuées par les insecticides des parcelles cultivées." Et tournant la tête vers le public : "comme celles de certains jardins ! Heureusement qu'elles arrivent encore à croquer des crucifères sauvages et saines !
Je concède aussi que certaines piérides ne sont pas des plus à plaindre mais je parle au nom de tous les papillons. Et peu nombreux sont mes congénères à même de venir témoigner ici ! Selon l'UICN (Union internationale pour la conservation de la nature), je cite : "les populations de près du tiers (31%) des 435 espèces de papillons d’Europe sont en déclin et 9% sont déjà menacées d’extinction". Et les estimations sont probablement sous-estimées.
Monsieur le procureur, c'est justement la santé ruinée par toutes les toxines qu'elle a pu ingurgiter sur les dernières fleurs d'un champ de colza,  à bout de force, affamée, que ma mère a fini par pondre l’œuf qui me contenait. La pauvre a erré des jours entiers sans trouver le moindre coin un peu diversifié où se nourrir. Parce que, consciencieuse et dévouée, elle voulait m'épargner cette plante à fleurs jaunes. Finalement, elle a échoué sur une oasis du pauvre. Une maigrelette bande enherbée régulièrement ratiboisée bordant une route communale. Rien de bien glorieux ! Par chance, quelques pieds d'une crucifère, la Cardamine hirsute (Cardamine hirsuta) poussant par là, j'ai pu, à l'état de chenille, m'y développer. En effet, les feuilles basales de cette plante comestible, même pour vous, M. le procureur, sont les plus charnues et échappent aux lames de vos machines qui décapitent ses fleurs. Cette cardamine étant commune, j'ai trouvé l'énergie pour me métamorphoser."

Le procureur, irrité :
" Épargnez-nous vos digressions mélodramatiques. Ne nous mystifiez pas avec votre récit tire-larmes hors-sujet !" Beuglant : "Hors sujet ! Les chardons ne semblent donc pas vous être d'une quelconque utilité !" 
Gérard Blanchart, laissant poindre une once d'exaspération :
"Bien, bien, M. le Procureur, je ne faisais que répondre à vos remarques sur les plantes hôtes des larves de piérides... Si vous tenez tant à entendre la partie de mon témoignage qui vous portera tort... Qu'il en soit ainsi.
Après ma métamorphose, j'émergeai miraculeusement au sein d'un vaste carnage de végétaux méconnaissables : hachés voire pulvérisés par des lames rotatives surpuissantes. Pas la moindre goutte de nectar à siroter. Fort de l'enthousiasme de ma jeunesse, je ne me démontai pas ! J'entrepris d'explorer ce monde à la recherche de quelque moyen de me sustenter. Et là, j'avoue que moi même n'aurai ni le courage ni la patience de vous narrer le détail de toutes mes déconvenues et déceptions.
Tondues, rasées, broyées, fauchées, ratiboisées... Les parcelles enherbées s'apparentaient toutes à des tapis de billard sans grand intérêt nourricier.
Et combien d'espoirs déçus ! Parfois, à la faveur d'un heureux relâchement, du trèfle riche en nectar tentait une sortie. Bah ! Douche froide. A peine la ruée des abeilles y barrait l'accès par une impénétrable cohue qu'un coup de lame plongeait tous les insectes dans les affres de la famine.
Parfois aussi, mes stigmates battirent la chamade à la vue de grosses fleurs horticoles aux couleurs exubérantes. M'y précipitant, j'imaginai me lover dans des torrents de nectar. Ah ! Le plus souvent, de maigres gouttelettes affreusement inaccessibles à ma trompe pourtant longue ou des fleurs au comportement de pimbêche négligeant leur rôle nourricier au profit de couteuses tenues d’apparat...
Une journée d'été, affamé et à bout de force comme ma mère en son temps, j'avais négligé la recherche d'un abri afin de passer la nuit. Le souffle d'un orage me surprit. Arraché en un éclair, je passais la nuit emporté dans les airs. A demi-conscient.
Je me réveillai le lendemain dans de l'herbe plus haute qu'à l'accoutumée, au pied d'un poteau de bois. Curieux, j'y  grimpai pour lire au sommet sur un panonceau : "Refuge de nature". Je voyais autour de moi un espace vert dans lequel un tiers des parties enherbées avait échappé à la tonte depuis au moins ma naissance !! Incroyable ! Je repérai tout de suite les chevelures hirsutes des chardons: des Cirses lancéolés (Cirsium vulgare) et des chardons des champs (Cirsium arvense). Et pour une fois, il n'y avait pas tromperie sur la marchandise : une belle fleur tape-à-l'œil mais aux multiples corolles gorgées de nectar ! J'étais sauvé ! Oh, certes, vue l'attractivité des fleurs, il y avait quelques petites altercations avec des bourdons, des abeilles, des congénères voire même quelques prédateurs.
Mais je ne me plaindrai pas. Les chardons furent les oasis de nectar ponctuant mon périple ! J'y ai même rencontré ma femme. D'ailleurs, je dois partir, elle va bientôt pondre ! Je vais encore être Papa et je ne veux pas rater cela ! Bref, les chardons ont changé et sauvé ma vie ! Au revoir "
Sarah Plicq, pour Verte Inter ! Alors que Gérard Blanchart s'éloigne la défense de Robin des Champs en profite pour exhiber quelques preuves photographiques. Je reconnais une photo de Gérard Blanchart lui-même, dans son habit blanc et jaune. Il y a aussi un demi-deuil en noir et blanc et un grand nacré. Et puis le procureur se prend la tête entre les mains. Il demande une pause. Je rends l'antenne. A vous, Paris !



 


Guillaume 

PS : merci à Olivier pour le portrait du Chardon en furie nectarifère !

samedi 10 décembre 2011

Interruption dépendante de notre volonté...

L'irruption attendue d'une petite d'homme dans le quotidien d'un des rédacteurs pourrait expliquer un certain ralentissement du rythme des publications...
Difficile de faire des câlins ou de changer une couche tout en tapant sur un clavier...