lundi 27 février 2012

Gros pif amphibie.

Croquis...
La bête est méconnue. Elle est assez peu fréquente, souvent localisée même si un manque de prospection conduit peut-être à une sous-estimation de ses effectifs.
En tous cas, c'est une bestiole dont les populations méritent une attention particulière.

Ses milieux de vie sont assez variés mais elle préfère tout de même ceux qui sont ouverts.
Elle est globalement plus fréquente dans le sud de la France même si on en trouve aussi au-dessus de la Loire, comme par exemple en Ile-de-France.

Ce qui est certain, c'est que le Pélodyte ponctué (Pelodytes punctatus) est une charmante petite créature.
La première fois que je l'ai vue, sa tronche impayable à gros pif, digne de Gaston Lagaffe ou d'Achille Talon m'a amusé et attendri. Sa pupille présente une larme, à l'envers, comme si elle ne coulait pas. Ce doit être un message d'espoir, non?
L'envie d'en faire le portrait voire de le caricaturer m'a tout de suite saisi. Je ne suis pas vraiment satisfait du résultat mais enfin mon collègue spécialiste en herpétologie a reconnu de suite le Pélodyte sur chacun de ces croquis.
En plus, la saison des amphibiens débute. Alors, vous y avez droit...

Guillaume

Caricature 1





Caricature 2
 

dimanche 19 février 2012

Rose : la couleur de la révolte ! - épisode 5 (témoin 2 : le Morosphinx)

Est-ce vraiment un colibri? Un Chardon ?
Episode 1
Episode 2
Episode 3
Episode 4

Bonjour à tous chers auditeurs !
Ici Sarah Plick pour Verte Inter. En direct et de retour au cœur du procès passionnant de Robin des champs et de ses compères et assimilés. L'ampleur médiatique du procès provoque un afflux intarissable de demandes de témoignages. Tous les insectes souhaitent donner leur version, leurs raisons de protéger leur héros à crinière rose. Il suscite une ferveur émouvante voire même déchirante ! Les animaux font  littéralement la queue pour témoigner.
Très attendue,  l'intervention poignante des abeilles s'est achevée à l'instant en tirant des larmes à l'assistance. Maya, la représentante de leur syndicat, encore puissant et respecté malgré les hécatombes actuelles, a complété en insistant sur l'importance remarquable des fleurs de chardons en raison de leur richesse en nectar. "Qui n'a pas constaté le foisonnement des abeilles autour des pieds de ces plantes en pleine floraison, n'a pas bien regardé !", a-t-elle lancé, avec un aplomb certain, ses centaines d'ommatidies vissées dans les yeux du procureur du COSAC ! Celui-ci n'a pu qu'afficher un visage blême. Entre nous, il serait à deux doigt de la dépression, murmure-t-on, dans les milieux autorisés !
Le syndicat a aussi ailleurs formulé une proposition constructive : sous réserve de trouver un apiculteur volontaire, il propose la production d'un miel de chardon que pourrait ainsi goûter le grand public. A bon entendeur !
Le juge, impatient :
"Bon sang ! Encore tous ces témoins en faveur de M. Robin des champs ! Il faut nous hâter ! Bon ! J’appelle maintenant le..."

FFFFZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZ !

Le juge, enrhumé par un bref courant d'air :
"Hein ? Mais qu'est ce que... ? Quoi ? Un colibri ?"

Robert Parcker, le Morosphinx, surexcité :
"Mais non ! Chuis pas un oiseau ! Enfin, passons, pas le temps ! J'ai pris 5 minutes pour venir témoigner malgré mon emploi du temps ministériel."

Le juge, interloqué :
"Que...? Mais enfin ! Vous n'êtes pas sur la liste !"

Robert Parcker, avec un aplomb de ministre :
"Écoutez M. le juge ! Pas le temps pour ces enfantillages. J'ai visité aujourd'hui 3738 corolles et il m'en reste encore 4025 ! Je me présente Robert PARCKER, je suis un Morosphinx ou Sphinx-colibri. Mais je préfère la dénomination scientifique Macroglossum stellatarum, soyons précis. Je suis l'auteur du fameux Bestseller "Le guide Parcker des meilleurs nectars du monde" réédité chaque année. Vous avez donc devant vous un butineur professionnel, également parmi les plus rapides d'Europe. Un chercheur, M. Heinig m'a observé alors que je butinais un parterre de violettes ; verdict : je fais du 1600 à l'heure."

Le juge, ébahi :
"Comment ? 1600 km/h ? Ne vous fichez pas de la cour ou je vous vous mets en examen pour excès de vitesse caractérisé. -12 points et radiation à vie garantis !"

Robert Parcker, l'exaspération feinte:
"Mais non, voyons ! Je butine 108 violettes à la minute soit 1600 à l'heure. Référence à trouver facilement page 17 dans le numéro 86 de la Hulotte qui m'est entièrement consacré. Hum ! Quel honneur, entre nous, n'est-ce pas ?
Bref ! Tout ça pour dire que le nectar, ça me connaît, je suis un expert. Des corolles, des fleurs, j'en ai visité plus que vous tous réunis ! J'en ai gouté des crus et des crus de nectar ! Donc, ouvrez grand vos oreilles !
Le verdict est implacable. Voyez les notes, sur 100, qui j'ai attribuées au nectar de Cirsium arvense par exemple : en 2008, 94, en 2009, 97, en 2010, 95, en 2011, 95. Pas de doute, il s'agit d'un nectar classé premier grand cru. Vous n'allez pas me le coller en prison, tout de même ! Quel affreux manque de goût cela révèlerait !"

Robin des champs, sourire niais aux lèvres :
" Hé ! Merci l'ami !"
 
Robert Parcker, l'exaspération feinte:
"Attention, je ne suis l'ami d'aucune fleur. Je tiens à garder mon indépendance critique. Ma crédibilité est en jeu. D'ailleurs, avant de partir, je tiens à défendre d'autres crus de nectar dont les fleurs sont également détruites en raison de leur ressemblance avec celles des chardons. Je pense notamment aux Bardanes et Centaurées, cousines des Cirses mais aussi à la grande Cardère. Ces méprises sont tout bonnement intolérables.
Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs, au revoir."

Le Morosphinx, tel un météore, file vers la sortie. Silence dans la salle. A vous les studios.


Guillaume.

A suivre...

PS : Le Morosphinx butine une Centaurée (qui n'est pas un chardon) sur la photo ci-dessus.

mercredi 8 février 2012

Le soutien psychologique de Jean Henri Fabre.

Comme le disait le percutant maître thaïlandais du 8° siècle Kim Khi Kogn, "la puissance dévastatrice du "qu'en dira-t-on ?" peut annihiler tout projet non conforme aux règles du troupeau".

Même si ce projet est frappé au coin du bon sens.

Bon, vous avez tout lu Freud et un Retour aux sources. Et vous avez appliqué les consignes à la lettre. Je m'entends, celles du blog, hein?

Vous n'êtes pas peu fier de votre jardin qui concentre dans un espace contraint un panel exhaustif de techniques favorables à la biodiversité. Vous vous êtes émerveillés des mauves sylvestres, des vipérines, des coquelicots et des compagnons blancs, toutes fleurs sauvages, qui ont poussé librement. Certes, un peu seul pour l'instant car vous n'avez pas encore convaincu vos voisins. Certes aussi, vous vous êtes un peu vexé quand cet ingrat de Demi-deuil, dont la chenille s'était développée sur VOS graminées sauvages et spontanées, s'en est allé butiner les asters horticoles du voisin qui rase sa pelouse avec l’assiduité du coiffeur d'un monastère de moines bouddhistes.
Re-certes, alors que vous aviez respectueusement préservé de la fauche une parcelle (1) refuge d'herbes sèches pour l'hiver, vous n'avez pas apprécié la remarque désobligeante de ce même voisin quant à l'esthétique douteuse de votre "bout de friche", selon sa propre expression.

Ahhrrrg !! Et puis re-re-certes, vous avez tenté de le contredire mais avant d'articuler 2 mots, vos lèvres se sont figées à la vue de ce spectacle déconcertant. "Ce qu'elles peuvent être sèches ces plantes ! Et grisâtres ou marronnasses avec ça ! Comment y voir une quelconque beauté ?", avez vous ruminé intérieurement.

Ah ! Malheureux ! Votre foi vacille. La pression sournoise du "qu'en dira-t-on ?" menace les fondements de votre engagement en faveur de la nature.

Il vous faut une assistance psychologique de toute urgence. Sinon, vous risquez de mettre un terme à toutes vos initiatives de gestion innovantes, pleines de sagesse pour suivre les règles absurdes du troupeau.
Alors, écoutez ! J'ai cinq minutes, là. Si vous voulez, je vous prends en consultation exceptionnelle. Bon, d'accord, allongez-vous sur le divan.

Je vous propose une attaque rhétorique coordonnée selon les trois mouvements du désormais illustre et fulgurant maître laotien du 9° siècle Kim Ki K'ogn :

Esquive.
On ne peut pas contrer une attaque sur l'esthétique frontalement. C'est bien connu, les goûts et les couleurs ne se discutent pas. Ceci dit, si esthétique et biodiversité sont deux notions différentes, elles ne sont pas antagonistes non plus !  Du coup, vous allez changer le niveau de votre regard. Changez d'échelle. Accroupissez-vous. Et regardez de plus près.

De taille.
Au début, vous ne verrez rien de spécial mais si vous attendez quelques secondes vous découvrirez dans votre parcelle refuge une diversité de formes largement supérieure à celle du billard vert et désertique de votre cher voisin. S'il n'y a plus ni les fleurs ni les arthropodes bariolés de la belle saison, il reste surement une belle diversité de graines, de feuilles, d'ombelles, de fruits.
Votre voisin ne goûte pas le charme d'une sommité sèche de carotte sauvage ou de tanaisie, pourtant germes d'une prochaine floraison aussi belle et naturelle que gratuite ? Et bien, ce n'est pas grave ! Car les petites bestioles ne sont pas en reste. Elles ont laissé pour vous derrière elles des traces riches d'historiettes parfois bouleversantes. Cherchez bien et découvrez alors des cocons, des chrysalides, des urnes, des amphores, des toiles dans lesquelles la vie palpite encore.

D'estoc.
Votre voisin n'est pas impressionné par ces boîtes sèches. Bon, c'est sûr, il s'en tient une sacrée couche ! Mais comme le proférait le sagace et vénéré maître birman du 7° siècle Kimki Khogn : "qu'importe de convaincre les convaincus !"
Persévérez-donc : votre dernière attaque vise au cœur. Prenez-le par les sentiments. Émerveillez-le avec un récit plus fort que son imagination ne peut en concevoir. Révélez-lui les secrets et l'intimité d'une amphore d'Eumenes sp. en une trilogie d'apothéose. Des mouvements de Tai-chi-chuan sont les bienvenus pour accompagner votre démonstration et la doter d'un impact supérieur.

Acte 1 - une technique ébouriffante :
Décrivez le génie bâtisseur de cette femelle d'hyménoptère qui élabore une petite capsule parfois appelée amphore ou urne incroyablement résistante, à l'aide d'un mortier composée de terre poudreuse, de grains de quartz ou d'autres matériaux aux reflets scintillants. Précisez que la pauvre bête amalgame le tout à l'aide de sa seule salive. Laissez observer la belle régularité de la capsule souvent munie d'un superbe goulot.

Acte 2 - chasse implacable et amour maternel :
Vantez le mérite de cette femelle bâtisseuse, mère courage,  qui va ensuite capturer et paralyser une quinzaine de petites chenilles qu'elle placera sans les tuer dans l'amphore. Elle y pondra un œuf dont la
larve sortira plus tard.

Acte 3 - psychodrame horrifique (censuré aux moins de 16 ans) :
La petite larve avec son minois angélique et son air innocent va tout bonnement dévorer toutes crues les chenilles agitées de spasmes sous l'effet des morsures. Suspendue au sommet du dôme intérieur via une sorte de gaine de soie télescopique, elle fond sur ses pauvres victimes comme un couteau de cuisine sur un excellent boudin. Sans grand courage, elle s'en dégage dès que la véhémence de leurs réactions s'amplifie.
En temps voulu, l'année suivante, elle reproduira les mêmes supplices auprès d'autres malheureuses.

Mais bon, faut savoir ce que l'on veut ! Ces petites chenilles auraient tout aussi bien pu grignoter vos salades. Alors autant avaler les miennes car la nature est décidément bien faite. Cela vous évitera une aspersion de produits biocides...

Si votre retors voisin bouge encore à ce stade de votre récit, c'est que vous ne l'avez pas assez frappé. Dans le cas où vous auriez fait montre d'un sang-froid en tous points extraordinaire, en lui épargnant vos uppercuts, vous pouvez encore légitimement tenter de lui faire lire de force le récit détaillé suivant.

En effet, je n'aurais pas osé risquer de platement et vainement paraphraser cette figure tutélaire de l’éthologie et de l'entomologie, Jean Henri Fabre ; je me suis contenté d'esquisser rapidement le cycle de vie de la bestiole sus-citée.

Si votre voisin ne cède pas après cette lecture, s'il n'est pas contraint de poser le genou à terre en signe de soumission face au génie de la nature, changez de voisin !

Mais vous, vous n'allez pas céder ! Vous allez continuer !
La nature vous remercie !

C'est dans la boîte.

mardi 7 février 2012

Rappel de saison !

Je reconnais bien volontiers que réhabiliter les vieux articles soulage le rédacteur du blog.

En même temps, il faut avouer que cette série d'articles tombe à pic par ces temps de grand froid. On s'était donné du mal pour les concevoir même si le ton est plus docte qu'à l'accoutumée.

Bref. Faut-il nourrir les animaux en hiver ? Eh bien, ce n'est pas si simple. La réponse ne coule pas de source et la question n'est peut-être même pas la bonne...


De quels animaux parle-t-on ?

Si on nourrit, comment fait-on ?

Vos commentaires sont les bienvenus. Bonnes lectures.

Guillaume.