dimanche 26 janvier 2014

Le Lierre à la place du Thuya.

Pour ceux qui n'auraient pas encore vu la poilante illustration de mon cher ami Olivier ou pour ceux qui nous prendraient pour de joyeux fantaisistes quant à la véracité du potentiel du Lierre en tant que remplaçant de meilleure tenue que le Thuya, voici quelques photos pour tenter, encore une fois, de vous convaincre, de la haute utilité des plantes locales. Aussi bonnes pour la Nature que pour nous. Commençons par celle-ci, d'autres suivront.



Voici donc ci-dessus une superbe haie de Lierre au feuillage tout aussi persistant et sempervirent en hiver que son concurrent nord-américain. Sauf que le Lierre est une plante sauvage locale autrement plus bénéfique pour la faune sauvage depuis bien des siècles.

Et je m'empresse de préciser que, malgré ses talents, que je jalouse, à la palette graphique, notre cher Olivier est encore incapable de nous pondre une peinture aussi réaliste. Il s'agit bien d'une photo...

Guillaume.

vendredi 3 janvier 2014

Mémento du parfait sadique

Elle a abandonné sa faux, les dégâts étaient dérisoires...



"Aujourd'hui, c'est Black Bill qui vous parle. Je vis de l'autre côté. Je ne me fous pas de la Nature. Non...

Je la crains. Je m'en méfie plus que tout. Elle est mauvaise. Et je m'applique à lui nuire. Je le fais consciencieusement. Avec application, ruse et minutie. Sans morale.
Vous voulez en savoir plus... Je vous intrigue ?
Il est certain que les deux pauvres naïfs habituels de ce blog ne vous ont pas habitués à ce genre de ton.
Laissez moi vous dire comment je procède.

D'abord, j'ai l'embarras du choix. Des linéaires de berges, de routes, des milliers et des milliers d'hectares cumulés d'espaces verts à n'en plus finir. Je trouve partout matière à nuire. Mon matériau, c'est un sol, enherbé de préférence car dans ce cas,  j'ai l'écosystème de base, des plantes à même d'attirer de la vie.


Et si par chance, il s'agit d'espèces sauvages locales, non issues de croisements, de sélection, de pépinières, de jardinerie ou d'une autre région, d'un autre continent, c'est encore mieux. L'assurance de tuer encore plus d'insectes et d'animaux en tous genres.

Je vais prendre en exemple les bas-côtés d'une piste cyclable, le long d'un canal. Le massacre que j'y ai perpétré cette année a dû approcher la perfection de très près.

D'abord, je patiente. Je me montre opiniâtre. Je brûle d'envie de tout broyer mais je résiste car je sais que la destruction n'en sera que plus massive si je sais repousser un peu l'échéance. J'observe. Puis je feins la douleur. Non... Je me contrains ! Je me force, dans la douleur des convulsions internes de mon dégoût, à singer l’émerveillement de ces naturalistes nuisibles et naïfs.
La vie se montre prudente au début. Au plus, quelques fleurs téméraires, isolées et puis quelques tapis, denses parfois. Mais c'est encore trop ras. Il fait encore un peu frais. Les bestioles hésitent encore, pour la plupart. Mais plus les plantes poussent, plus les insectes abondent. Et bientôt, l’éruption finale a lieu. Tous les boutons de toutes les ramifications éclatent. Le goût le plus vulgaire s’étale et s’exhibe sans la moindre pudeur. Couleurs criardes, parfums grossiers. Les fleurs sont là, en masse, au somment d'un enchevêtrement portant au sol une ombre malsaine et fourbe, une pénombre plutôt, avec son lot de perfides mystères. La vermine y fourmille, sournoisement tapie. Et prendre un peu de hauteur est inutile. Les insectes que j'avais cru nombreux affluent de tous côtés. Des nuées de créatures volantes s'abattent sur les ombelles putassières. Une infâme orgie se prépare sur les capitules. Et va-z-y que l'on copule. On s'occit sauvagement dans chaque touffe. Et va-z-y que l'on se bouffe.
Ça grouille, ça suce, ça ronge, ça pique, ça mord, ça chie ! Argh ! C'est affreux ! Je me supplicie à m'imposer pareille endurance. Scènes obscènes au sommet des calices. Je bois le mien jusqu'à la lie.

Et c'est là. Oui, Mesdames et Messieurs, c'est là que je tranche. Tout bien net, tout bien propre, tout bien ras. Nous sommes à la fin du mois de mai. J'ai patiemment attendu que l'écosystème se structure, s'enrichisse, se complexifie. Je lui ai fait croire que le risque de la tondeuse était passé. Si j'étais passé plus tôt et plus souvent, je n'aurais tué qu'une poignée de chenilles maigrelettes issues des rares papillons ou diverses larves minuscules à peine sorties de cocons protecteurs ayant réchappé à l'hiver. En gros, les aventureux téméraires en nombre restreint qui courent le risque de se lancer avant tous les autres.
Alors qu'après le 15 mai, tous se sont résolus à engendrer, procréer, grandir, grossir. Le gros des troupes est présent. C'est une victoire totale. Ou quasi totale. Car mon passage a détruit 90% de cette ville engeance. Mais les 10% de rescapés peuvent encore profiter des beaux jours pour forniquer, se multiplier et croître à nouveau.
J'applique donc la même méthode : je laisse un peu de temps aux futurs condamnés afin qu'ils gaspillent leurs ultimes forces et réserves. Début juillet, je décapite pour la seconde fois : moisson encore acceptable.
Je procède ensuite à quelques broyages supplémentaires histoire d'être certain que toute la biodiversité aura bien été anéantie. Je reconnais que je pourrais me passer des deux derniers passages en octobre et novembre qui n'ont qu'un effet limité rapporté aux coûts supplémentaires engendrés. Mais je suis besogneux et ne veut laisser la moindre chance à la nature."

Si j'ai laissé parler un double maléfique et (très) imaginaire, c'est pour décrire une situation absolument véridique qui m'a révolté. Et pour évacuer mon exaspération.

Les passages ont été effectués aux dates indiquées à quelques jours près. Comme on le voit sur les photos prises le 16 mai avant le premier passage, il existe un chemin goudronné que l'on peut utiliser dont les bords sont entretenus régulièrement, eux. Cela suffit largement au cheminement et permet d'observer une nature plutôt riche sur les ombellifères et les renoncules. D'autant que ce n'est pas un lieu où l'on s'arrête pour pique-niquer ou s'asseoir. Il y a un lieu prévu à cet effet un peu plus loin, entretenu plus régulièrement, ce qui est logique. Tout au plus aurait-on pu passer plus souvent afin de dégager la périphérie immédiate d'un banc (présent dans la zone des photos) que l'herbe avait un peu envahi.

Mais pour le reste (photos des hautes herbes en fleur), si l'objectif était de tondre régulièrement (ce qui n'a donc pas d'intérêt à l'exception compréhensible de la zone du banc et des abords immédiats du chemin), pourquoi attendre que l'herbe ait monté si haut avec un écosystème riche à la clé ? Et pourquoi passer encore en octobre et en novembre pour tondre de l'herbe qui atteint 10 cm de haut et ne peut gagner que 2 ou 3 cm durant l'hiver (et encore, est-ce que je n'exagère pas ?). C'est vous qui payez avec vos impôts le coût de ces passages totalement inutiles et absurdes, quel que soit le point de vue ou l'objectif, pensez-y !

Évidemment, je ne pense pas que ceux qui entretiennent ou font entretenir ces espaces le font avec des intentions maléfiques, encore heureux ! Mais cet exemple de gaspillage de l'argent public qui en outre, détruit la nature, représente la norme actuelle de ce qui se fait en routine sur nos espaces verts. En toute indifférence et ignorance.

Maintenant, vous savez.

Guillaume




D'autres vues de ce que l'on pourrait laisser pousser (et ne faucher qu'une fois par an).





C'est vraiment si moche que ça ?




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Ne pas tondre tout son jardin.
1- Laissons pousser quelques fleurs sauvages - Elles ne vont pas nous agresser...
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3- Laissons pousser quelques fleurs sauvages - Au moins pour les abeilles...
4- Laissons pousser quelques fleurs sauvages - Le long des routes.
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