dimanche 21 novembre 2010

Idées reçues sur le lierre - 1ère partie.

Le lierre (Hedera helix L.).
Voici bien l'une des plantes les plus malfamées !

Avec un pareil titre et sur un pareil blog, vous devez me voir arriver à des kilomètres avec mes gros sabots de plomb. Ben oui, j'arrive. Plutôt trois fois qu'une et même au pas de charge, lance à la main, la besace pleine d'arguments minutieusement affûtés et collectés, prêt à pourfendre le cliché avec autant d'ardeur que les fromages pasteurisés (et c'est peu dire que j'adore le lait cru).
Bref, il est temps de défendre l'infortuné végétal :

Intérêts du lierre.
1 - Ses fleurs sont extrêmement riches en nectar en fin d'été et début d'automne lorsque la pénurie de ce liquide est notable.
Si vous n'avez jamais vu la cohue invraisemblable de la foule des abeilles et autres butineurs sur ses fleurs, sachez que c'est un spectacle très impressionnant.
Qui se plaindra d'une plante si favorable à ces insectes sociaux ? Qui est prêt à clamer qu'il ne souhaite pas aider les abeilles m'enverra une déclaration sur l'honneur mentionnant qu'il refuse désormais de manger du miel ou tout autre produit en contenant !

2 - Ses fruits sont consommés par les oiseaux en hiver.
Les ennemis des oiseaux frigorifiés et affamés en hiver peuvent directement copier 100 fois : "j'avais bien conscience que la mortalité des passereaux était comprise entre 50 et 75 % durant l'hiver mais j'ai persisté à les priver davantage d'une nourriture saine et sans pesticides (comme c'est souvent le cas des graines achetées dans le commerce) parce que cela me procurait un grand plaisir. J'ai honte. Suis un vilain. Le ferai plus. Promis."

3 - Le feuillage du lierre forme un manchon de protection hébergeant un écosystème complexe, biologiquement très riche.
Toute l'année, insectes, araignées, mammifères, oiseaux, y trouvent refuge ou s'y chassent les uns les autres. Le lierre gardant ses feuilles en hiver, il protège d'autant mieux tout ce petit monde.
Pour enfoncer le clou, l'ONF classe même les sujets à lierre dans la catégorie des "arbres à haute valeur biologique". Et accrochez-vous bien à vos fauteuils : il est désormais obligatoire de maintenir à l'hectare un nombre minimum de ces arbres dans les forêts publiques. L'objectif étant de protéger la biodiversité. Allez-vous toujours sectionner le lierre au bas du tronc? Si oui, allez hop! Trois fois le tour du pâté de maison à cloche pied en marchant sur les mains.

4 - Ce manchon constitue un site de nidification idéal au printemps et/ou de protection contre le froid en hiver pour les oiseaux et même les chaleurs excessives en été.
Un grand nombre d'espèces doit commencer à construire le nid alors que les feuilles des arbres ne sont pas encore sorties. C'est pourquoi elles privilégient souvent les arbres couverts de lierre. C'est particulièrement vrai pour certains rapaces : l'aigle botté par exemple, peu fréquent et donc à soutenir.
Je sais, je sais, certains aiment l'idée de les voir patienter par -15°C sur les fils électriques avec un vent à décorner les bœufs. Mais bon, là, je ne peux plus rien pour eux, c'est sans espoir !

5 - Ses feuilles persistantes permettent au lierre de créer un masque visuel même en hiver dans une haie.
Il s'agit d'une opportunité avantageuse pour remplacer les thuyas qui abritent autant d'animaux que des arbustes en plastique, acidifient le sol et y stérilisent la vie. Le lierre s'avère robuste et sans exigence particulière d'entretien. Voilà comment concilier biodiversité et praticité. Si vous êtes fainéant, cette fois-ci, allez-y, manifestez-vous, cet argument, vous pouvez l'accepter sans honte !

6 - On peut l'utiliser comme plante couvre-sol.
En tant que plante autochtone un peu partout en France (et au-delà), elle est parfaitement adaptée à nos climats et sols. Elle se stabilisera donc aisément pour peu que vous n'apparteniez pas à cette catégorie de maniaques du rotofil qui ratiboisent l'herbe jusqu'à entamer les premières couches de terre. En relevant un peu la hauteur de coupe, non seulement vous épargnerez votre matériel mais en plus, le lierre vous aidera à lutter contre l'érosion, en particulier sur un talus. Si c'est pas merveilleux...

7 - Et enfin, cerise sur le gâteau, argument massue herculéenne, summum himalayen, le lierre est une plante que l'on peut bouturer aisément !!
Partagez-vous mon enthousiasme ? Non ? Hum ! Je ressens les ondes brouillées de cerveaux plongés dans quelque abîme de perplexité...
En gros, cela signifie que primo : même les pires jardiniers de balcon ont toutes leurs chances de le faire repousser (la preuve, j'y suis arrivé !) en pot ou en pleine terre. Secundo : la ressource est gratuite et ultra commune. Et je vous promets que personne ne vous dénoncera si vous prélevez seulement quelques-uns des plus jeunes rameaux !

A suivre...



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