mercredi 25 novembre 2015

J'ai toujours préféré les monstres... bonus 1



Z'aviez pas eu le dessin habituel, la dernière fois. Ça vous a pas trop embêté, non, hein, des fois ? Mais dites moi si je dérange ! J'te jure... Faut que je râle à votre place ! Pfff ! Je fais tout le boulot !

Bon alors voilà. Un tout frais, tout neuf mais faudra pas vous plaindre s'il y a des traces de l'esquisse au crayon, si une erreur de raccourci de la patte avant droite accroche l’œil. Je l'ai quand même fait exprès pour vous. C'est pas un vieux crobard de derrière les fagots recyclé pour l'occasion. Alors en effet, je me suis contenté d'à peine plus que le premier jet sans chercher à retoucher.
C'est un peu comme les premières études que l'on fait pour se dérouiller les mains en vue du grand œuvre. Sauf que de grand œuvre, il ne sera pas question par manque de talent (mon cher Charlie, spéciale pour toi !) et de feu sacré. Oooh ! Mais c'est trop nul !!! Quel manque d'ambition !
Et oui, c'est comme ça.

Sinon, j'ai un faible pour cette charmante micro abomination. Avec ses deux petits yeux de jade empreints d'une touchante innocence et son si petit corps, tout rond, Leiobunum rotundum fait chavirer mon cœur à l'instar d'un philtre d'amour composé d'ingrédients improbables subtilement dosés. Par un contraste radical, les éléments les plus repoussants projettent en avant ce regard fragile et émouvant.

Un peu comme ma fille et son doudou : baveux, puant et plein de microbes pathogènes de la plus haute virulence. Mais quand elle le tient dans ses dents, je ne résiste pas au câlin.

Guillaume.




samedi 7 novembre 2015

Recette de saison - rappel.

Je sais pas si vous avez pu tester mais la saison s'y prêtera bientôt...

Recette.


dimanche 1 novembre 2015

J'ai toujours préféré les monstres...



J'ai toujours préféré les monstres.
Gamin, mon cerveau se ramollissait devant des dessins animés navrants de bêtise et de niaiserie.

Vous vous souvenez de la série de dessins animés "les Maîtres de l'Univers" et notamment de son héros Musclor ? Non ? Alors, imaginez l'une des fillettes des triplés (la BD) soumise aux tests atroces d'un savant aussi détraqué que plénipotentiaire. Empalée sur des seringues géantes de stéroïdes et d'anabolisants pour cétacés, la masse musculaire de la pauvrette aurait fini par se boursouffler en tous sens et dans la plus grande anarchie au point de produire des muscles énormes encore inconnus des chercheurs en anatomie. Si, si, j'ai vérifié, j'avais la figurine. J'étais abruti jusqu'au bout.
Seul vestige de sa candeur passée, le carré court impeccable et mignon tout plein avec sa frange de première communion.
Bref, le héros tartignole le plus grotesque qui soit. Et pour enfoncer le pieu, on l'avait doté d'une épée magique absolument irrésistible qui permettait à des pseudo scénaristes indignes de piétiner méticuleusement toute ébauche d'intrigue, si mince soit elle.

Je ne vous parle même pas des méchants, crétins comme des manches à balais, vaniteux, et surtout, ne doutant de rien ni personne malgré une infinie succession d'échec cuisants enchaînée à un rythme proche de l'idéal stakhanoviste.
Quoique, si, je vous en parle. Parce qu'ils avaient pour eux quelques atouts. Leur diversité de formes et de visages, leur incongruité subtilement dosée, leur laideur fascinante et désuète. En dépit d'un style "plus kitsch, tu meurs" grand guignolesque, un attrait naissait de cette galerie de tronches, impayables sources d'originalité, de fraîcheur et de renouveau. Sans quoi, la routine et l'ennui aurait fini par l'emporter.
Finalement, j'ai fini par préférer les figurines de ces monstres au point que Musclor a fini en vraie tête de turc subissant tous les supplices : noyades, drops de rugby, séjour sous les crocs du chien, caresses au chalumeau, etc.

Bon d'accord, j'en rajoute toujours des tonnes mais je vous promets que Skeletor, Dentos ou Océanor lui ont distribué une dose pléthorique de gros pains dans la gueule.

Donc, j'ai dû me rendre à l'évidence, j'aimais ces monstres à l'encontre de la logique voulue par leurs concepteurs. J'y étais même accro. Et j'en voulais toujours plus. Au point que j'ai dû en dessiner moi-même, de plus en plus (un jour, je ferai peut-être un blog là-dessus). Aujourd'hui encore, j'en gribouille instinctivement comme un chanteur fait ses vocalises.

Ma passion pour la nature s'est développée pour plusieurs raisons impossibles à évoquer ici sans risquer de glisser sur la pente savonneuse des digressions interminables (qui menacent toujours d'envahir ce blog contre notre - votre ? - volonté). Mais l'une d'entre elle découle tout droit de ce besoin de nourrir mon imaginaire de cette diversité d’étrangetés, de surprises. Comprendre que la réalité naturelle peut vous surprendre chaque jour par la richesse de ses formes extravagantes me fascine et me stimule. Je suis accro à la diversité !!
J'ai passé des heures à tenter de la réinventer par le dessin avant de progressivement me rendre compte que tout existait déjà dans la nature. D'aucuns se nourrissent en étudiant les civilisations, les gastronomies, les cultures. Moi, c'est surtout les plantes, les lichens, les bêtes... Et quoi de plus déconcertant et changeant que les arthropodes avec leurs pattes surnuméraires, leur squelette externe cuirassé, leurs antennes, leurs yeux composés... Il sont tellement différents de nous, les humains, que nous en oublierions presque que ce sont aussi des animaux.

C'est un bien malheureux constat que celui-ci mais il semblerait qu'un pan imposant de nos sociétés semble se méfier de la diversité. Cette vieille antienne, rengaine nauséabonde qui voudrait que ce qui est différent de soi est à redouter. Et je crois bien que les insectes sont victimes de préjugés finalement assez analogues à ceux, certes affligeants, qui affectent les homosexuels, ceux qui ne croient pas au même dieu que soi, qui n'y croient pas du tout, ceux qui n'ont pas la même couleur de peau, qui ont un accent bizarre, qui ne pensent pas comme soi, qui aiment le hard rock, qui mangent du camembert au petit déjeuner avec le café, qui courent après des papillons avec leur filet, qui ont toujours un épi dans les cheveux, qui n'ont pas les chaussettes de la même couleur...
Bref, de la belle grosse méga-connerie en béton armé plaqué or 36 carats qui nous pourrit la vie depuis des millénaires.


Je sens que mon propos part en sucette alors je vais conclure.
Mais avant,  je tiens fort logiquement à remercier les concepteurs de ce gros naze bodybuildé pour midinettes qu'est Musclor grâce auquel j'ai été indirectement amené à adorer le monde des monstres miniatures.

Pour l'obligatoire iconographie, je vous ai choisi un opilion (Phalangium opilio) qui n'est pas tout à fait une araignée ("Peut-on faire pire ?!!", crie la foule hostile). Une bestiole déjà moche de loin, alors je vous raconte pas de près : ...

horriblement belle, superbement immonde, carrément SUBLIME !!

Z'y feriez pas un p'tit bisou, non, des fois ?

Guillaume.