jeudi 3 mars 2011

L'acte le plus efficace en faveur de la nature - Plantes sauvages locales - acte 1

Le temps est venu. L'heure de la grande révélation.

D'aucuns rétorqueront que j'aurais dû commencer par là : asséner  ce que nous considérons comme le principe essentiel et primordial de toute personne désirant sérieusement protéger la biodiversité. Je reconnais qu'ils n'ont pas tort. Tel un fil conducteur, une épine dorsale, cela aurait structuré et éclairé notre discours rigolard, foutraque et un brin désordonné.
Seulement, à qui donc cette information cruciale aurait-elle servi? Durant les premiers mois de son existence, notre blog n'avait qu'un public maigrelet composé de très proches contraints sous les plus abjectes tortures de le visiter.
Maintenant que la gloire absolue nous interdit d'évoluer dans la rue sans que des fans transis n'arrachent nos vêtements, nous pouvons lâcher l'information.
Bon. Alors voilà. L'acte le plus important pour protéger la biodiversité, c'est de favoriser les plantes sauvages locales... Hum! Eh ben, oui ! Je le savais ! J'ai bien essayé de monter la mayonnaise mais je vous vois consternés... Vous vous attendiez à quelque chose de plus fracassant, de plus glamour peut-être ? Une révélation mystique ? Ben non, désolé, voilà notre vérité. Efficace car simple. Une porte ouverte défoncée au canon de 75 mm par un obus chargé au bon sens.

Maintenant, arrêtons les circonvolutions superfétatoires et laissons parler quelques chiffres (source : voir en bas de page) :
EssencesNombre d'espèces d'insectesEssencesNombre d'espèces d'insectes
Chêne+ de 1000Aubépine150
Saule 260Frêne40
Bouleau230Charme30
Sorbier30Tilleul30
Noisetier70Hêtre60
Tremble100Orme80
Aulne90


Le tableau ci-dessus présente quelques végétaux sauvages locaux et le nombre d'espèces d'insectes qui peuvent se nourrir sur chacun.  Il s'agit en général des phases larvaires : par exemple, on dénombre jusqu'à 600 espèces de chenilles de papillons grignotant différentes parties des chênes sauvages. Certaines d'entre elles sont spécifiquement liées à une essence donnée et ne peuvent pas manger autre chose, d'autres sont plus généralistes et se coltinent aussi la chlorophylle ou la sève d'autres plantes.

Mais vue la quantité des insectes nourris (et même avec une légère et probable approximation des chiffres), il apparait évident que les espèces sauvages locales sont des démultiplicatrices de biodiversité.

Aucune espèce importée ne tient la comparaison. Au mieux, une poignée d'espèces se nourrissent sur les variétés modifiées ou exotiques. Par exemple, seules 2 ou 3 espèces croquent les fameux thuyas. Mais le comble, c'est que malgré leur faible diversité, ces insectes parviennent à anéantir des haies entières illico-presto de ce "béton vert".

De leur côté, les plantes locales, offertes en pâture dans l'indifférence générale à une abondante horde de profiteurs insatiables (parasites, brouteurs, croqueurs, suceurs, une foule de bestioles à poils, à antennes, à plumes, j'en passe et des meilleures !) se portent comme des charmes et résistent à quasi toutes les attaques. Adaptées depuis des siècles, à nos sols, nos climats, elles en ont vu d'autres.
Autonomes, elles se débrouillent toutes seules. Personne ne vient les arroser. Personne ne les « engraisse » artificiellement. Personne ne les soigne, ne les taille, ne les éclabousse de produits chimiques (préférons le terme de « biocides » (qui tuent la vie) plutôt que « phytosanitaires » ou « pesticides »).

Nous voilà en présence d'un système "gagnant-gagnant". Biodiversité et entretien facile.

Là, j'entends votre cerveau formuler : « Bon sang mais c'est bien sûr. Ce sont des plantes locales qu'il me faut dans mon jardin!».

C'est un idée pleine de bon sens que nos aïeux avaient exploitée jusqu'au bout. En effet, ils tiraient une foule d'avantages de ces espèces : pour l'alimentation, en agriculture et jardinage, pour leurs propriétés médicinales, en tant que matériaux de construction (architecture, outillage, etc.), bois de chauffage, etc. La liste est proprement infinie.

Rajoutons que ces variétés sont en général les moins chères même si on ne les trouve pas forcément facilement. C'est logique, le système économique et les normes esthétiques des espaces verts se sont plutôt organisés pour nous vendre des végétaux nécessitant des soins (fragilité, inadaptabilité) ou de l'entretien intensif (taille et tonte suite à une croissance très rapide : thuyas toujours !) moyennant finances...

De toutes les façons, on a encore le droit de récolter les graines et baies dans la nature et de les resemer. Et puis nombre de variétés sauvages se bouturent à partir de morceaux des jeunes rameaux. Le tout, pour le prix d'un grand bol d'air frais.

A vous de jouer. Reconstituez les haies disparues!

Guillaume.

PS : je sais, je suis trop long ! Chacun ses défauts... Il y a encore tant à dire ! A suivre...
PPS : pour cet article, nous=Olivier et moi (ce blog est donc écrit et conçu par 2 personnes). 
PPPS : source du tableau : "Le jardin idéal des bêtes - comment les accueillir", Heidi Rogner, Manfred Rogner, éditions Terre Vivante.
PPPPS : OK, j'arrête.

2 commentaires:

  1. Guillauauauauauauauaume ! Olivieieieieieieieier, désolée les gars, je fais la fan dans la rue...
    Je vous ai fait de la pub sur Face de Bouc !
    Bisous !

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  2. Merci pour la pub Titane !
    Bises et à bientôt !

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