vendredi 29 octobre 2010

Auprès de ma Berce, qu'il fait bon, fait bon, fait bon... 4ème



Sur mes chères berces, je n'ai pas photographié (ou parfois mal) tout ce que j'ai pu voir. La sélection des fantastiques créatures ne sera jamais exhaustive mais peu importe après tout.

Voici pour l'instant un représentant d'une famille de guêpe, les Sphecidae, qui ont des mœurs pour le moins radicales ! Les adultes capturent des insectes (souvent des orthoptères et des chenilles de papillons) mais aussi des araignées qu'ils paralysent. Les infortunées proies sont ensuite introduites dans un nid dont les formes sont des plus diverses : terrier creusé dans un sol de sable ou de terre battue, nid confectionné à l'aide de brindilles, petites urnes de terre mélangée à de la salive, etc. Des œufs sont pondus dans les proies ; les larves qui en sortent les dévoreront encore vivantes à l'abri, dans le refuge conçu par leurs parents. Ces derniers se nourrissent quant à eux souvent sur les fleurs en y sirotant le nectar.
La bestiole du jour se nomme plus précisément Isodontia mexicana.
Sa spécialité semble être les orthoptères et son nid est constitué de brindilles agencées dans des failles et anfractuosités allongées. Cette espèce exotique provient d'Amérique et se propage petit à petit dans toute la France. Elle se distingue par sa livrée entièrement noire alors que la plupart de ses cousines autochtones allient le rouge et le noir. Sa taille est assez remarquable puisqu'elle doit bien approcher les 3 cm de long.
Elle s'adapte visiblement à de nombreux milieux et on peut la rencontrer dans les jardins. On ne sait pas si elle posera les graves problèmes de certaines autres espèces envahissantes (souvent qualifiées d'invasives) animales ou végétales. De toutes façons, il est probablement trop tard pour entreprendre quoi que ce soit contre elle et il faut bien avouer que la voir promener son impressionnante carcasse sur les ombellifères est un spectacle fascinant.


PS: Je continue à vous recommander très chaudement le numéro 84 de la célèbre revue naturaliste La Hulotte, intitulé "Frissons d'ombelles" qui m'a donné envie d'observer la faune des berces.



jeudi 21 octobre 2010

Fantaisies anatomiques - 1

Détendons nous un peu à l'aide du jeu suivant.
Observez attentivement les dessins ci-dessous et sans utiliser un guide de terrain sur les amphibiens, donnez les noms de ces quelques espèces de la région Poitou-Charentes...
1 point par bonne réponse. Une certaine tolérance s'appliquera quant à la formulation des noms vernaculaires...
A voir aussi : Fantaisies anatomiques - 2.

lundi 18 octobre 2010

Auprès de ma Berce, qu'il fait bon, fait bon, fait bon... 3ème partie.

ACTE I, SCENE I:

Le rédacteur sentencieux : « La vie sur les Berces n'est pas un long fleuve tranquille et la mort se tapit souvent en embuscade parmi leurs blanches fleurs à la pureté cruellement trompeuse. Loin de chercher les sombres recoins, les voiles d’ombres portées déroutantes, elle frappe au grand jour, par une implacable attaque puissamment illuminée, n’épargnant aucun détail. Son nom : Thomise ! »

Le lecteur s’esclaffant : « Hein ? Quoi ? Denise ? Mais quel nom ridicule ! La mort s’appelle Denise ! Je suffoque de rire ! ».

Le rédacteur consterné : « Mais non ! Thomise ! Avec un T, un H, un O et un M ! C’est beaucoup plus effrayant ! C’est une araignée crabe qui capture des proies parfois beaucoup grosses qu’elle : guêpes, abeilles, coléoptères, tout y passe ! Son efficacité est surprenante ! Mais bon, là, l’effet est retombé comme un soufflet ! Magnifique ! Merci ! Espérons au moins que les gens auront moins peur de ces pauvres araignées si utiles pour réguler les populations d’arthropodes.»

Le lecteur perplexe : « Mouais, bof…De toutes les façons, les araignées ne sont pas réputées pour être des reines de beauté, difficile de les apprécier malgré les services rendus ».

Le rédacteur remonté : « Que nenni ! Certaines de ces araignées sont souvent camouflées en ayant la même couleur que la fleur sur laquelle elles attendent. On en trouve ainsi des jaunes citrons, des vertes, des pas mûres, des blanches, des brunes, des blondes et même des roses. La mort en rose, cela ne vous sied-il toujours pas? »

Le lecteur songeur : « Mmmh, alors, va pour la mort en rose… »

Le rédacteur revigoré : « Bien ! Bien ! Permettez moi-donc de vous la présenter. Il me faut pour cela procéder à quelque licence. M'autorisez-vous? »

Le lecteur lassé des manières : « Certes, oui. Mais allez au fait ! »

Le rédacteur obséquieux : « Je dois pour cela faire un écart à la procédure. La créature qui nous intéresse n'est point postée sur une Berce. Mais sur un chardon ! »

Le lecteur enragé: « AH! Non, parbleu ! D'abord d'horribles araignées en costumes roses puis d'infâmes chardons ! Non mais qui voulez-vous intéresser ? Avez-vous perdu la raison ? »

Le rédacteur tourmenté : « Mais bon sang ! De quelle infamie parlez-vous? L'araignée tire sa beauté de celle de la plante, en quelque sorte. Regardez-y mieux avant de juger. Et la bête et la fleur. »




Le lecteur désarçonné : « Oh ! La belle ! Oh! Quelle élégance ! Je n'en crois pas mes yeux... »

Le rédacteur apaisé : « En effet. Mais ne vous y trompez pas. Toute guêpe de passage sera promptement paralysée et digérée. Quant à sa couleur, nulle guêpe n'a témoigné : on ne sait si elle rend la mort plus douce. »


Auprès de ma Berce, qu'il fait bon, fait bon, fait bon... 2ème

Voici présentées dans un joyeux désordre, quelques-unes de ces fameuses petites merveilles miniatures visibles sur les berces.


Gasteruption jaculator. Quel nom, mes amis !! Les larves sont des parasites de certaines abeilles solitaires et les adultes se nourrissent de nectar.

Cette gracile cousine des guêpes ne dépasse guère 15 mm.











Magritte aurait pu dire: "Ceci n'est pas une guêpe!". Ben oui, pardi ! C'est une mouche ! Enfin, l'image d'une mouche pour ne pas froisser le fameux peintre. Une image qui se prendrait pour une guêpe...

Nom: Stratiomys potamida en latin. Stratiomys potamida en français vernaculaire. Et Stratiomys potamida pour les intimes.




Voici maintenant Oedemera nobilis dont les mâles présentent la caractéristique d'avoir d'épais cuissoux, à peine insuffisants pour réaliser de décents confits. Ce petit coléoptère est très commun sur toutes sortes de fleurs. Retenir son nom vous offrira à coup sûr moult occasions de briller en société pour des efforts réduits au strict minimum. C'est un peu fourbe, certes... Mais rien ne vous empêche de le retenir pour le plaisir du partage de la découverte avec vos amis. Et nommer les êtres vivants, c'est aussi une façon de leur reconnaître une existence, une réalité. Or, il est difficile de protéger ce qu'on ne connaît pas encore. Révéler cet animal aux yeux du monde, c'est déjà faciliter sa préservation et celle des fleurs qu'il visite. A bon entendeur...



Auprès de ma Berce, qu'il fait bon, fait bon, fait bon... 1ère partie.

Ah ! La Berce. Ma chère Berce...


Plutôt qu'une simple plante à fleurs, il s'agit d'un bouillonnant complexe de pistes d'atterrissage. Un véritable aéroport à insectes et son lot d'encombrement, de frénésie, sa multitude en transit. Il n'est pas rare d'observer sur un seul de ses pieds, plus d'une dizaine d'espèces d'arthropodes (dont quelques araignées crabes) en même temps.

La diversité des bestioles y est si foisonnante que la célèbre revue "La Hulotte" a consacré un numéro spécial à cette impératrice de la biodiversité et à ses sbires arthropodes. Je vous recommande d'ailleurs très chaudement ce numéro 84, intitulé "Frissons d'ombelles".


Personnellement, au risque de passer pour un vrai taré, je confesse attendre avec impatience la floraison de la plante (qui se fait attendre : fin juin à juillet selon les saisons) pour observer cette foule de bestioles merveilleusement étranges, bizarres ou simplement magnifiques.


Comestible, alimentaire, refuge pour les insectes hivernants (par exemple, des coccinelles dans sa tige creuse), elle a aussi de quoi séduire les humains qui feraient bien d'en épargner quelques pieds dans leurs jardins si le destin a bien voulu leur offrir les conditions de sa croissance (sol riche et plutôt frais).

Les graines ci-contre de la plante se récoltent aisément et peuvent être resemées dans un sol plutôt riche
et frais.

Néanmoins et pour être parfaitement honnête, il faut préciser que la plante fraîche peut occasionner des brûlures par photosensibilisation : les parties de peau nues s’étant frottées (pas juste effleurées occasionnellement comme l’ortie) à la belle puis exposées au soleil se transforment en plaques plus (parfois sévèrement) ou moins (certains chanceux sont insensibles) douloureuses. Porter un pantalon et des manches longues suffit à s’en protéger. Quand vient le temps de la couper, si vous pratiquez le fauchage tardif en particulier, la plante sèche n’est plus guère virulente.


Dernière précision, sa cousine la Berce géante du Caucase (Heracleum mantegazzianum) est une plante considérée comme invasive (envahissante en provenance du Caucase, donc). Elle tente actuellement de reconquérir le territoire qu’elle occupait avant les glaciations. Ses blessures sont beaucoup plus dangereuses et redoutées. Elle fait souvent l’objet d’éradications.


La Berce commune (Heracleum sphondylium) est une plante bisannuelle de la famille des ombellifères, désormais appelées apiacées. Il ne sera question que de la Berce commune dans ce blog sauf précision explicite.

De futurs articles détailleront la diversité des observations possibles sur cette plante fabuleuse.