lundi 9 janvier 2017

Faut-il nourrir les animaux en hiver ? - 3ème partie, les principes.


Dans les deux cas mentionnés dans le précédent article, vous serez amenés à nourrir la faune. Il vous faut alors retenir quelques principes :

1. Evitez le pain (ou alors exceptionnellement !). Il est particulièrement à proscrire pour les oiseaux d'eau : canards colverts, oies bernaches du Canada et cygnes tuberculés. Houlà !! Je ne vais pas me faire des amis, là ! Tout d'abord, ces trois espèces ont déjà été fortement favorisées par l'homme, chacune ayant été plus ou moins domestiquée. Elles peuvent proliférer comme les bernaches du Canada et parfois les cygnes tuberculés puis entrer en compétition avec d'autres oiseaux d'eau nécessitant, eux, une réelle protection. La question même de nourrir ces oiseaux se pose...
Mais si l'on y tient, il faut savoir que le pain qui se mouille avant ingestion a tendance à fermenter dans leur système digestif entrainant des troubles de santé (qui ne nous sont pas forcément perceptibles, la difficulté est là).
En outre et c'est alors valable pour tous les animaux, le pain apporté de façon régulière peut être comparé à une alimentation de type fast-food : tout à la fois trop riche et déséquilibrée. Pas bon pour l'espérance de vie !!

2. Préférez les graines et fruits au pain. Beaucoup d'animaux sont granivores, d'autres le sont en partie ou occasionnellement. Quoiqu'il en soit une graine renferme un cocktail énergisant mais aussi très complet et équilibré. C'est beaucoup plus sain pour les animaux à long terme.
Vous pouvez choisir des graines de céréales cultivées mais aussi et pourquoi pas, encore une fois, des graines de fleurs des champs très prisées puisque parfaitement adaptées. Amusez-vous à en récolter au fil de vos promenades resemez-en quelques unes dans les jardinières ou ailleurs.
De la même façon, des trognons de pomme, poire et bien d'autres restes de fruits seront très appréciés et légitimes. Offrez-aussi ceux qui sont un peu vieux ou gâtés. Ils ne rendront pas les animaux malades. Ces derniers adorent d'ailleurs souvent attendre que certains fruits sauvages soient devenus blets pour les consommer (cynorhodons des rosiers sauvages, nèfles, etc...).

3. Privilégiez des graines issues de l'agriculture bio si vous achetez des céréales. Puisque que les produits chimiques (appelons-les biocides !) constituent un autre facteur largement responsable de l'érosion de biodiversité en causant la mort de monceaux d'êtres vivants chaque seconde qui passe, pourquoi donc les nourririons-nous avec des graines en contenant ? Et malheureusement, le standard agricole actuel implique l'usage de biocides. En gros, si rien n'est précisé sur un emballage de graines, c'est très probablement qu'elles ont été éclaboussées de produits peu recommandables. Donc, pour être sûr de votre achat, prenez du bio.

4. Fournissez de la matière grasse. L'apport calorique du gras qui torture tant nos esprits occidentaux par ses conséquences sur nos silhouettes s'avère vital pour les animaux sauvages. Eux, ne peuvent pas se soustraire aux rigueurs du froid et il leur faut consommer beaucoup d'énergie pour maintenir leur température interne constante. Avaler un aliment aussi riche est une véritable aubaine pour eux au cœur de l'hiver.

5. Fournissez de l'eau non gelée. Là aussi, certains jours, c'est chose ardue d'en trouver dans la nature. Des animaux variés vous remercieront et viendront en profiter comme aux mangeoires laissant augurer de fameux spectacles.

6. Évitez de nourrir en été. C'est un moment de l'année où il y a des ressources en plus grande quantité et les animaux doivent en profiter pour apprendre à se nourrir de façon autonome. Leur survie en dépendra quand ils se retrouveront seuls dans la froidure et sans vous. Parce qu'ils auront pu voyager et que vous ne serez pas partout !!

7. Si vos commencez, n'arrêtez pas en hiver ! Mettez-vous à la place d'une mésange. Elle a tôt fait de s'habituer à votre cruciale pitance. Elle modifie son comportement et ses déplacements en fonction de cet apport et bâtit une stratégie de survie autour. Si par mégarde, vous oubliez d'abonder en ressources, elle s'en trouvera probablement perturbée et déroutée. Le plan B, n'existe pas toujours...
Puis, dès le début du printemps, réduisez petit à petit les apports journaliers jusqu'à les arrêter.

La solution idéale ressemble donc à une boule de graisse (beurre un peu rance ou autre matière grasse un peu passée) roulée dans des graines à proximité d'eau tiédie de temps en temps, le tout sans interruption en hiver.
Si vous êtes un passionné d'oiseaux, mieux vaut suspendre à bonne hauteur les boules dans des filets pour éviter une sur-prédation (par les chats, notamment).

Concernant la viande... Je crois qu'il y a un moment où il ne faut pas trop exagérer... Si nourrir la faune sauvage n'est qu'une solution de transition ou de complément, comme nous l'avons expliqué ci-avant, il ne semble alors pas raisonnable de donner un aliment aussi cher et dont beaucoup d'hommes manquent. Ou alors, à titre exceptionnel, des restes périmés évidemment...
De plus, cela pourrait attirer en quantité des rats qui ne sont pas du tout en voie de disparition, c'est un euphémisme. Mais faut-il en rire ou en pleurer, on constate souvent que les hérissons viennent finir les restes des croquettes dans les gamelles de chiens laissées dehors...
Mieux vaut les laisser vous débarrasser des limaces et escargots !

Moins légitime est le nourrissage des sangliers en forêt ou à la campagne. On le fait souvent pour les attirer loin des cultures (c'est du moins ce qu'on prétend) mais en hiver, cela permet à des jeunes de résister plus facilement. Cette moindre mortalité hivernale va accentuer une caractéristique utilisée pour justifier la chasse : la surpopulation. Je ne suis pas contre la chasse a priori mais dans ce cas précis, autant ne pas les nourrir ; si c'est pour mieux les tirer après...

Nourrir les animaux sauvages s'avère être une action souvent judicieuse mais qui se doit d'être réfléchie. Nul besoin de pondre un traité de 7 tomes chaque automne. Il faut juste se dire que dans certains cas, cela ne va peut-être pas de soi. Et que cela ne se fait pas n'importe comment.

Écrire un article, c'est du boulot ! Ça creuse, vous savez ? Tiens, j'me casserais bien une petite graine, moi...
Hum ! Mouais, bof... Désolé.

2 commentaires:

  1. Excellent cet article, surtout pour ceux qui débutent dans cette noble attention envers nos amis les oiseaux.
    Je donnerais juste un conseil de plus : se limiter un peu en terme de nombre de mangeoire. ex : je me suis fait prendre au "jeux" avec 6 mangeoires sur 450 m2. Résultat 30kg de tournesol en 6 semaines ! Une certaine astreinte tous les soirs pour ne pas laisser les oiseaux sans nourriture.

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  2. Merci pour ton commentaire, Gilles. En plus, il est très judicieux. Protéger la nature passe par un principe applicable en d'autres circonstances : "faire simple" ! Il faut accepter de ne pas trop en faire. Et ça tombe bien concernant le nourrissage car mettre trop de graines devient, en effet, une contrainte pour nous et crée un biais pervers pour les animaux qui s'habituent à cet apport.

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