mardi 21 mai 2013

Les choses vraies


Le dessin d'aujourd'hui possède une longue histoire, et celle-ci s'est déroulée en plusieurs étapes.
La vue que vous avez devant les yeux date d'environ un an. A ce moment, j'ai rejoint un vieil ami (je veux dire un ami de longue date, et non pas un ami âgé ;) dans les Pyrénées où nous avons passé trois jours à pister les ours bruns français.
Même si l'on n'a vu que des indices de présence, je garde un souvenir émerveillé de ces trois jours durant lesquels j'ai éprouvé un sentiment de totale liberté, chose qui ne m'était pas arrivée depuis des années. Imaginez-vous : un espace infiniment grand, cerné de montagnes grandioses. Aucune contrainte horaire autre que celle de manger quand vient la faim, de dormir lorsque la nuit tombe. Et surtout, l'impression d'avoir du temps à ne plus savoir qu'en faire. Le sentiment de renouer avec l'essentiel, avec ce qu'ont pu vivre nos aïeux. Pas de superflu, pas d'électricité, pas d'eau courante en dehors de celle de la source qui coule derrière la minuscule cabane de berger que vous apercevez au milieu de l'image, pas de réseau téléphonique, pas de messagerie électronique ! Juste des activités vraies, vitales : manger, dormir, marcher, rêver, partager, et l'impression d'un temps bien utilisé, le sentiment d'appartenir à un univers aux rouages millénaires bien huilés.

A ce stade de mon récit, vous souriez peut-être de me voir vanter avec nostalgie la simplicité de la vie tout en rédigeant un article pour un blog sur internet ! Mais c'est là qu'intervient la deuxième étape de cette histoire. En septembre dernier, j'ai assisté à une conférence de Pierre Rabhi, un agriculteur-penseur reconnu pour ses positions en faveur d'une agriculture humaniste et plus respectueuse de l'environnement. Cette conférence abordait la notion de "sobriété heureuse", de dénuement, de simplicité, ce qui a évidemment fait résonner en moi les souvenirs de mon voyage pyrénéen. A cet instant, j'avoue que j'ai un peu culpabilisé d'être aussi dépendant d'internet dans ma vie de tous les jours... jusqu'au moment où Pierre Rabhi nous a raconté qu'il ne lui semblait pas pertinent de dénoncer en bloc le progrès et les écrans, parce que ceux-ci pouvaient être mobilisés pour se rebeller contre un système trop inégalitaire, ou encore pour faire découvrir au plus grand nombre la beauté de notre monde. Et je crois qu'en effet, c'est bien ce que Guillaume et moi essayons de faire avec ce blog.

Me voilà donc réconcilié avec internet et je peux donc vous conter la dernière étape de mon histoire, celle qui a abouti au dessin d'aujourd'hui. Je reviens d'une semaine de vacances en Espagne avec une bande de potes, semaine au cours de laquelle :
- nous avons pu voir des ours en vrai,
- nous avons entendu une meute de loups pour de vrai,
- j'ai à nouveau pris le temps d'apprécier des choses devant lesquelles je passe le plus souvent à toute vitesse : des paysages simples ou sublimes, des instants de partage, des bons repas... Bref, des choses vraies. Et cette fois-ci, j'ai aussi pris le temps de les dessiner.

Le dessin qui illustre cet article est donc le premier d'une petite série, qui je l'espère, me permettra de vous transmettre une partie de la magie que je ressens lorsque je quitte notre monde de fous pour retourner dans le vrai monde !

A très bientôt !