vendredi 27 mai 2011

Un an déjà ! - partie 2

Olivier : Guillaume, te souviens-tu pour quelles raisons nous avons mis en route ce blog ?
 
Guillaume : Pour répondre, je peux relater un événement récent qui illustre bien quelles aspirations profondes j'ai envie de transmettre avec conviction.

Olivier : Ah oui ? Raconte !

Guillaume : Il y a trop d'occasions de râler, de maugréer voire de geindre et de finir par gesticuler pour un résultat des plus stériles.
Et pour parer à toutes les critiques, je peux d'ailleurs faire la mienne. En effet, je n'ai vraiment pas de leçons à donner car dans ce domaine, je sais me montrer spécialiste... En bon français, je suis chauvin : je suis convaincu, sans avoir beaucoup voyagé, que la France est le plus beau pays du monde.

Malgré le privilège de vivre dans ce pays, je suis le premier à râler et à refaire le monde. La cause de la protection de la biodiversité ne va jamais assez vite à mon goût et je vous plains, chers amis, si un jour, j'arrivais à devenir maître du monde. Vu mon niveau d'exaspération et d'impatience, certains jours, la dictature verte que j'instaurerais, aurait tôt fait de vous dégoûter à la vue de toute véronique sauvage!

Olivier : Oh oh oh ! Tu y vas fort ! Je crois qu'il en faudrait beaucoup pour nous mener jusque là !

Guillaume : Bref ! Quand l'occasion se présente de souligner une belle entreprise. Il ne faut pas la rater. La dernière en date est celle de la petite commune de Chauconin-Neufmontiers. Arrêt de l'usage des produits chimiques sur le territoire communal, fauchage tardif le long de chemins et sur une parcelle de près 3 hectares, installation de ruches, recours aux plantes sauvages locales pour les plantations. Du bon exemple par pack de douze ! Et surtout, un état d'esprit enthousiaste, chaleureux et convivial.

Olivier : C'est juste. Je connais cette commune et je sais qu'elle est très engagée dans la protection de notre chère Nature ! Comment as-tu découvert leurs actions ?

Guillaume : A l'occasion de la Fête de la nature 2011, j'ai eu l'occasion de proposer, pour expliquer et vanter ces pratiques très favorables à la biodiversité, une conférence suivie d'une sortie. On m'offrait les conditions rêvées de promouvoir des projets concrets visant à protéger la biodiversité. Le volet théorique puis le pendant pratique.

Pourtant, cela n'aurait servi à rien s'il n'y avait eu personne à sensibiliser.
Et là, quelle réussite ! 70 personnes au total dont pas loin de 60 sur le terrain. Je peux vous dire que cela fait chaud au cœur quand on vous donne la chance de vous exprimer et de transmettre un message qui sort de vos tripes. Un message dans lequel vous croyez sincèrement. C'est un rêve qui prend forme.

Olivier : Carrément !  :-)

Guillaume : Oui, je sais, je m'emporte. Je suis peut-être comiquement lyrique. Après tout, ce ne sont que 70 personnes. Mais enfin, on parle d'une commune de 2000 habitants. C'est vraiment pas mal du tout ! Des sorties terrain avec un tel effectif, je t'assure qu'on en fait pas tous les quatre matins et j'ai un peu d'expérience dans le domaine. Le bouche-à-oreilles va pouvoir fonctionner et le message se diffuser.

Après de telles manifestations, on se dit que l'ère de la science-fiction est terminée. Je suis français et cela tombe bien car "impossible ne l'est pas". La protection de la biodiversité est entrée dans le domaine du possible. Je veux bien paraître un peu naïf mais après tout, peu importe. Après un tel événement, je crois au changement auquel j'aspire.

Et pour prolonger cet espoir, je ne veux pas pas lâcher le morceau. Je veux persister à exprimer ces idées que je crois empreintes de bon sens, à partager cette beauté naturaliste qui me bouleverse (Ha ! je me mets à nu, chères lectrices, chers lecteurs. Vous ne le voyez pas mais je tape avec un genou à terre et la main sur le cœur pour donner plus d'émotion à ma prose ! Bon, j'avoue, c'est moins pratique...).

Olivier : Je confirme ! D'ailleurs, je trouve que tu te débrouilles très bien comme ça ! Ne change pas de position !

Guillaume : Mais c'est pour cela que le blog est né : pour filer la métaphore. Pour transformer et décharger de façon positive et utile, un flot de tourments, de réflexions inquiètes sur l'avenir des papillons, fleurs, lichens et autres êtres vivants du coin ou d'ailleurs.
Souviens-toi : nous avons voulu croire inconsciemment ou sans nous l'avouer, et nous avons eu raison, que le blog pourrait nous permettre de continuer à nous exprimer sans que nos messages raisonnent dans le vide. Voir la nature se dégrader dans l’indifférence ou ne pas faire connaître une heureuse initiative écologique sont des choses difficiles à supporter en ce qui nous concerne. A défaut de crier dans un haut-parleur, il y a ce blog.


En outre, nous avions, une sensibilité artistique, trop longtemps délaissée. Nous avions besoin de nous exprimer via un style littéraire décalé de celui, plus formel, du boulot. Et une envie de proposer un écrin un peu soigné, prétexte à de réguliers gribouillages et croquis.
Nous espérons bien sûr, sans en être convaincus, atteindre cet objectif, pour votre plus grand plaisir, amis lecteurs.

Olivier :  Tout ceci est rigoureusement exact. Je me souviens d'ailleurs très précisément de l'élément déclencheur : j'admirais depuis longtemps les aquarelles que tu faisais pour les affiches de tes sorties nature. Et quand tu m'as montré le dessin qui orne désormais le premier article de ce blog, je me suis dit qu'il serait trop bête de ne pas le faire partager. Et quelle plus grande galerie d'art que l'Internet, qui offre à tout un chacun la possibilité d'aller s'extasier devant des œuvres réalisées n'importe où sur la planète ?

Guillaume : Et voilà comment "un retour aux sources" est né.


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PS : une image du blog (dessin d'Olivier) habilement et judicieusement détournée par la commune de Chauconin-Neufmontiers lors de la récente Fête de la Nature...
Tronçonnator : "I'll be back!" On espère que non !

vendredi 20 mai 2011

Un an déjà !!

Olivier : dis-donc, Guillaume, c'est l'anniversaire de notre Blog ! Le premier article date du 20 mai 2010 ! Ça se fête ça, non ?

Guillaume : Oui-da, cher ami. On va préparer quelque chose. Mais il faut d'abord remercier les lecteurs pour leurs 4600 visites depuis un an !

Olivier et Guillaume : Merci à tous ! Merci beaucoup ! A bientôt !

dimanche 8 mai 2011

Le COSAC prend le pouvoir de ce blog !!!

"Le Comité Officiel des Scientifiques Annihilateurs de Controverses (COSAC) prend le contrôle de ce blog compte-tenu des incessantes mises en garde et des systématiques refus d'obtempérer des deux trublions y faisant pitoyablement office de rédacteurs. Ces fieffés propagandistes pro-nature, pseudo-scientifiques, ont trop longtemps cru pouvoir corrompre impunément les esprits au moyen de ce blog.

L'étude de la biodiversité ou de l'écologie est une entreprise sérieuse qui requiert une rigueur scientifique certaine et qui ne saurait être traitée sur le ton badin, désinvolte voire grotesque pratiqué dans ces pages. Aussi, nous décrétons à partir de dorénavant et dès à présent, à compter de ce jour (et jusqu'à nouvel ordre), que nous prenons en charge l'éducation des masses incultes.
Nous prodiguerons donc un enseignement sérieux et rigoureux avec la dose d'austérité convenable.

Nous commençons dès aujourd'hui, par les critères de détermination des larves d'amphibiens en Ile-de-France. C'est avec perplexité que nous constatons la présence de nos deux petits cuistres rédacteurs. Leur présence en fond de salle et à proximité de radiateurs et fenêtres ne nous laisse guère d'illusions quant à leur motivation à réhabiliter leur conduite indigne. Mais enfin, on ne sait jamais...

Le premier critère intéressant à étudier est l'orifice excréteur de l'eau qui a transité à travers les branchies. En observant une larve par son flanc gauche, on peut vérifier sa position. S'il est toujours globalement situé sur la face inférieure du corps, il peut néanmoins occuper des positions centrales ou plus latérales. J'écris au tableau noir le nom de cet orifice.
Veuillez donc noter avec moi : "S.P.I.R.A.C.L.E." Mais ! ! Quoi ?! Qui a osé lancer cet avion de papier ?
Mais enfin qu'est ce que c'est ? Des gribouillages ?
Rions un peu... Déplions ce rudimentaire aéroplane pour nous gausser de son message d'ignare probable. Voyons-voir cela...

Quoi ? Quelle révolution? Ah! J'aurais dû me méfier de ces deux gredins!"

Sous un brouhaha tohubohuesque tonitruant :
"Mais enfin ! Puisqu'il n'y a qu'un spiracle ! Et qu'il est sous le ventre !! Silence, assis tout le monde !! Non, mais ça va pas bien ? Lâchez-moi !! Aïe, mes fesses !"

Les membres du comité sont chassés à grands coups de chaussures de randonnées (ça doit faire mal !) dans le postérieur par des amoureux de la nature et de l'humour. Merci, lecteurs bien-aimés !!

OUF ! Le rire est de retour !

PS : une formation sur les amphibiens a bien eu lieu ces derniers temps mais je précise pour les organisateurs (ils se reconnaîtront) qu'elle était autrement plus réussie que celle du COSAC et que j'en garde un excellent souvenir (bravo et merci à eux).
Entre autre réjouissances, nous avons évoqué ce bon père de famille qui veille sur sa progéniture : l'alyte accoucheur (croquis ci-dessous).


dimanche 1 mai 2011

Savoir utiliser la Nature


Le titre de ce blog aurait pu être "La Nature fait très bien les choses" tant on se plait à le répéter ici. Cet article n'y fera pas exception.
Aussi, après les épisodes sur le Lierre et ses avantages, sur les Berces et leurs hôtes, sur le recyclage des déchets verts au jardin, sur l'arbre anti-cancer, sur les services écosystémiques, etc., j'ai aujourd'hui envie d'évoquer la façon dont on peut utiliser le végétal pour rendre nos routes plus naturelles, sans nuire toutefois à la sécurité de leurs usagers.

Les routes ??? Quelle est cette nouvelle lubie, me direz-vous ?
Avant d'attaquer dans le vif du sujet, laissez-moi donc vous conduire pour une petite balade introductive.

Les savants racontent que la destruction et/ou la fragmentation des milieux naturels constituent aujourd'hui la première cause d'érosion de la biodiversité dans le monde. Les routes et les lignes de chemin de fer qui maillent nos paysages jouent évidemment un rôle crucial dans ces mécanismes de fragmentation : elles découpent de grands ensembles agricoles ou naturels en tout petits morceaux au sein desquels certaines espèces se retrouvent comme piégées parce qu'incapables de traverser les voies. Leurs effectifs déclinent alors lentement sous l'effet de mécanismes démographiques ou génétiques et c'est bientôt l'extinction.
Dans certains secteurs, pourtant, les routes ou les lignes de chemin de fer jouent un rôle étonnamment positif. Dans les grandes plaines où sont cultivées des céréales de manière très intensive, elles peuvent favoriser le déplacement d'espèces mal adaptées à ce type de pratiques. Ces dernières n'empruntent évidemment pas la voiture ou le train, non. Elles utilisent les accotements, ces espaces en herbe que l'on remarque à peine, entre le bitume et le champs, et qui, je vous l'assure, valent franchement la peine de s'y arrêter quelques instants.
Allez, on y va ? Vous me suivez ?


Vous avez peut-être remarqué une légère modification du paysage autour de chez vous, ces dernières années, ou ces derniers mois. Quelque chose de bizarre, un peu comme si un pinceau avait semé des tâches de couleur sur le bord de vos voies de circulation favorites. On dirait que l'herbe est également plus haute... D'aucuns pensent que cela fait "sale", "mal entretenu". D'autres, comme vous, peut-être, sont tombés sous le charme. Comment ce changement est-il arrivé ? Que s'est-il passé ?

Il était une fois, un agent d'entretien de la route qui faisait son travail avec entrain. Dès les premiers signes du printemps, il sortait son épareuse pour avaler des kilomètres d'herbe folle sur les accotements dont il avait à charge la gestion. C'était un dur labeur, surtout quand il faisait chaud. C'était également dangereux, parfois, quand les véhicules lancés à toute allure sur la route départementale le frôlaient dans un vacarme assourdissant. Et pourtant, le scrupuleux agent d'entretien tenait bon : il accomplissait sa mission jusqu'au bout, et ce, plusieurs fois par an, parce que c'était une mission cruciale pour la société. Tellement cruciale qu'il en rêvait parfois la nuit.
Chaque matin avant d'entamer sa bordure, le minutieux agent d'entretien avait coutume de vérifier le bon fonctionnement de sa machine. Mais ce jour là, à l'orée d'un village, quelqu'un vint perturber son rituel. C'était un jeune écolier, apparu d'on ne sait où. Posé là, figé au bord de la route, il lui lançait un regard pesant qui le rendait mal à l'aise.
"Pourquoi tu fais ça ? avait-il demandé.
- Parce que c'est mon travail, avait répondu l'agent d'entretien consciencieux.
- Oui, mais pourquoi faut-il faire ce travail ? Quel est l'intérêt de s'entêter à couper de l'herbe que personne ne regarde tant elle est nue, fade et jaune ? Quel est l'intérêt d'effacer quelque chose qui s'entête à revenir ? Pourquoi ne pas lui laisser une chance de s'exprimer ?
- ..."
Avant que l'agent d'entretien ne trouve une réponse, le petit bonhomme était parti. L'agent d'entretien soigneux se gratta la tête, perplexe. La nuit suivante, il eut du mal à s'endormir. Une question le taraudait : "pourquoi tu fais ça ?" Il n'avait pas de réponse entièrement satisfaisante.
Pour la sécurité des usagers ? Bien sûr, il était important de laisser une bande de sécurité bien entretenue pour qu'un véhicule en détresse puisse se garer. Ou dans les virages, pour que l'on puisse voir au loin. Mais pourquoi faucher toute la largeur de l'accotement ? Une bande d'un à deux mètres suffisait largement !
Pour la beauté du paysage ? C'est vrai que les accotements étaient bien nets après le passage de son tracteur. Il n'y avait pas un brin d'herbe qui dépassait. C'était du beau boulot ! On aurait pu jouer au golf sur le bord de la route... si ce n'était pas aussi dangereux, bien sûr ! En revanche, c'était un peu tristounet. Un peu plat.
Après quelques jours, l'agent d'entretien prit une grande résolution. Il décida d'oublier de passer son épareuse sur un tout petit coin de route, à l'abri des regards. Il attendit la fin du printemps, puis l'été. Il souhaitait laisser à l'herbe "une chance de s'exprimer", comme le lui avait conseillé le garçon. Bien lui en prit : un beau jour, en plein été, il comprit enfin ce qu'elle voulait lui dire en s'acharnant à pousser derrière son tracteur : elle lui avait laissé un message. Un message tout de fleurs tressé. Un message multicolore, chatoyant, ondulant. Un message qui signifiait "et si nous travaillions ensemble pour rendre la route plus belle ?"
Il accepta.
Et bientôt, bourdons, papillons, syrphes, tachninides, chrysides, thomises, criocères (*) s'en vinrent animer les corolles des fleurs de leurs allées et venues. Et avec eux vinrent des oiseaux, des chauves-souris, des petits mammifères, des lézards ou encore des grenouilles, tout contents de trouver là un endroit où vivre, ou simplement un espace leur permettant de se déplacer en toute sûreté de leurs lieux d'alimentation vers leurs sites de reproduction.
Et c'est ainsi que la route entretenue par le méticuleux agent d'entretien passa du statut d'horrible élément fragmentant le paysage au statut de corridor écologique pour la faune et la flore.
Et pour ne rien gâter, les bords de route égayaient le paysage monotone de la campagne environnante, pour le plus grand plaisir des automobilistes. Quel surprenant coup de théâtre !
Et que devint l'agent d'entretien ? On dit qu'il continua de travailler avec la nature et qu'il eut encore de nombreuses idées pour faire de la route un mariage de sécurité et d'enchantement pour l'œil. Mais ceci est une autre histoire...


(*) pour savoir à quoi correspondent ces noms barbares, allez flâner dans les articles de Guillaume, sur ce même blog !  ;-)