jeudi 16 décembre 2010

Ça va mieux en le lisant...

On a adoré le ton ravageur et roboratif de cet article. La demoiselle n'a rien a perdre dans l'affaire et ça se sent dans les mots qui tranchent et qui cognent.
Et mine de rien, la plupart des écueils de la gestion moderne des espaces verts est passé en revue. De la quasi-brutalité des machines employées aux performances disproportionnées par rapport aux enjeux et objectifs, jusqu'à l'absurdité de la gestion d'espaces dont on ne peut même plus jouir.
Du travail brutal, austère jusqu'à l'os, couteux jusqu'à la moelle et pour un résultat inexploitable.
Plus bête, tu meurs. Et pourtant si vrai !

On aurait bien voulu être aussi radical (et juste!) parfois mais (déformation professionnelle oblige?) on n'a pas autant lâché les chevaux.
Alors bonne lecture.

Cliquez donc ici.

lundi 13 décembre 2010

L'arbre de Noël anti-cancer

Un arbre de Noël écologique ? C’est possible ! Et on peut même faire encore mieux !


Ceux qui connaissent nos préconisations visant à favoriser la biodiversité et de façon plus générale notre patrimoine naturel savent que nous recommandons fortement l’utilisation et la plantation des espèces végétales sauvages et locales. Leur adaptation aux sols et climat régionaux font des arbres et arbustes autochtones des plantes idéales en tous points.

Attrait optimal pour la faune locale (insectes, mammifères, oiseaux, etc.) loin devant les espèces exotiques et variétés horticoles, mais aussi robustesse et résistance, entretien minimal et même prix les plus bas en cas d’achat en pépinière. Alors pourquoi s’en priver ?

Les sapins de Noël vendus avant les fêtes sont des conifères, généralement des épicéas (Picea abies) et parfois des sapins vrais. Dans tous les cas, ce ne sont pas des espèces poussant naturellement en plaine. Pourtant, elles ont parfois été plantées abondamment hors de leurs aires de répartition originelle (zones montagneuses). D'ailleurs, les forêts exemptes de conifères sont devenues vraiment rares en France. Même des forêts réputées comme celle de Fontainebleau sont concernées (en l'occurrence avec des Pins sylvestres, Pinus sylvestris).

Nous savons désormais que ces plantations denses de conifères ont des impacts négatifs sur la flore et la faune locale. En effet, la dégradation de leurs aiguilles dans la litière nécessite la production d’acides puissants émis par des champignons. Il s’ensuit une acidification du sol néfaste à la majorité de la biodiversité locale.

Nous vous proposons donc des alternatives via d'autres espèces qui croissent naturellement en plaine. Elles éviteront ainsi en dehors des régions montagneuses, la culture ou la replantation (fausse bonne idée sauf avec des espèces locales) de végétaux peu attractifs pour la biodiversité dans les jardins, les forêts, les espaces publics, etc.

L’if (Taxus baccata) est l’un des rares conifères de plaine. Connu depuis les débuts de l’histoire, c’est une espèce dont on utilisait le bois pour réaliser les plus redoutables arcs. Les forêts riches de cette espèce étaient considérées comme des arsenaux !

Rappelez-vous ! A Azincourt, les archers anglais ratatinèrent la cavalerie française dont l'orgueilleux sentiment de supériorité méritait peut-être une remise en cause radicale. Défaite quasi roborative puisque les français changèrent de stratégie rengainant l'héroïsme crétin des charges bourrines pour dégainer la fourberie terriblement efficace des nouvelles armes à feu. La France remporta la guerre mais l'If avait tout de même payé un lourd tribu pour contribuer malgré lui à décimer les hommes.
Son aire de répartition fut ainsi réduite à tel point que l'if disparut de nombreuses régions dans le milieu naturel. A part dans les cimetières et quelques jardins de prestige, plus question de le trouver. Ce sont donc les armes à feu qui ont sauvé l'espèce en la rendant obsolète...

Il faut aussi remarquer que les propriétés antithétiques de l'if ont entretenu une ambiguïté certaine. Il symbolise autant la mort que la résurrection d'où sa traditionnelle plantation dans les cimetières.

D'une part, toute la plante est toxique à l'exception de la partie charnue rouge des fruits appréciés des oiseaux mais aussi des hommes (mais attention aux graines!). D'autre part, sa longévité légendaire (jusqu'à 2000 ans !) et sa forte capacité à rejeter de souche ont alimenté sa réputation de vigueur.

Mais d'autres caractéristiques lui confèrent de nombreux avantages dignes de redorer son blason.
Concernant la biodiversité d'abord (on ne se refait pas !).
Comme nous le rappelle l’OPIE (Office pour les insectes et leur environnement), il abrite une faune spécifique et diversifiée même si moins abondante que d’autres arbres locaux. On dénombre tout de même 8 espèces différentes d’arthropodes liées à l’if.

Et maintenant, pour le bon plaisir des humains.
Au jardin, l’if peut se replanter en haie (à la place des thuyas qui dans notre région ne nourrissent spécifiquement qu'une seule espèce d’insecte) ou en sujet isolé. Il est réputé pour bien supporter les tailles lui conférant des formes excentriques et ornementales. On le retrouve encore abondamment dans les jardins de prestige. En tant qu’arbre de Noël, il peut encore remplacer les épicéas ou les vrais sapins. Il ne perd pas ses aiguilles en hiver et se pare en outre de baies rouges du plus bel effet en automne.

Encore un atout. Sa croissance assez lente autorise de le planter dans un grand pot. On peut alors le maintenir à taille modeste par des coupes régulières afin de l’utiliser tous les ans pour les fêtes. Plus besoin de racheter, même plus besoin de (souvent mal) recycler.

Cerise sur le gâteau, la médecine moderne lui a découvert un avantage pachydermique capable de rattraper ses méfaits ancestraux. On extrait du conifère une molécule anti-cancer très efficace appelée "Taxol". Pour en savoir plus, nous vous proposons de visiter le site de l’association « Collect-if » qui explique toute la démarche de collecte gratuite des coupes d’if. Vous êtes concernés si vous avez des ifs ou si vous voulez planter cette espèce traditionnelle.

Avec l'if, nous avons donc bien affaire à un arbre de Noël anticancer. A deux pas de chez nous. Terrible, non ? Et dire que nous éradiquons les plantes de nos régions sans imaginer les potentiels services rendus...


Autre arbre de Noël alternatif, le superbe Houx (Ilex aquifolium), autre espèce autochtone, possède les mêmes qualités ornementales que l’if : feuilles persistantes et baies rouges (à condition de choisir des pieds femelles). Il peut aussi se planter en haie ou en ornement. La croissance de cet arbuste n’est pas trop rapide, ce qui évite d’avoir à le tailler souvent.

Ces deux espèces peuvent donc se planter dans les espaces publics à la place des autres conifères non locaux dans le but d’être décorés chaque année à Noël.

Enfin, voici une proposition lue dans le magazine « les 4 saisons du jardinage bio » . Pour ceux et celles qui ont la fibre artistique, vous pouvez réaliser une structure pérenne à base de branches et bâtons de bois mort que vous aurez sélectionnés et collectés pour leurs formes esthétiques. Après assemblage et fixation sur un support, libre à vous de décorer cette sculpture de Noël. Vous pouvez encore utiliser une plante locale en laissant grimper dessus du lierre (au feuillage persistant et qui se bouture facilement. Relisez nos articles précédents sur le lierre) qui supportera en outre la vie en intérieur.

On espère que vous apprécierez les astuces. Essayez et racontez-nous !

PS: entre autres sources utilisées pour cet article, je recommande la lecture du livre suivant: "Histoires d'arbres - des sciences aux contes" par Philippe Domont et Edith Montelle. Editions : Delachaux et Niestlé et Office National des Forêts.

vendredi 10 décembre 2010

Idées reçues sur le lierre - 3ème partie.

Suite de notre fervent plaidoyer en faveur de la liane la plus redoutée de France (voir épisode précédent).

Le lierre est une plante à l'anatomie assez fascinante: pouvant mesurer de 20 à 30 m, il est aussi long que la plupart des arbres même s'il n'atteint pas souvent les mêmes hauteurs.
Il possède aussi 2 types de rameaux parés de feuilles aux formes très variables. Ceux qui portent des fleurs sont munis de feuilles simples, ovales en général, les autres portent des feuilles lobées parfois presque en étoile.

Enfin, particularité non réservée aux plantes tropicales, il s'agit d'une liane. Ce n'est d'ailleurs pas la seule que l'on rencontre en France à l'état sauvage.
Citons la Clématite des haies (Clematis vitalba), la Vigne (rarissime à l'état sauvage), le Chèvrefeuille des bois (Lonicera periclymenum) et le Houblon (Humulus lupulus) pour les espèces les plus connues, mais aussi la Bryone dioïque (Bryonia dioica) , la Cucubale à baies (Cucubalus baccifer), la Morelle douce-amère (Solanum dulcamara), plusieurs espèces de Vesces (Vicia sp.) ou Gesses aux superbes fleurs (Lathyrus sp.), le Gaillet gratteron (Galium aparine), etc. Largement de quoi remplir un autre article.

Arrêtons nous un moment sur le cas de l'une de ces espèces. Il faut noter que le Chèvrefeuille des bois bénéficie d'une bonne réputation en raison du parfum de ses belles fleurs. Cependant, il est le seul à réellement étrangler les jeunes branches des arbres et arbustes. On remarque parfois dans les bois, les tiges vrillées de celles qui lui ont résisté... C'est lui le coupable !


Le dessin ci-après montre l'évolution conjointe d'une branche d'arbre sur laquelle une liane de chèvrefeuille grimpe.
La bataille est serrée, c'est le cas de le dire. L'étreinte de la liane sculpte la branche en spirale. Tantôt, la branche cède et finit étouffée : la sève ne peut plus passer. Tantôt elle l'emporte en parvenant littéralement à pincer et sectionner la liane (4). Malgré tout, la forme spiralée demeure visible longtemps après la décomposition du chèvrefeuille conférant un caractère féérique au végétal vrillé.

Ceux qui nous lisent depuis un petit bout de temps savent que nous ne rechignons pas à manier l'ironie. Certes, le lierre possède de nombreuses qualités. Pourtant, pour être honnête, il faut tout de même lui reconnaître un léger inconvénient.

S'il ne nuit pas aux arbres, il faut se méfier de lui sur les bâtiments, en particulier les vieux murs. Et le comble : c'est justement là qu'on le tolère le plus aisément ! Une réminiscence esthétique du romantisme ?
En effet, dès que le mur n'est plus lisse ou que le crépi est crevassé, le lierre risque de s'insinuer dans les failles et faire exploser ou disjoindre les pierres. Les vieux murs dont les pierres sont souvent liées avec des mélanges plus ou moins riches en terre lui fournissent en outre un substrat dans lequel il peut développer de nouvelles racines.
Il peut alors repousser plusieurs années de suite, même si on l'arrache tous les ans. Il faut dans ce cas veiller à couper tous les jeunes rameaux plusieurs fois par an pour ne pas en laisser grossir le diamètre. Mais pour n'avoir jamais cessé d'œuvrer sur les vieux murs de la maison de mes parents, je vous souhaite vraiment bon courage si c'est votre cas !

Vraiment, la plante mérite plus juste traitement que celui réservé jusqu'alors. Elle a tant à offrir à nos forêts, nos haies, nos jardins : richesses naturelles, poésie... Oserais-je même tendresse amoureuse ? Il faut la voir s'agripper aux arbres. Non. Que dis-je ! Elle les embrasse, les enlace, les choie, les caresse. Et quand vient pour eux le temps de la sénescence et de la décrépitude, elle redouble de ferveur et de passion exubérante déployant tous ses charmes en une croissance fougueuse.
Ce n'est pas exactement le traitement que nous réservons aux personnes âgées dans nos sociétés au regard de l'état de certaines maisons de retraite...

Mais pour terminer sur une note plus romantique dont j'assume parfaitement le côté fleur bleue, je connais bien deux amoureux dont les alliances sont ornées de feuilles de lierre. Leur devise est celle de la plante :

"Je meurs ou je m'attache."


dimanche 5 décembre 2010

Patience...

Je suis en retard sur je ne sais quel horaire que personne ne m'a fixé. Mais la 3° partie de l'article sur lierre arrive d'ici peu ! Allez, disons dimanche ! Encore un peu de patience... Merci à tous pour vos encouragements.