lundi 29 décembre 2014

Croquis'toire - Renard (épisode 2)

Vous l'attendiez (ou pas, d'ailleurs...) : voici la suite du renard esquissé dans l'article de la semaine dernière.

Partie 2 : les premières touches de couleur


















Là encore, rien de très compliqué, me direz-vous. Ce sont juste deux ou trois coups de pinceau destinés à donner du relief (notez la partie plus sombre à l'arrière de la bête).



















A tantôt pour la suite !

  Olivier

dimanche 21 décembre 2014

Croquis'toire - Renard (épisode 1)

Aujourd'hui, je vous propose de vous raconter l'histoire d'un nouveau dessin.

Tout a commencé quand j'ai découvert le nouveau fond d'écran de mon copain Bruno, que j'ai trouvé très beau :





















Aussitôt dit, aussitôt fait (car Bruno est un homme aimable et généreux) : le mail et la photo qui l'accompagne arrivent promptement dans ma boite aux lettres, et je m'empresse de saisir ma tablette graphique.

Voici donc le premier épisode du dessin. Un dessin que vous allez voir apparaître au fil du temps parce que j'aime bien faire durer le suspense.

Partie 1 : le crayonné :


















Alors c'est vrai, c'est plutôt léger. D'aucuns pourraient même déclarer que je ne me suis pas foulé. Mais armez-vous de patience. La suite arrive... bientôt.


  Olivier

jeudi 4 décembre 2014

Un coin de banlieue sans histoire... 5


Un coin de banlieue sans histoire 1
Un coin de banlieue sans histoire 2
Un coin de banlieue sans histoire 3
Un coin de banlieue sans histoire 4

Tronçonnator venait de comprendre. L'absurdité de sa mission. Dangereuse, inutile, coûteuse, terriblement néfaste et destructrice...

La prise de conscience pesa sur ses épaules comme une chape de plomb. Ses jambes chancelantes firent défaut et il chut. Comme pour lui offrir un soutien reconnaissant, l'arbre du coin se trouva juste là pour le laisser glisser en douceur le long de son tronc.

Assis à même le trottoir, au pied de son géant bienfaiteur tout heureux de ne plus recevoir sa dose habituelle de poison, Tronçonnator fit ce qu'il n'aurait jamais dû avoir à réaliser. D'un geste lent mais assuré par l'acuité et la logique de son raisonnement, il ôta son masque. Il ne le remettrait plus.

Soulagé, apaisé, serein, il laissa vagabonder son esprit réconforté. Qui sait combien de temps, il resta ainsi, la tête renversée contre l'écorce, à savourer son choix résolu.
Il renia son surnom effrayant. Tronçonnator n'était plus.

Soudain, une voix inquiète le ramena dans la réalité :
"Bonjour Monsieur ! Tout va bien ? Je suis le père de l'un des enfants qui jouaient dans la rue. Il paraît que cela fait 10 mn que vous êtes assis là, presque sur la route avec tout votre matériel de jardinage éparpillé autour de vous."

Il se releva et scruta le père attentivement comme l'alpiniste la montagne qu'il s'apprête à gravir. Puis, avec un grand sourire, il lança, goguenard :
"Bonjour, je m'appelle Jacques Lafleur. Je vais très bien et je vais vous convaincre qu'il ne s'agit pas là de matériel de jardinage."

Jacques fut quelque peu emporté par le sentiment de libération qu'il ressentait. Toute cette frustration liée à un travail mené depuis de longues années en dépit du bon sens se solda par l'expulsion d'un flot de paroles :
"Je ne dis pas qu'il n'y a aucun entretien à faire. Mais pas partout ! Qu'est-ce que ça peut faire qu'il y ait de l'herbe au pied des arbres ? C'est grave ? Ça va changer votre vie ? Et de petits insectes comme les gendarmes qui se nourrissent de petits débris organiques, ça vous pose un problème ? Vous croyez pas qu'il y a des choses plus graves dans la vie ?
Un pissenlit dans une fissure du trottoir ou même sur une allée du cimetière, c'est une insulte ? Non, c'est merveilleux de voir que la vie reprend le dessus ! C'est un signe d'espoir !
Des herbes hautes sur une partie d'un grand parc public, c'est intolérable ? Faut tout ratiboiser ? Tous les 15 jours, passer la tondeuse, partout, tout le temps, même sur des talus où personne ne va ? Vous pique-niquez souvent au bord de la route ?
En plus, vous savez quoi ? Entretenir une ville de façon non écologique, ça coûte très cher ! Protéger la biodiversité, c'est économique ! Et oui, personne ne vous l'a dit. J'ai passé ma vie à tondre plus que de raison des espaces que personne n'utilisait. On m'a payé 30 ans pour que je répande des poisons de plus en plus chers. Pour que je tonde tout comme un terrain de foot. Vous n'auriez pas  préféré des places en crèche supplémentaires plutôt que le fait de s'acharner sur quelques malheureuses pâquerettes ?"

Le père, désarçonné par l'aplomb et la vivacité de celui qu'il croyait en perdition, ne put esquiver la suite des propos d'un Jacques redevenu enthousiaste par son engagement sur la voie de la sagesse. Celui-ci exposa sa nouvelle vision de l'entretien des espaces verts, beaucoup plus douce et saine. Outre l'orientation forcément plus écologique, son propos était désormais empreint de bon sens et de vérité ; il lui était bien plus facile de développer une argumentation cohérente de bout en bout. Plus besoin de baratiner voire de mentir pour masquer certains faits gênants comme il le faisait jadis quand on lui demandait conseil sur l'usage des produits chimiques.
Terminées, désormais, les solutions pseudo-miraculeuses toutes préconçues en laboratoires pétrochimiques qui se bornaient à appliquer tel produit pour tel problème, réduisant les hommes à de simples machines à appliquer. Un peu comme l'abus des tranquillisants qui ne traite en rien la cause première des maux d'humains soumis à tous les stress imaginables.
Il parlerait désormais de vrai jardinage. De celui qui fait appel aux compétences, à l'intelligence et à la créativité mais aussi à l'émotion et au respect de la nature.

Les enfants furent les premiers à réagir :
"Mais moi, j'aime bien les pissenlits sur le trottoirs ! I'sont beaux !"
"Oui et puis, y'a aussi les fourmis qui sont mignones ! Regardez, sur le tronc, là !"

Le père, en empathie avec Jacques, chercha à savoir ce qu'il pouvait faire :
"Vous savez, moi, la nature et le jardin, j'y connais pas grand chose. Qu'est ce qu'on peut faire pour vous aider à améliorer les choses sur la commune ?"

Jacques se rendit compte qu'il attendait cette question depuis longtemps. Il se précipita encore pour répondre :
"Eh bien, allez voir vos responsables communaux et dites leur qu'ils seront réélus même s'ils consentent à l'arrêt cette gestion absurde et coûteuse. Ne râlez plus parce que de petites plantes sauvages poussent un peu par-ci, par-là. Tolérez le sauvage en ville. 
Dites leur qu'éradiquer les petites Véroniques n'est pas la priorité ! S'ils n'entendent rien, eh bien, ma foi, votez pour d'autres. Ou présentez-vous, ou investissez-vous dans une association. Au moins, parlez-en autour de vous, vous verrez, il y a du boulot !
Mais surtout, appliquez déjà cette nouvelle gestion chez vous, si vous avez la chance d'avoir un jardin ou même des jardinières.
Si vous arrivez à convaincre vos amis, vos proches, vos collègues, vos élus, d'autres personnes pourront tomber le masque comme moi."

Et les enfants de trépigner :
"Oui, nous, on veut que t'arrêtes de mettre du poison partout et que tu puisses enlever ta combinaison et ton masque ! Mais dis, c'est quoi les Véroniques ?"

Jacques se dit que c'était gagné pour ces petits d'hommes. Béat, il leur confia :
"Il y a un endroit où je n'ai jamais eu le temps de les faire disparaître. Venez, je vais vous montrer."


Guillaume


Dessin d'Olivier