jeudi 20 mai 2010

Changer de regard...


Premier coup d'œil, première réaction, classique. Guêpe/mauvaise herbe. Vilaine bestiole! Sale plante! Forcément!!
Si c'est ce que vous vous êtes dit, bah, c'est normal. On ne veut, on ne peut pas vous accabler. Le message visuel était pourtant clair. C'est que nous sommes presque formatés pour interpréter ainsi ce qui se veut une alerte. Jaune, noir, jaune, noir, jaune... L'alternance fatale synonyme de danger, d'incitation à la prudence ou suscitant une forte interpellation. C'est gravé dans notre mémoire héréditaire. Tel un caractère inné, un réflexe vital de base: attention!
Et pourtant ! Vous m'avez vu arriver avec mes gros sabots ! Tout faux, forcément (pardon, pour ceux qui s'impatientent surtout s'ils tirent déjà la quintessence de l'image)...
Et les grandes antennes coudées alors? Où sont-elles? Nulle part! Ce n'est donc pas une vilaine guêpe. Et encore faudrait-il organiser un procès équitable en faveur de ces insectes malaimés. Le verdict serait surement beaucoup plus nuancé. Mais c'est une autre histoire...
Notre bestiole est un diptère, plus spécifiquement la Syrphus ribesii en latin scientifique idoine.
La rusée bestiole tente, certes de fourbe manière, de susciter la crainte en empruntant la célèbre tenue effrayante que l'on affublait même de force à certains frères bandits du grand Ouest américain pourchassés sans relâche par l'homme plus rapide que son ombre. Mais l'habit ne fait pas la guêpe et cette syrphe se révèle paisible butineuse, alliée incontestable de l'homme pour la pollinisation de fleurs sauvages ou cultivées. Mieux, les larves de cette trop modeste bestiole s'attaquent aux pucerons avec une avidité sans faille. Un peu plus et on l'aplatissait sans un tressaillement de sourcil, sans l'once d'une amorce de pseudo-remord potentiel.

Mais me direz-vous, la belle (car oui, osons désormais reconnaître que la fatale alternance bariolée possède un charme certain si l'on se débarrasse de préjugés psychologiques encombrants et paralysants) butine une fleur sauvage ! Elle va permettre la multiplication d'une mauvaise herbe que nous nous efforçons d'éradiquer comme tout le monde le ferait logiquement.

La plante est pourtant un comestible réputé : le panais. Fort appréciée par votre rédacteur et par les anglais (il faut bien leur reconnaître quelques qualités). Ses qualités esthétiques sont même recherchées par nombre de jardiniers : la famille du panais autrefois poétiquement nommée "ombellifères" comporte les fameux carvi, fenouil, aneth, etc.

Quand on ajoute à cela que le terme males-herbes signifiant à l'origine herbes aux maux (plantes médicinales) a été mal transcrit pour donner celui de "mauvaises herbes". Que ces males-herbes foisonnent littéralement tout autour de nous à condition que l'on ne les arrache pas, qu'on ne les éclabousse pas de produits chimiques, etc.
Eh bien, on se retrouve cerné par une foule de plantes bienfaitrices, elle-mêmes assaillies par une nuée de créatures utilissimes.

Maintenant, vous savez...

Guillaume

1 commentaire:

  1. Bonjour,
    Voilà un blog où on va "bouffer" de la nature, avec belles illustrations en vue !
    Amicalement,
    Christian

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