dimanche 16 septembre 2012

Balade en zone humide


C'est vrai, nous le reconnaissons, nous avons peu posté cet été. Ce n'est pas l'envie qui nous en manquait, mais plutôt le temps... Oui, même si c'est pour nous un véritable plaisir de déballer nos loufoqueries sur ce blog, ça prend quand même un peu de temps. Notamment pour les dessins... Mais cet été, on m'a offert un carnet de croquis que j'emmène désormais toujours avec moi. Et quand l'occasion se présente, hop ! Un crobard de gagné !
Celui-ci a été réalisé à l'occasion d'une soirée entre amis sur un marais qui constitue ni plus ni moins qu'un "hot-spot" régional de biodiversité. Pendant qu'ils zieutaient dans leurs jumelles et leurs longues-vues, j'ai sorti mon carnet et mon crayon et j'ai commencé à croquer la scène que j'avais sous les yeux. Je l'ai coloriée tranquillement à la maison, à l'aide de ma tablette graphique.

Les "zones humides" comme ce marais revêtent une importance considérable pour la biodiversité et pourtant, elles figurent parmi les milieux naturels les plus menacés de disparition dans le monde. Ce n'est pas pour rien qu'elles sont protégées par une convention internationale signée en 1971 à Ramsar (Iran).
En France, un rapport signé par le sénateur Paul Bernard en 1994 a montré que la surface des zones humides (marais, mares et étangs, tourbières, zones d'expansion de crues des cours d'eau, etc.) avait diminué de moitié entre 1940 et 1990, sous l'effet des politiques publiques. 50 % ! Alors qu'elles sont reconnues par tous les naturalistes comme les milieux les plus riches en matière de patrimoine naturel. A titre d'exemple, ces écosystèmes abriteraient 30 % des espèces végétales remarquables et/ou menacées, et auraient un rôle important dans la biologie de 50 % des espèces d'oiseaux.
S'il ne s'agissait que de petites fleurs et de petits zoziaux, ce ne serait pas vraiment perçu comme un problème par tous (malheureusement !) mais il faut aussi souligner que l'intérêt des zones humides va bien au delà du simple plaisir des yeux et des oreilles pour une poignée d'amateurs de nature : ces milieux fournissent avant tout d'importants services à l'ensemble de la population humaine. Jugez plutôt :
- épuration de l'eau par les hélophytes (comme les roseaux et les massettes ; on estime que cette propriété épuratrice permettrait une économie de traitement de l'eau potable à hauteur de 2000 euros/ha/an),
- écrétage des crues. Les zones humides fonctionnent exactement comme des éponges : elles absorbent l'eau quand il y en a trop, et elles la relarguent en période de sécheresse... Bye-bye les inondations !
- absorption de CO2, puits de chaleur,
- lieux de promenade, d'observation de la nature, de bien-être, d'activités récréatives comme la pêche...
... et ce, sur 5,5 % du territoire métropolitain !

Et malgré ça, ces milieux continuent de se réduire comme peau de chagrin sous l'effet des activités humaines : pollutions agricoles ou utilisation comme décharges publiques, remblaiement, drainage et mise en culture, urbanisation en zone inondable, plantation de peupleraies (les peupliers sont des arbres qui consomment beaucoup d'eau et qui sont donc utilisés pour assécher les zones humides), atterrissement et comblement naturel, prélèvements abusifs (industrie, eau potable, agriculture), j'en passe et des meilleures. Bref, il est urgent de faire changer les mentalités avant que ces écosystèmes et leurs fonctions ne soient irrémédiablement perdues.Si ce blog peut contribuer ne serait-ce qu'un peu à la sensibilisation de tous les acteurs du territoire, nous n'aurons pas tout perdu !

Cette morale vaut bien un dessin, sans doute.

Olivier

3 commentaires:

  1. Bonjour Olivier,
    Bravo pour votre très bon article sur les zones humides et votre charmante illustration.
    A Monjay-la-Tour (77), il existe une mare (en face du camping) qui, bien que dimension réduite, présentait une intéressante diversité végétale (rubaniers, jonc des tonneliers, Carex.....). Accessible facilement en voiture, elle avait été souillée par de nombreux déchets comme pneu, bouteilles plastiques...Elle a heureusement été nettoyée puis isolée par des barrières. Cependant, il y a quelques années, un terrain de sport a été aménagé non loin et depuis nous avons vu la mare s'assécher et s'appauvrir; un exemple parmi tant d'autres....
    M.D.

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  2. Eh oui, malheureusement, il y a encore du travail pour que les mares et autres zones humides soient reconnues comme le véritable patrimoine qu'elles constituent...
    Merci pour votre commentaire et à bientôt !

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  3. bonjour Guillaume! sympa ton message suite au stage! je me suis inscrite sur ton blog qui est une vraie mine d'or! Octobre est un peu speed mais j'y reviendrai ensuite avec beaucoup d'attention en tous cas bravo!!!

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