lundi 18 octobre 2010

Auprès de ma Berce, qu'il fait bon, fait bon, fait bon... 3ème partie.

ACTE I, SCENE I:

Le rédacteur sentencieux : « La vie sur les Berces n'est pas un long fleuve tranquille et la mort se tapit souvent en embuscade parmi leurs blanches fleurs à la pureté cruellement trompeuse. Loin de chercher les sombres recoins, les voiles d’ombres portées déroutantes, elle frappe au grand jour, par une implacable attaque puissamment illuminée, n’épargnant aucun détail. Son nom : Thomise ! »

Le lecteur s’esclaffant : « Hein ? Quoi ? Denise ? Mais quel nom ridicule ! La mort s’appelle Denise ! Je suffoque de rire ! ».

Le rédacteur consterné : « Mais non ! Thomise ! Avec un T, un H, un O et un M ! C’est beaucoup plus effrayant ! C’est une araignée crabe qui capture des proies parfois beaucoup grosses qu’elle : guêpes, abeilles, coléoptères, tout y passe ! Son efficacité est surprenante ! Mais bon, là, l’effet est retombé comme un soufflet ! Magnifique ! Merci ! Espérons au moins que les gens auront moins peur de ces pauvres araignées si utiles pour réguler les populations d’arthropodes.»

Le lecteur perplexe : « Mouais, bof…De toutes les façons, les araignées ne sont pas réputées pour être des reines de beauté, difficile de les apprécier malgré les services rendus ».

Le rédacteur remonté : « Que nenni ! Certaines de ces araignées sont souvent camouflées en ayant la même couleur que la fleur sur laquelle elles attendent. On en trouve ainsi des jaunes citrons, des vertes, des pas mûres, des blanches, des brunes, des blondes et même des roses. La mort en rose, cela ne vous sied-il toujours pas? »

Le lecteur songeur : « Mmmh, alors, va pour la mort en rose… »

Le rédacteur revigoré : « Bien ! Bien ! Permettez moi-donc de vous la présenter. Il me faut pour cela procéder à quelque licence. M'autorisez-vous? »

Le lecteur lassé des manières : « Certes, oui. Mais allez au fait ! »

Le rédacteur obséquieux : « Je dois pour cela faire un écart à la procédure. La créature qui nous intéresse n'est point postée sur une Berce. Mais sur un chardon ! »

Le lecteur enragé: « AH! Non, parbleu ! D'abord d'horribles araignées en costumes roses puis d'infâmes chardons ! Non mais qui voulez-vous intéresser ? Avez-vous perdu la raison ? »

Le rédacteur tourmenté : « Mais bon sang ! De quelle infamie parlez-vous? L'araignée tire sa beauté de celle de la plante, en quelque sorte. Regardez-y mieux avant de juger. Et la bête et la fleur. »




Le lecteur désarçonné : « Oh ! La belle ! Oh! Quelle élégance ! Je n'en crois pas mes yeux... »

Le rédacteur apaisé : « En effet. Mais ne vous y trompez pas. Toute guêpe de passage sera promptement paralysée et digérée. Quant à sa couleur, nulle guêpe n'a témoigné : on ne sait si elle rend la mort plus douce. »


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